La semaine extrêmement chargée en annonces de prix de cinéma est désormais derrière nous, depuis celle hier des nominations aux Directors Guild Awards, choisis par le syndicat des réalisateurs américain. La 69ème cérémonie de remise de prix aura lieu le samedi 4 février à l’hôtel Beverly Hilton. Comme déjà annoncé fin novembre, le réalisateur anglais Ridley Scott (*1937) recevra le prestigieux prix honorifique de l’association pour l’ensemble de son œuvre. Il n’est que le 34ème lauréat de ce que l’on appelait jadis le David Wark Griffith Award et le septième de ce siècle après Steven Spielberg, Martin Scorsese, Mike Nichols, Clint Eastwood, Norman Jewison et Milos Forman. Scott a été nommé à quatre reprises au prix de la Directors Guild, la dernière fois l’année passée pour Seul sur Mars.
Désormais, vous aurez donc le temps pendant dix jours de peaufiner vos pronostics jusqu’à la date fatidique du mardi 24 janvier, lorsque aura lieu la petite cérémonie matinale de l’annonce des nominations aux Oscars. Quant aux candidats à nos chers César nationaux, ils ne seront dévoilés que le lendemain.
Damien Chazelle pour La la land, sortie française le 25 janvier
La carrière de ce réalisateur américain a réellement commencé avec un coup d’éclat au nom de Whiplash en 2014. Adaptée de son premier court-métrage, cette histoire d’un batteur qui fait tout pour plaire à son chef d’orchestre despotique avait remporté trois Oscars pour le Meilleur acteur dans un second rôle J.K. Simmons, le Meilleur montage et le Meilleur son. Whiplash avait également été nommé en tant que Meilleur Film et avait valu à Damien Chazelle (*1985) une nomination dans la catégorie du Meilleur scénario adapté. Avec son troisième film – parce qu’il avait en fait réalisé son premier en 2009, l’obscure Guy and Madeline on a Park Bench – , le réalisateur monte encore un cran en termes de prestige, puisque le champion historique des Golden Globes (7 récompenses tout de même dimanche dernier !) est naturellement pressenti pour être également le favori aux Oscars. Si Chazelle gagne l’Oscar du Meilleur réalisateur le 26 février prochain, ce qui est au demeurant plus que probable, il sera à 32 ans et un mois le plus jeune réalisateur récompensé de la sorte, détrônant Norman Taurog qui l’avait gagné en 1931 pour Skippy à l’âge de 32 ans et six mois !
Garth Davis pour Lion, sortie française le 22 février
Ce réalisateur de publicités australien a réussi à s’imposer dès son premier long-métrage, qui lui vaut carrément une double nomination aux prix de la Directors Guild, puisque il est également nommé dans la catégorie du Meilleur Premier film. Davis avait reçu une première nomination en 2010 pour le Meilleur clip publicitaire. Avant de s’intéresser au cinéma, il avait fait un crochet par la télévision, où il a été responsable de quatre épisodes de la mini-série à succès « Top of the lake », ce qui lui avait valu une nomination aux Emmies en 2013 aux côtés de Jane Campion.
Barry Jenkins pour Moonlight, sortie française le 1er février
Ce réalisateur américain est lui aussi aux débuts d’une carrière que l’on espère aussi brillante que son deuxième film Moonlight, pour lequel il a déjà gagné les prix du Meilleur réalisateur des plus prestigieuses associations de critiques américaines, à savoir celle de Los Angeles, de New York, la National Society of Film Critics et le National Board of Review. Moonlight vient en plus de décrocher le week-end dernier le Golden Globe du Meilleur Film dramatique. Son premier film Medicine for Melancholy avait fait le tour des festivals américains et avait fait partie de la sélection du festival Entrevues de Belfort en novembre 2008. Barry Jenkins (*1979) n’est que le deuxième réalisateur afro-américain nommé par la Directors Guild dans la catégorie du Meilleur long-métrage, après Lee Daniels nommé en 2010 pour Precious.
Kenneth Lonergan pour Manchester by the Sea
Kenneth Lonergan (*1962) préfère clairement la qualité à la quantité, comme l’atteste sa filmographie très mince, puisque elle ne contient que trois films en seize ans. Le premier, Tu peux compter sur moi, avait été un succès critique en 2000, valant à Lonergan et à Laura Linney leur première nomination à l’Oscar, respectivement pour le Meilleur scénario original et la Meilleure actrice. Responsable par la suite des scénarios de films aussi divers que Les Aventures de Rocky & Bullwinkle de Des McAnuff et Gangs of New York de Martin Scorsese pour lequel il est nommé une deuxième fois à l’Oscar du Meilleur scénario en 2003, Lonergan vit très mal la production et la sortie chaotiques de son deuxième film en tant que réalisateur Margaret. Celui-ci est prêt dès 2007, mais reste quatre années supplémentaires sur les étagères et dans les salles de montage, à cause d’un bras de fer féroce entre Lonergan et le studio Fox Searchlight. La genèse de Manchester by the Sea, produit par Matt Damon et distribué par le studio indépendant d’Amazon, s’est déroulée bien plus harmonieusement et devra au moins valoir à Lonergan l’Oscar du Meilleur scénario original.
Denis Villeneuve pour Premier contact
Après s’être fait un nom dans son pays natal, notamment grâce à des films comme Un 32 août sur terre et Incendies, nommé au César du Meilleur Film étranger en 2012, ce réalisateur canadien traverse la frontière pour tenter sa chance à Hollywood. Denis Villeneuve (*1967) s’y impose rapidement avec des films prenants, tels que Prisoners avec Hugh Jackman, Enemy avec Jake Gyllenhaal et Sicario avec Emily Blunt. Son premier film de science-fiction, Premier contact, qui a déjà rapporté plus de 94 millions de dollars au box-office américain, sera prochainement suivi par son remake de Blade Runner avec Ryan Gosling, qui devrait sortir en France au mois d’octobre.
Enfin, les cinq réalisateurs nommés pour le prix du Meilleur Premier film, créé l’année dernière, sont :
Garth Davis pour Lion, sortie française le 22 février
Kelly Fremon Craig pour The Edge of Seventeen, sans date de sortie en France
Tim Miller pour Deadpool
Nate Parker pour The Birth of a Nation
Dan Trachtenberg pour 10 Cloverfield Lane
