Critique : Neruda

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Neruda

neruda-afficheChili : 2016
Titre original : –
Réalisation : Pablo Larrain
Scénario : Guillermo Calderón
Acteurs : Luis Gnecco, Gael García Bernal, Mercedes Morán
Distribution : Wild Bunch Distribution
Durée : 1h48
Genre : Drame, biopic, policier
Date de sortie : 4 janvier 2017

2.5/5

Après sa trilogie sur la dictature chilienne, constituée de Tony Manero, de Santiago 73, post mortem et de No, et après El Club, le réalisateur chilien Pablo Larrain semble se faire une spécialité de biopics qui ne sont pas vraiment des biopics : 4 semaines avant la sortie en salles de Jackie, consacré à une très courte période de la vie de Jackie Kennedy, voici Neruda, un film qui, lui aussi, ne s’intéresse, sous une forme proche du polar, qu’à une courte période de la vie de son personnage. Ce film a été présenté dans la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2016.

Synopsis :1948, la Guerre Froide s’est propagée jusqu’au Chili. Au Congrès, le sénateur Pablo Neruda critique ouvertement le gouvernement. Le président Videla demande alors sa destitution et confie au redoutable inspecteur Óscar Peluchonneau le soin de procéder à l’arrestation du poète.

Neruda et son épouse, la peintre Delia del Carril, échouent à quitter le pays et sont alors dans l’obligation de se cacher. Il joue avec l’inspecteur, laisse volontairement des indices pour rendre cette traque encore plus dangereuse et plus intime. Dans ce jeu du chat et de la souris, Neruda voit l’occasion de se réinventer et de devenir à la fois un symbole pour la liberté et une légende littéraire

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A la poursuite d’un poète

Loin d’être un biopic du poète et homme politique chilien Pablo Neruda, ce nouveau film du réalisateur chilien Pablo Larrain raconte l’histoire d’une poursuite. En 1946, Pablo Neruda, poète et sénateur communiste, a dirigé la campagne présidentielle victorieuse de Gabriel González Videla, un membre du Parti Radical, allié alors au Parti Communiste. Très vite, ce Président va dévoiler son visage de dictateur et se mettre en tête de se débarrasser des communistes. Le 6 janvier 1948, le poète manifeste son opposition au pouvoir en prononçant un discours au sénat, discours inspiré par le « J’accuse ! » d’Emile Zola. Un mois plus tard, Neruda est radié du sénat et un mandat d’arrêt est lancé contre lui. L’objet du film est de raconter la traque menée par l’inspecteur Oscar Peluchonneau pour arrêter Neruda, un homme qui, malgré le danger, ne prend pas toutes les précautions nécessaires, un homme qui ne peut s’empêcher de continuer ses rencontres avec la gent féminine, un homme qui s’amuse à jouer à cache-cache avec un flic qui arrive systématiquement trop tard. 

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Un homme qui construit sa légende

Dans Neruda, on rencontre un homme en train de construire sa légende, un homme qui prend plaisir à être poursuivi, un homme imbu de lui-même et loin d’être sympathique avec les gens du peuple. Nous voilà bien loin de ce que nous montrait Le facteur de Michael Radford du poète chilien ! Alors, qui dit vrai ? Bien que Pablo Larrain se défende d’avoir songé à prendre au sérieux l’idée de brosser le portrait du poète, il faut admettre qu’il y a probablement une part de vérité dans son film. Toutefois, on se doit aussi de remarquer que l’histoire est racontée par l’inspecteur qui poursuit Neruda, c’est lui qu’on entend en voix off, c’est sa perception de l’homme Neruda qui nous est transmise. En fait, ce qui est le plus gênant, c’est l’abondance de scènes caricaturales qui placent le spectateur devant un véritable dilemme : soit ce qu’on lui montre est proche de la vérité, mais alors ce côté caricatural fait qu’il va refuser d’y croire, soit ce qu’on lui montre est très éloigné de la vérité et n’est là que dans un souci de divertissement, et le spectateur  a toutes les raisons de se sentir floué. Mais après tout, peut-être était ce pour le réalisateur un moyen commode pour se tenir à distance du caractère hagiographique de trop nombreux biopics sans pour autant être accusé d’avoir voulu pourfendre un mythe.

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De No à Neruda

Les deux acteurs principaux de Neruda avaient déjà joué ensemble dans un des précédents films de Pablo Larrain. Luis Gnecco, qui interprète ici le rôle de Neruda, était José Tomás Urrutia, un homme politique, dans No alors que Gael García Bernal, qui interprète ici le rôle d’Oscar Peluchonneau, était le jeune publicitaire René Saavedra dans ce même film. Dans la distribution, dans le rôle de Gabriel González Videla, on retrouve Alfredo Castro, un comédien qui avait jusqu’à présent joué dans tous les films de Pablo Larrain. Changement d’horizon oblige : il ne fait pas partie de la distribution de Jackie. Quant à la comédienne qui interprète le rôle de Delia Del Carril, peintre argentine et épouse de Neruda à l’époque où se déroulent les faits racontés dans le film, il s’agit de Mercedes Morán et elle est argentine.

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Conclusion

Pour évoquer un bref épisode de la vie de Pablo Neruda, Pablo Larrain a fait un choix susceptible de dérouter de nombreux spectateurs. C’est en effet sous la forme d’une couse poursuite s’apparentant à un polar qu’on retrouve le poète, poursuivi pour des raisons politiques, et un policier chargé de l’arrêter par le pouvoir. De nombreuses scènes caricaturales apportent au film une certaine dose d’humour mais ne permettent pas aux spectateurs de se faire une opinion sérieuse sur son héros.

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