Titre : The Freak – Le dernier film de Chaplin
Auteur : Pierre Smolik
Editeur : Call me Edouard
Date de publication : 2016
Nombre de pages : 344
Format : 16×22.5
Prix : 38 euros (disponible en France sur le site de l’éditeur)
L’auteur :
Pierre Smolik est spécialiste des médias à l’Office fédéral de la communication de Suisse. Il a écrit plusieurs essais en lien avec des personnalités en lien avec le canton de Vaud, comme Charlie Chaplin ou Graham Greene, mais aussi des romans (Le bar à parfums, Georges Haldas).
Il y a des films qui sont entrés dans la légende du 7eme Art sans pourtant avoir jamais été tournés. On pense au Napoléon de Stanley Kubrick, dont on possède tous les travaux préparatoires mais qui n’a jamais pu être tourné à cause de son coût trop élevé. Cette année est sorti dans nos contrées le passionnant documentaire Jodorowsky’s Dune, retraçant ce qu’aurait pu être l’adaptation du livre de Frank Hebert et comment ce non-film a influencé de nombreux autres projets de l’industrie par la suite. Dans son livre, Pierre Smolik s’intéresse à ce qui aurait pu être le dernier film de Charlie Chaplin, en se basant sur des centaines de pages manuscrites laissées par le cinéaste.
Le titre « The Freak » fait irrémédiablement penser au film de Tod Browning, Freaks, mais ici il n’est pas question de monstres de foires comme dans le film de 1931. Le freak du titre est une figure angélique, qui aurait été incarnée par Victoria Chaplin dans le film de son père, à mille lieues de la difformité physique des étranges personnages du film de Browning. Cependant, comme eux, « l’ange » du film de Chaplin – qui répond au doux nom de Sarapha – serait devenue une attraction, aux yeux de personnes préférant lui nier tout caractère humain. Des péripéties vont la faire voyager du Chili à Londres, jalousée par uns, admirée par les autres, et bien trop souvent rejetée.
Le livre de Smolik est le résultat d’un véritable travail de recherche. Dans une première partie, le scénario nous est raconté dans son intégralité, en étant constamment analysé : chaque élément est remis dans le contexte de l’oeuvre de Chaplin, mais aussi de sa vie. C’est ainsi les dernières années d’activité du maître qui sont retracées par le prisme de sa dernière oeuvre, et on a d’ailleurs le droit à des témoignages de sa famille. 200 pages passionnantes donc, grâce auxquelles le film s’anime peu à peu devant nos yeux. Ensuite, dans une seconde partie d’une centaine de pages, l’auteur analyse divers points autour du film : le rôle d’amérindiens, les effets techniques, le cadre de travail de Chaplin … Des analyses parfois un peu trop poussées, car moins rigoureuses que l’analyse du film à proprement parler.
Niveau édition, on est face à un travail de grande qualité. De nombreuses photos en noir et blanc (et quelques unes en couleur) et dessins parsèment l’ouvrage, et un dessin de Pierre Etaix l’introduit. Le livre affirme sa rigueur de recherche grâce à de nombreuses notes de fin, et certaines pages ne sont pourvues que d’une citation afin d’aérer l’ensemble. Un très bel ouvrage donc, malgré son petit format, et son prix un peu élevé (sûrement l’air suisse !).
