Critique : Tu ne tueras point

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tu-ne-tueras-point-afficheTu ne tueras point

Etats-Unis, 2016
Titre original : Hacksaw Ridge
Réalisateur : Mel Gibson
Scénario : Robert Schenkkan, Andrew Knight
Acteurs : Andrew Garfield, Vince Vaughn, Teresa Palmer, Hugo Weaving
Distribution : Metropolitan FilmExport
Durée : 2h11
Genre : Film de guerre / Biopic
Date de sortie : 9 novembre 2016

3/5

Mel Gibson, après Blood Father et Expendables 3, reprend sa casquette de réalisateur pour relater une histoire vraie passionnante, celle de Desmond T. Doss, infirmier dans l’armée américaine pendant la seconde guerre mondiale, partagé entre son envie de servir son pays et sa foi.

Synopsis : Quand la Seconde Guerre mondiale a éclaté, Desmond, un jeune américain, s’est retrouvé confronté à un dilemme : comme n’importe lequel de ses compatriotes, il voulait servir son pays, mais la violence était incompatible avec ses croyances. Il s’engagea tout de même dans l’infanterie comme médecin. Son refus d’infléchir ses convictions lui valut d’être rudement mené par ses camarades et sa hiérarchie, mais c’est armé de sa seule foi qu’il est entré dans l’enfer de la guerre pour en devenir l’un des plus grands héros. Lors de la bataille d’Okinawa sur l’imprenable falaise de Maeda, il a réussi à sauver des dizaines de vies seul sous le feu de l’ennemi, ramenant un à un les soldats blessés.

Tu ne tueras point

Trois parties distinctes

Mel Gibson n’avait réalisé aucun film depuis Apocalypto en 2006. Il revient avec une nouvelle preuve d’un talent de metteur en scène en racontant l’histoire exemplaire de Desmond T. Doss, interprété par Andrew Garfield (The Amazing Spider-Man), qui s’est engagé dans l’armée américaine en tant qu’infirmier et objecteur de conscience. Le film est découpé en trois parties distinctes : une romance fraîche et attendrissante, un entraînement à la fois drôle et rebutant et des combats d’une violence âpre. Mel Gibson parvient à gérer chacune de ses parties avec conviction, manifestement impliqué dans l’histoire qu’il veut partager. La romance est accueillante et attendrissante, en grande partie grâce à l’interprétation naïvement touchante de Andrew Garfield, accompagné de la pétillante Teresa Palmer. Une situation qui permet de créer un début d’empathie pour le personnage.

La deuxième partie du film s’apparente à Full Metal Jacket dans le conditionnement du parfait petit soldat que l’armée américaine inflige à ses nouvelles recrues. Mel Gibson met en avant une armée formatée, des dirigeants bornés, cherchant à détruire les différences, les divergences, les croyances et la réflexion pour créer des pantins facilement utilisables. L’armée américaine s’opposera à Desmond Doss, à sa croyance profondément ancrée en lui, à son attachement à la non-violence qu’il défend fièrement, même en temps de guerre. Le jeune homme se refuse même à porter ne serait-ce qu’un fusil sur le champ de bataille. Pour autant, Mel Gibson parvient à rester impartial, apportant une certaine nuance aux motivations des officiers, avec quelques personnages compréhensifs et intelligents, en contradiction avec la critique négative émise sur le système militaire américain. La troisième et dernière partie est d’une violence assez crue, un déferlement d’action maîtrisé de bout en bout, au rythme bien dosé. L’auditoire est ainsi capté viscéralement jusqu’à la conclusion du long-métrage avec les vidéos d’archives obligées dans un biopic contemporain du véritable Desmond T. Doss.

Tu ne tueras point

Des clichés récurrents chez Mel Gibson…

Mel Gibson ne parvient pas à se débarrasser des quelques mauvaises habitudes récurrentes dans ses réalisations. Il ne peut s’empêcher de noyer son long métrage dans un excès de patriotisme, ses protagonistes sont des fervents défenseurs de la nation, des serviteurs assidus du drapeau américain. Ainsi la critique à l’encontre du système américain reste assez légère et pas assez virulente. Mel Gibson ne peut s’empêcher également d’être dans une théâtralité parfois malvenue : des ralentis dégoulinants, des scènes qui durent parfois trop longtemps, une caricature permanente de ses personnages et des enjeux, des traditions et des rapports entre les individus. Il abuse de clichés récurrents chez lui, avec des personnages héroïques à la foi inébranlable et de scènes d’action un peu faciles. A travers le personnage de Desmond T. Doss, la religion est magnifiée, présentée sous sa forme la plus pure de générosité, de philanthropie, d’abnégation pour le seigneur tout puissant. Mel Gibson privilégie cet aspect de son personnage sans recul ni nuance, le qualifiant tout simplement de héros à grand H dans le sens le plus noble possible, prêt à donner sans compter et sans attendre en retour, près à dépasser son propre état physique, moral et idéologique pour aider autrui.

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Conclusion

Mel Gibson dresse un hommage touchant à cet homme motivé par le respect de tout être vivant (même l’adversaire japonais) qui sauva des dizaines de vie sous les tirs ennemis, un rien amoindri par les excès de ses précédents longs-métrages déjà bercés de patriotisme mais surtout d’une foi un peu envahissante.

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