Jeudi 20 octobre, jour 7 du Festival 2016 : dans une journée plus particulièrement consacrée au réalisateur canadien Denis Côté, un seul film en avant-première, sa dernière réalisation, Boris sans Béatrice.
Aux côtés de Côté
Le réalisateur québécois Denis Côté alterne films de fiction et « petits » films plus ou moins documentaires, plus ou moins expérimentaux. Comme il le dit lui-même, il a besoin, après la réalisation d’un film qualifié par lui de grosse production, de « respirer » avec un film tourné avec une équipe réduite à 3 ou 4 personnes. Lorsqu’il s’est agi de choisir 4 films pour construire une journée consacrée à ce réalisateur, une journée bénéficiant de sa présence, il y avait, bien sûr, Boris sans Béatrice, son dernier long métrage de fiction, présenté en sélection officielle lors de la dernière Berlinade, et, autour, sont venus se rajouter Carcasses et Bestiaires, deux documentaires à la sauce Côté, ainsi qu’un film de fiction, Vic + Flo ont vu un ours. Un film qui a reçu le Prix Alfred Bauer lors de la Berlinade 2013, un prix qui récompense un film ouvrant de nouvelles perspectives.
Boris sans Béatrice
Personnage qui se prend un peu pour le roi du monde, Boris Malinowski a une tendance très naturelle à se montrer arrogant et odieux avec les « petits ». Béatrice, la femme de ce chef d’entreprise, a dû abandonner ses fonctions de ministre du gouvernement canadien, touchée par une dépression qui l’empêche de s’exprimer et de se mouvoir. Suivie par la psy Miller et aidée par Klara, une jeune fille russe d’origine, elle se repose dans la maison de campagne du couple. L’état préoccupant de sa femme conduit Boris à abandonner provisoirement son travail, mais ne l’empêche pas de continuer ses rencontres avec sa maîtresse Helga. Jusqu’au jour où apparait L’inconnu, un homme qui lui affirme qu’il est LE responsable de l’état de sa femme. Boris va-t-il réussir à changer ? Sa femme va-t-elle guérir ? Denis Côté qualifie ce film de grosse production alors qu’il s’agit plutôt d’une production moyenne en terme de coût : 2 millions de dollars. C’est en tout cas un film dont l’idée de départ est venue au réalisateur lorsqu’il a commencé à s’interroger sur lui-même : suis-je une bonne personne ? Un film qui a permis à Denis Côté de faire sa première approche de la bourgeoisie québécoise tout en se refusant d’en faire un film à charge. Un film à la forme très classique, tourné en 35 mm, esthétiquement très réussi et qui présente au moins deux niveaux de lecture, le deuxième niveau venant progressivement se substituer au premier : Béatrice est-elle vraiment malade ? N’est-elle pas, tout simplement, en attente d’un retour auprès d’elle de la part de son mari, un Boris qui aurait été nettoyé de toutes ses taches par L’inconnu, sa conscience en fait ? Au milieu de la distribution canadienne, avec un excellent James Hyndman dans le rôle de Boris, on retrouve un Denis Lavant très sobre dans le rôle de L’inconnu.
On est surpris d’apprendre que ce film, malgré toutes ses qualités, n’a toujours pas trouvé de distributeur dans notre pays !