Critique : Close Encounters with Vilmos Zsigmond

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close-encounters-with-vilmos-zsigmond-afficheClose Encounters with Vilmos Zsigmond

France, 2016
Titre original : –
Réalisateur : Pierre Filmon
Scénario : Pierre Filmon
Intervenants : Vilmos Zsigmond, John Travolta, Isabelle Huppert, Nancy Allen, Peter Fonda, John Boorman
Distribution : Lost Films
Durée : 1h21
Genre : Documentaire
Date de sortie : 16 novembre 2016

Note : 3,5/5

Il est considéré comme l’un des directeurs de la photographie les plus réputés du Nouvel Hollywood, cette période exaltante durant laquelle plusieurs artistes, sous l’influence du cinéma européen, surent réinventer et renouveler les archétypes narratifs et formels du classicisme hollywoodien. Durant les années 70, Vilmos Szsigmond aura façonné l’esthétique picturale de quelques-uns des réalisateurs les plus talentueux d’Hollywood : Jerry Schatzberg, Robert Altman, Michael Cimino, Steven Spielberg ou encore Brian de Palma… Depuis l’annonce de son décès, le 1er janvier 2016 à l’âge de 85 ans, divers hommages consacrés à son travail ont émaillé l’agenda cinéphilique. Par ailleurs, et sous l’égide de Pierre Filmon, Vilmos Szsigmond est également l’objet d’un documentaire visant à mettre en lumière aussi bien son parcours que sa sensibilité artistique.

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Synopsis : Un portrait émouvant de feu Vilmos Zsigmond, un des chefs-opérateurs les plus reconnus de la profession. Son travail sur la lumière a été une inspiration incommensurable pour une génération de directeurs de la photographie. Entre entretiens personnels et témoignages d’anciens collaborateurs, Zsigmong se livre en toute simplicité devant la caméra de Pierre Filmon.

 

 

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Un rôle primordial

Selon la définition technique, le directeur de la photographie est celui qui décide, avec l’assentiment du metteur en scène bien évidemment, de l’orientation esthétique d’un film. Il est celui qui conçoit l’image du film, l’éclairage, le sens du cadre… En somme, il est responsable de la prise de vues lors du tournage. Travaillant en étroite collaboration avec le réalisateur, il se prononce pour la plastique générale du film. Il arrive parfois que le travail d’un chef-opérateur peut transcender la médiocrité d’un long-métrage. Par exemple, sans l’éclairage expressionniste, à la densité diffuse, exécuté par John Alton sur Marché de Brutes, le film réalisé par Anthony Mann n’eût été qu’une banale série-b comme il en existait fréquemment lors de sa sortie. Cependant, la beauté des images alliée à la rigueur narrative d’Anthony Mann confère au film un statut proche du chef-d’œuvre. Ceci pour démontrer à quel point la vision d’un chef-opérateur est primordiale dans la réussite d’un film.

Vilmos Zsigmond est né en 1930, à Szeged, en Hongrie. A l’âge de 25 ans, il obtient son diplôme à l’Académie de théâtre et de cinéma de Budapest avant d’intégrer le studio Hunnia Film dans le dessein de travailler en tant qu’assistant opérateur. En 1956, alors que le pays vit sous l’égide de l’URSS, une sédition populaire éclate contre l’oppression de la République Populaire de Hongrie, dirigée en sous-main par l’URSS. Vilmos Zsigmond et son ami et collaborateur de longue date, Laslo Kovacs, sont présents lors des événements et parviennent à filmer une partie des émeutes avant de fuir le pays, alors sous la menace d’une réplique violente de l’URSS. Ces images filmées deviendront par la suite mondialement célèbres. Par la suite, ils s’installent aux Etats-Unis où les deux compères travaillent de concert dans quelques studios photographiques avant de s’exiler à Hollywood.

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Rencontres avec un esthète

Il travaille dans quelques séries b – voire Z – tel Le Sadique de James Landis, film d’horreur au budget modeste. En dépit de la modicité financière allouée au film, Zsigmond (sous le patronyme de William Zgigmond) effectue un travail visuel remarquable. Œuvrant pendant plusieurs années dans le giron du cinéma marginal et horrifique, Zsigmond a également participé au tournage de Satan Sadists d’Al Adamson, un classique du cinéma de drive-in. Peu à peu, grâce à son sens esthétique, il attire l’attention de Peter Fonda qui l’embauche dans le cadre de sa première réalisation : l’Homme sans Frontière (1970). Point de départ situé à l’orée d’une décennie ponctuée de chef-d’œuvre redéfinissant, chacun à leurs manières, quelques genres cinématographiques purement américains : le western, avec John McCabe (Robert Altman, 1971), le drame social, avec L’Epouvantail (Jerry Schatzberg, 1973), le thriller rural, avec Delivrance (John Boorman, 1972), le film de guerre, avec The Deer Hunter (Michael Cimino, 1978), la science-fiction, avec Rencontres du Troisième Type (Steven Spielberg, 1978). Pour ce dernier, Zsigmond se verra attribuer l’oscar de la meilleure photographie). Ainsi, à travers son parcours, c’est tout un pan historique et culturel de la cinématographie américaine qui refait surface devant nos yeux : entre le cinéma de drive-in, jugé peu respectable par d’aucuns mais où Zsigmond a pu laisser libre cours à son inventivité, et le cinéma plus exigeant et plus libre du Nouvel Hollywood, il aura traversé toutes les strates du cinéma américain, le tout sans perdre une once de sa passion initiale.

Pour chacun des films précités, Zsigmond fait montre d’un talent d’innovation et d’expérimentation proprement sidérant. Dans John McCabe, il modifie la pellicule, grâce à divers procédés photochimiques, afin de conférer à l’image un aspect granuleux proche d’un daguerréotype. Avec Delivrance, il utilise des focales particulières dans le but de donner un aspect immersif à certaines séquences, notamment lors de la descente des rapides. Ainsi, pour chaque œuvre, Zsigmond utilise une méthode visuelle qui, selon lui, sied le plus à l’essence de l’histoire. Rien n’est gratuit chez lui.

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Conclusion

Soyons gré à Pierre Filmon d’avoir été à l’origine de ce beau projet. Car Close Encounters with Vilmos Zsigmond est d’abord et avant tout la rencontre entre Filmon et Zsigmond. L’origine du projet remonte à trois ans lorsque Pierre Filmon présente à Zsigmond un projet filmique lui étant destiné. Peu à peu, la rencontre s’est muée en un portrait du chef-opérateur. Au-delà de son parcours, le documentaire nous montre implicitement une période révolue : celle de la pellicule argentique. Zsigmond décède en 2016, l’année où tous les laboratoires fabricant de la pellicule ont fermé.

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