La comédie musicale Sing Street de John Carney a fait l’unanimité de la 27ème édition du Festival du Film Britannique de Dinard. Le jury présidé par Claude Lelouch lui a remis son Grand Prix, le Hitchcock d’Or, mais aussi celui du scénario honorant cette ode à l’inventivité et à la création, à l’amour et à l’amitié entre adolescents irlandais. Last but not least, le nouveau long-métrage de l’auteur des déjà très réussis Once et New-York Melody, autres romances (en)chantées, ludiques et mélancoliques, reçoit aussi le Hitchcock du Public, ce qui n’est guère étonnant, vue la réaction des spectateurs enthousiastes, et le Hitchcock « Coup de cœur » décerné par l’association La Règle du Jeu et qui favorisera son exploitation dans les salles art et essai du Grand Ouest.
Le récit se déroule à Dublin, en 1985. Conor est contraint de quitter le confort de son école privée pour un lycée public catholique à cause des soucis financiers de ses parents. L’ambiance y est tendue et l’éducation rigide. Pour se soulager de cette pression, il se découvre une passion pour la musique en créant un groupe pop/rock pour séduire Raphina, une mystérieuse fille qui habite en face de l’établissement scolaire. Il recrute à l’arrachée plusieurs camarades avec qui il compose des chansons pop inspirées par les tubes de Duran Duran, Aha et autres Hall & Oates dont ils s’approprient plus l’apparence (coupes de cheveux et tenues 80ies de sinistre mémoire) que le style musical. Leurs chansons, créée pour le film par Gary Clark sont originales et galvanisantes, enthousiasmantes et participent largement au plaisir du public. Les comédiens sont tous très convaincants, de Ferdia Walsh-Peelo dans le rôle du leader à Mark McKenna en multi-instrumentiste surdoué, en passant par Maria Doyle Kennedy (la mère de Conor, vue dans un autre film musical culte, Les Commitments) ou Jack Reynor (Transformers 4 ou le film d’auteur What Richard did) en frère incapable de quitter le giron familial.
Le film sortira en salles le 26 octobre, le même jour que Moi, Daniel Blake de Ken Loach, présenté ici même à Dinard, en présence de sa productrice Rebecca O’Brien qui a évoqué les conséquences du Brexit. Dave Johns y est émouvant en menuisier contraint de reprendre le travail alors qu’il en est interdit par la médecine. Un combat ubuesque salué d’une Palme d’or, un grand moment de cinéma qui confirme l’engagement toujours si fort du cinéaste toujours en colère. Présenté à Dinard également, le documentaire Versus revient de façon passionnante sur le parcours de Ken Loach avec une insistance sur ses premières années, avec les témoignages de plusieurs de ses collaborateurs dont le producteur de ses débuts ainsi que les acteurs David Bradley (Kes) et Crissy Rock (Ladybird) qu’il est émouvant de retrouver des années après leur grand rôle.
Un autre long-métrage a été honoré, le président Claude Lelouch ayant tenu à ajouter une mention spéciale à Away de David Blair, avec Timothy Spall et Juno Temple. Un geste qu’il avait déjà fait en janvier dernier lorsqu’il était président du jury du Festival du film fantastique de Gérardmer en récompensant le film américano-israëlien Jeruzalem de Doron Paz et Yoav Paz.
Le premier lauréat du Hitchcock du court-métrage, un prix créé cette année, est Operator de Caroline Bartleet avec Kate Dickie, invitée d’honneur du festival, en opératrice de Police Secours qui doit aider par téléphone une femme et son fils à survivre à l’incendie de leur maison. Le jury était présidé par Marianne Denicourt. Le prix du public, pour les courts, revient à Balcony de Toby Fell-Holden.
Enfin, le Hitchcock d’Honneur Orange revient au cascadeur Rémy Julienne pour l’ensemble de sa carrière. En attendant un improbable César d’honneur qui serait plus que mérité ?
https://youtu.be/EReY2PwZk9o