Je ne suis pas un salaud
France : 2014
Titre original : –
Réalisation : Emmanuel Finkiel
Scénario : Emmanuel Finkiel
Acteurs : Nicolas Duvauchelle, Mélanie Thierry, Driss Ramdi
Éditeur : Bac films
Durée : 1h47
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 24 février 2016
Date de sortie DVD : 21 septembre 2016
Synopsis : Lorsqu’il est violemment agressé dans la rue, Eddie désigne à tort Ahmed, coupable idéal qu’il avait aperçu quelques jours avant son agression. Alors que la machine judiciaire s’emballe pour Ahmed, Eddie tente de se relever auprès de sa femme et de son fils et grâce à un nouveau travail. Mais bientôt conscient de la gravité de son geste, Eddie va tout faire pour rétablir sa vérité. Quitte à tout perdre…
Le film
[3/5]
Un homme qui, lors de la parade d’identification organisée par la police, désigne un innocent comme étant l’agresseur qui l’a presque laissé pour mort, cet homme est-il un salaud ? Eddie avait entendu prononcer le nom d’Ahmed lors de l’agression, la police a raflé tous les Ahmed de la cité devant laquelle s’est déroulée l’agression, celui qu’il accuse fait partie de ces Ahmed et Eddie l’avait croisé lors d’une séance de formation. Un manque de chance pour Ahmed, d’autant plus que, lors de cette séance, lui s’était montré plutôt brillant alors qu’Eddie avait essuyé des quolibets lors de sa prestation. C’est l’ensemble de la personnalité d’Eddie qui contribue à cette accusation mensongère : Eddie est un être immature, instable, mal dans sa peau, un homme qui boit, un homme qui cherche à se valoriser, aussi bien à ses propres yeux qu’aux yeux des autres. L’agression dont il a été victime a changé son statut auprès des autres, il a retrouvé l’estime de sa femme et de son fils. Il a même réussi à trouver un travail dans la grande surface où travaille son épouse. Pas question de perdre la face à nouveau lors de ce tapissage : il se doit de reconnaître son agresseur, et l’accusation tombe sur le seul Ahmed qu’il avait déjà rencontré.
Eddie est-il un salaud ? Ou bien un pauvre type, un homme dont le comportement tourmenté s’explique avant tout par son mal de vivre ? Cette question, c’est celle qu’Emmanuel Finkiel pose au spectateur tout au long du film, en utilisant l’implication totale de Nicolas Duvauchelle dont il préfère souvent scruter les expressions plutôt que recueillir des phrases de dialogue. Le spectateur ne pourra que s’en féliciter dans la mesure où une élocution limpide n’est pas la qualité principale du comédien, des pans de dialogue s’avérant souvent incompréhensibles. Hanté par sa culpabilité d’avoir accusé un innocent, harcelé par la famille et les amis de l’homme qu’il a accusé, poussé dans les cordes par les doutes de la justice et ceux de Karine, son épouse, on sent petit à petit Eddie vaciller. Plutôt que de lisser l’intrigue, le réalisateur a choisi pour son film de faire éclater de temps en temps des scènes très fortes au milieu de la description de la routine du quotidien, filmée dans une approche presque documentaire et, parfois, génératrice d’un certain ennui : séances d’entrainement de tir au pistolet, achat en famille dans une grande surface, petite fiesta d’anniversaire dans le cadre du travail. Quant à l’utilisation, fréquente dans le film, de surfaces vitrées dans lesquelles les personnages se reflètent, et tout particulièrement Eddie, il faut peut-être y voir une représentation de la dualité des personnages, ce qu’ils sont réellement face à ce qu’ils voudraient être.
Malgré les problèmes de compréhension de certains dialogues, on doit reconnaître que le jeu des deux comédiens principaux donne au film une grande dimension dramatique, surtout lors des 3 ou 4 scènes très fortes qu’il recèle : Nicolas Duvauchelle, l’interprète du rôle d’Eddie, à la fois très sobre et très intense ; Mélanie Thierry, interprète de Karine, sa femme, faisant preuve, comme d’habitude, d’une grande justesse.
Le DVD
[3/5]
Pour ce DVD, Bac Films ne s’est pas compliqué la tâche : pas de supplément, le Dolby 5.1 pour tout le monde, pas d’audio description, pas de sous-titres pour sourds et malentendants. C’est ce dernier point qui pose le plus problème, car, dans ce film, sans que la responsabilité incombe au DVD, on est tous un peu malentendants : l’élocution de Nicolas Duvauchelle a été évoquée dans le chapitre consacré au film et, malheureusement, il n’est pas le seul, dans Je ne suis pas un salaud, à être parfois difficile à comprendre, au point que des sous-titres auraient parfois rendu service ! Quant à l’image, aucun reproche à faire, le transfert est vraiment réussi.