Alors que le troisième opus, sorti cet été, a terminé sa carrière dans les salles, penchons nous sur la saga American Nightmare de James De Monaco. En trois films, American Nightmare raconte comment le gouvernement américain applique une technique à l’éthique douteuse pour réguler la démographie américaine. Une nuit par an le meurtre et tous les crimes imaginables ne sont plus répressibles. Lors de cette nuit sans règle appelée « La Purge », les citoyens américains disposent de douze heures pour extérioriser toutes leurs pulsions. American Nightmare était censé être une simple série B, mais le succès a entraîné la mise en chantier de deux suites. Malgré une volonté humble et peu ambitieuse de simplement divertir, la saga American Nightmare soulève néanmoins des sujets sociétaux intéressants et apparaît relativement original dans le rapport qu’entretiennent les films entre eux.
American Nightlmare – The Purge
Porté par Ethan Hawke, ce premier opus est le moins recherché, le plus simpliste. Il présente simplement les règlements de compte d’une famille aisée pendant la nuit de la purge. James DeMonaco utilise les clichés du genre horrifique avec flemmardise. Sans les réadapter ou les moderniser, les pirouettes scénaristiques ne sont qu’un enchaînement caricatural d’un film d’horreur lambda. Les effets horrifiques ne fonctionnent pas toujours. Pas assez trash American Nightmare n’est qu’un pseudo film d’épouvante qui se rapproche d’avantage d’un film d’action de seconde zone que d’une véritable recherche d’une ambiance oppressante et ravageuse. Ethan Hawke ne semble pas dans son assiette et joue un méchant caricatural sans y apporter sa touche personnelle. Agrémenté de dialogues passablement mauvais cette première purge ne convenait pas. Aucun sujet de morale, d’éthique ou de société n’y est vraiment traité, la purge n’est bonne qu’à divertir un spectateur à la recherche d’une violence gratuite. Et alors que l’histoire devait s’arrêter là, une suite est officialisée, pour un meilleur résultat ?
American Nightmare 2 : Anarchy
Cette fois James DeMonaco a vu plus grand. Avec l’aide du charisme certain de Frank Grillo, le metteur en scène pousse son concept à une ville entière. Cette fois ci les protagonistes se retrouvent livrés à eux même en pleine rue. Un décors survival qui offre quelques visions apocalyptiques de violence jouissives. Au détour d’une ruelle James DeMonaco réalise quelques images somptueuses, magnifie la violence en la stylisant le temps de scènes extérieures à l’intrigue, des soupçons de violence voluptueuse captée avec un regard impassible. Le cinéaste magnifie la violence pour capter l’intérêt du spectateur. American Nightmare met davantage en avant les castes sociales, l’écart entre pauvreté et richesse et la corrélation qu’il y a faire avec les statistiques des individus décédés pendant la purge, qui coïncides avec les minorités et les pauvres. Le spectateur découvre alors que cette Purge n’est qu’une manipulation des puissants pour conserver leurs prérogatives et se débarrasser de la « vermine ». Pour autant American Nightmare 2 ne surprend pas réellement dans l’enchaînement de son histoire, les rebondissements sont plutôt attendus et le final en mode Hunger Games déçoit amplement. Pour autant ce second opus à l’ambition d’offrir autre chose, un survival inédit dans un décor angoissant et réaliste. James DeMonaco essaye réellement de mettre en avant la folie humaine, sa violence décérébrée dans un monde qui part en cacahuète, une manière de nous dire de nous méfier de nos pulsions. A toi spectateur qui te divertis devant un bain de sang gratuit : méfie-toi des magouilles de tes politiciens.
American Nightmare 3 : Elections
James DeMonaco continue sur sa logique de hiérarchisation du pouvoir. Cette fois plus de détour, le réalisateur affirme concrètement que la Purge n’est qu’une histoire de contrôle politique visant à opprimer la minorité, faire un ménage annuel de tout ce qui pose problème. Davantage ancré dans la fable sociale, American Nightmare 3 choisit de mettre en scène une politicienne philanthrope, consciencieuse et démocrate voulant abroger la purge. Une messie politique que le personnage de Frank Grillo va devoir protéger. Pour autant le discours ne convainc pas, reste relativement naïf et vain. James DeMonaco tente de transmettre la belle parole, vaincre le mal par la légalité, par un chemin noble, par un chemin populaire de fraternité et de solidarité, mais pour autant le spectateur n’y croit pas réellement. Certainement à cause d’un final navrant, une théorie du complot bancale de prêtres, de riches et de politiciens exécutants des sacrifices humains. Mal amené, ce final apparaît plus ridicule que véritablement menaçant. Heureusement James DeMonaco dilue la pilule grâce à des personnages attachants et quelques visions cauchemardesques de premier ordre.
Finalement American Nightmare offre une évolution inattendue, d’abord présenté comme une série B horrifique simpliste, l’histoire s’est transformée en véritable survival sociétal et humain avant de se conclure par une synthèse indigeste des deux premiers opus. American Nightmare a le mérite de soulever quelques inégalités sociales d’actualité et de transmettre une analyse pessimiste de l’évolution dans laquelle se dirige l’humanité. Parfois pertinent, souvent ridicule, toujours divertissant, American Nightmare est allé plus loin que ce qui était prédit, surtout grâce à un concept au final plus intelligent que cette Purge annuelle.