Test DVD : Spetters

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Spetters

 
Pays-Bas : 1980
Titre original : –
Réalisateur : Paul Verhoeven
Scénario : Gerard Soeteman
Acteurs : Hans van Tongeren, Renée Soutendijk, Toon Agterberg
Editeur : BQHL Éditions
Durée : 2h02
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 4 novembre 1992
Date de sortie DVD : 8 juin 2016

 

 

Périphérie de Rotterdam, Pays-Bas, 1980. Rien, Eef et Hans sont trois jeunes hommes issus de la classe ouvrière qui rêvent de gloire et de fortune, unis par leur passion du motocross et leur admiration pour la star nationale de ce sport, Gerrit Witkamp. Quand la belle vendeuse de frites Fientje s’installe dans leur ville, elle aussi rêvant de fortune, elle jette son dévolu sur celui des trois amis semblant promis au plus bel avenir, Rien. Mais suite à un accident, celui-ci perd l’usage de ses jambes. Fientje décide alors de séduire Eef qui, de son côté et en secret, s’enrichit en dépouillant des gigolos…

 


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Le film

[4/5]

Tourné en 1980, sorti dans les salles françaises en 1992 (!), Spetters est un film sulfureux, aujourd’hui surtout connu pour sa scène de viol collectif, qui révélerait à sa victime ses véritables penchants homosexuels. Pourtant, il ne s’agit là que d’un maigre détail du film, qui réunissait pour la cinquième fois le duo Paul Verhoeven (réalisation) / Gerard Soeteman (scénario). Verhoeven et Soeteman nous proposaient donc avec Spetters un film profondément ancré dans la société néerlandaise de l’époque, féroce et réaliste, dont on ne trouverait d’équivalent dans la carrière à venir de Verhoeven que plusieurs années plus tard avec Showgirls, qui peut être considéré comme son pendant féminin au cœur de la société américaine. En effet, les deux films suivent la trajectoire d’un personnage de classe sociale très modeste dans sa quête contrariée du succès, qui ne se fera pas selon son mérite mais révélera les aspects les plus sombres d’une société où tous les coups sont permis – même les plus rudes.

Avec son style naturaliste, cru et direct, directement hérité de son Turkish délices (1973), le cinéaste nous propose une représentation de la Hollande où tous les personnages et toutes les classes sociales sans exception s’avèrent de véritables pourris, et où le destin de tous semble voué à l’échec, à moins de faire preuve d’un opportunisme déroutant, tel que celui déployé par Fientje (Renée Soutendijk), qui manipule les hommes et offre ses charmes à qui pourra la sortir de son existence misérable. La survie prime sur toute autre considération, et les personnages de Spetters n’hésitent pas à écraser autrui pour assurer leur propre survie (à l’image de Kim Dickens dans Hollow man vidant les poches de sang destinées à sauver son collègue afin de tenter de localiser son agresseur invisible). La religion et l’hypocrisie des culs-bénis en prennent aussi pour leur grade (c’est souvent le cas chez Verhoeven), participant également à leur manière à la corruption et à la dérive de la société.

 
 
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Le DVD

[4,5/5]

Longtemps invisible à cause de problèmes de droits, Spetters était le grand absent de l’indispensable coffret DVD « Paul Verhoeven » édité par Metropolitan en 2004, qui regroupait pourtant l’intégralité de ses autres films tournés aux Pays-Bas. Grâce à BQHL Éditions, le film est néanmoins maintenant disponible en France en DVD digipack et en version intégrale non censurée, restaurée en haute définition par le Eye Film Museum Institute (Pays-Bas).

Dans différents pays (Allemagne, Pays-Bas, Japon), Spetters est sorti sur galettes Blu-ray ; le marché chancelant du Blu-ray dans l’hexagone n’a probablement pas permis, économiquement parlant, à BQHL de nous proposer le film en HD et nous n’aurons finalement en France droit qu’à une sortie DVD. C’est certes dommage, car les qualités techniques du film de Verhoeven et la photo signée Jost Vacano auraient sans doute mérité un encodage en haute définition, mais c’est également une chance de pouvoir enfin revoir Spetters dans de bonnes conditions, quel que soit le format, à l’heure où les téléchargements illégaux tuent à petit feu le marché de la vidéo en France.

Même s’il s’agit d’un éditeur indépendant plutôt discret, BQHL est rodé au format DVD, et nous propose un master sans faille : définition, piqué et couleurs composent plutôt bien avec les limites d’un encodage en définition standard. La version originale néerlandaise est proposée en Dolby Digital 2.0, dans un mixage relativement dynamique. Dans la section bonus, on trouvera un passionnant entretien avec Paul Verhoeven. Tout est donc réuni pour faire de cette édition française de Spetters le chainon manquant indispensable à tout cinéphile qui se respecte !

 

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