The uninvited – La falaise mystérieuse
États-Unis : 1944
Titre original : The uninvited
Réalisateur : Lewis Allen
Scénario : Dodie Smith, Frank Partos
Acteurs : Ray Milland, Ruth Hussey, Donald Crisp
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 1h50
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 11 mars 1946
Date de sortie DVD/BR : 1 juin 2016
Lors d’un séjour en Cornouailles, Roderick Fitzgerald et sa sœur Pamela, jettent leur dévolu sur un superbe manoir surplombant une falaise. Mais à peine sont-ils installés que le calme apparent des lieux est troublé par d’inquiétants sanglots de jeune femme…
Le film
[4,5/5]
Contemporain de quelques chefs d’œuvres du genre fantastique produits par Val Lewton et réalisés par Jacques Tourneur pour la Universal, tels que La féline (1942), Vaudou (1943) ou encore L’homme léopard (1943), La falaise mystérieuse, réalisé par Lewis Allen (1944) est un fier représentant d’un genre fantastique élégant, au scénario très porté sur la psychanalyse. Tourné avec une économie de moyens et un sens de l’ellipse qui font que le film ne « vieillit » pas (et ne vieillira sans doute jamais), La falaise mystérieuse fait partie de ces films fantastiques sublimes et indémodables, toujours aussi efficaces et profonds des décennies après leur tournage, à la façon d’autres chefs d’œuvres tels que les films de Tourneur cités plus haut ou encore le formidable Les innocents de Jack Clayton.
Relativement réaliste dans son déroulement, La falaise mystérieuse n’en demeure pas moins assez enlevé et plutôt amusant dans son ton, surtout dans sa première bobine, qui nous présente un couple moderne, composé d’un frère et d’une sœur dont la liberté de ton et de pensée (ils sont visiblement athées) s’oppose au cadre étriqué du petit village de Cornouailles dans lequel ils s’installent. On laissera le brillant Christophe Gans revenir (dans les bonus du Blu-ray édité par Wild Side) sur la façon brillante dont Lewis Allen introduit le surnaturel dans son récit, par petites touches essentiellement non visuelles, car on ne ferait ici que paraphraser ses propos (remarquez, nombreux sont ceux qui, parmi mes collègues chroniqueurs en section DVD / Blu-ray, reprennent son analyse en s’en attribuant la paternité dans leurs textes !).
On ne vous conseillera donc que trop de vous plonger dans La falaise mystérieuse, film de fantôme dont la classe et l’élégance (la photo signée Charles Lang est littéralement à tomber), alliée à une tension allant crescendo jusqu’à son final, n’a définitivement pas pris une ride.
Le Blu-ray
[5/5]
Wild Side Vidéo nous gâte à nouveau aujourd’hui avec la sortie « évènement » de La falaise mystérieuse (The uninvited) dans un nouveau coffret exceptionnel venant grossir les rangs de sa déjà riche collection de coffrets « luxe » dédiés à différents films et réalisateurs – il semblerait que peu à peu, Wild Side soit en train de créer une collection que l’on pourrait comparer à la prestigieuse collection « CRITERION » aux États-Unis.
Cette nouvelle livraison comportera donc comme d’habitude à la fois le film sur support DVD et Blu-ray en version restaurée en 2K. Un poil oublié de nos jours, la redécouverte du film de Lewis Allen est une curiosité bienvenue, d’autant plus agréable qu’elle débarque chez nous sur support Haute-Définition. Le film bénéficie d’ailleurs d’un bien joli upgrade HD. Certes, le master n’est pas parfait, mais la restauration est bien réelle, nous proposant un joli piqué tout en conservant le grain d’origine et une stabilité exemplaire. Tout n’est pas rose bien sûr concernant ce film en noir et blanc : quelques plans, essentiellement nocturnes, marquent quelques baisses de définition, les contrastes auraient pu être mieux gérés (trop denses parfois, ils ont tendance à « boucher » les noirs) ; mais le boulot a été fait -et bien fait- pour que nous puissions découvrir le film dans les meilleures conditions possibles. Du côté des enceintes, VF d’époque et VO anglaise nous sont proposées, en DTS-HD Master Audio 2.0, en mono d’origine évidemment. Les dialogues sont clairs, les ambiances plutôt bien préservées, sans souffle. On notera une domination de la version originale, plus naturelle et plus ample.
En plus d’être un bel objet, le coffret édité par Wild Side n’est d’ailleurs pas avare en suppléments et autres contenus inédits : on trouvera donc sur la galette un long entretien avec Christophe Gans, qui reviendra, pendant presque 50 minutes, sur un film qu’il apprécie visiblement beaucoup. Son analyse est fine, sa passion comme d’habitude communicative, c’est passionnant de bout en bout, jamais la tentation d’appuyer sur le bouton « avance rapide » (pourtant un grand habitué de la section bonus !) ne se fait sentir. Enfin (last but not least comme on le dit dans le Massachussets), le coffret comprend également un joli livret de 40 pages consacré au film. Richement illustré, le texte en est signé Patrick Brion (vous savez, celui dont Le cinéma de minuit semble avoir échappé de justesse au remaniement de la grille du service public début 2016). Un travail éditorial sans faute pour une sortie indispensable !