La Cinémathèque Française à l’été 2016

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Comme tous les ans, la Cinémathèque Française fermera ses portes au mois d’août. Avant ce repos estival amplement mérité, à l’issue d’une saison 2015/16 plutôt mouvementée avec le départ de Serge Toubiana et son remplacement au poste de directeur général par Frédéric Bonnaud, accompagné de quelques mouvements sociaux, la vénérable institution du cinéma sous toutes ses formes nous a concocté un dernier programme pour les mois de juin et juillet en parfaite harmonie avec ses habitudes. Après la reprise traditionnelle de la Semaine de la Critique cannoise, nous aurons ainsi droit à une demi-douzaine de cycles à forte dominante franco-américaine et à connotation plutôt populaire, puisque la saison chaude ne se prête pas forcément à des raisonnements intellectuels trop poussés. L’exposition Gus Van Sant jouera les prolongations jusqu’à la fin du mois de juillet. Enfin, les informations sur la saison 2016/17 sont pour l’instant très rares, puisque l’on connaît seulement le thème de la grande exposition de la rentrée, qui présentera d’octobre à janvier l’évolution extraordinaire des techniques et des images cinématographiques sous le titre « De Méliès à la 3D La Machine Cinéma ».

SemaineDeLaCritique

La reprise de la 55ème Semaine de la Critique ouvre les festivités du 1er au 6 juin inclus. Y seront repris les sept longs-métrages et les dix courts-métrages, ainsi que les séances spéciales, qui composaient cette sélection du Syndicat Français de la Critique de Cinéma à Cannes. Cette invitation à la découverte de premiers ou de deuxièmes films s’articule cette année autour de films venus de Cambodge (Diamond island de Davy Chou), France (Grave de Julia Ducournau), Espagne (Mimosas de Olivier Laxe), Israël (One week a day de Asaph Polonsky), Liban (Tramontane de Vatche Boulghourjian), Singapour (A Yellow bird de K. Rajagopal) et Turquie (Albüm de Mehmet Can Mertoglu). Parmi les séances spéciales figurent le film d’ouverture Victoria de Justine Triet avec Virginie Efira et Vincent Lacoste, Apnée de Jean-Christophe Meurisse, Happy times will come soon de Alessandro Comodin, ainsi qu’un programme de courts-métrages réalisés par Sandrine Kiberlain, Chloë Sevigny et Laetitia Casta.

ChangementsDeTetes

Le cycle thématique « Changements de têtes – De Méliès à David Lynch » s’ouvre le 2 juin avec une conférence de l’enseignante à l’université Paris Diderot Diane Arnaud, dont le livre du même titre était sorti en 2012 aux éditions Rouge Profond. Pendant quatre semaines et en plus de trente films, cette programmation traversera l’Histoire du cinéma de façon à la fois savante et ludique autour des thèmes et motifs des identités multiples. Les réalisateurs qui auront leur mot à dire sur la question fascinante d’un acteur qui interprète plusieurs personnages ou de plusieurs acteurs pour un personnage seront, entre autres et par l’intermédiaire de leurs films, Louis Feuillade (trois épisodes de Fantômas), Georges Franju (Les Yeux sans visage), John Frankenheimer (L’Opération diabolique), Luis Buñuel (Cet obscur objet du désir), Woody Allen (Zelig), David Cronenberg (Faux-semblants), Tim Burton (Ed Wood), David Lynch (Lost highway), John Woo (Volte/face), Milos Forman (Man on the moon), les frères Farrelly (Fous d’Irène), les frères Wachowski (Matrix reloaded), Todd Solondz (Palindromes), Nanni Moretti (Le Caïman), Marina De Van (Ne te retourne pas), Pedro Almodovar (La Piel que habito) et Léos Carax (Holy motors).

JohnHuston

« Prendre ou reprendre chaque film dans sa solitude aventureuse », c’est selon Frédéric Bonnaud tout l’intérêt d’une rétrospective des films du réalisateur américain John Huston (1906-1987), qui « ne cesse de se dérober à notre perception d’un auteur hollywoodien ». 37 longs-métrages du réalisateur seront donc projetés à raison de deux séances par film pendant deux mois, du 8 juin au 31 juillet. C’est l’occasion presque idéale – parce que très peu alimentée par des restaurations numériques – de voir ou revoir les nombreux chefs-d’œuvre signés John Huston, tels que Le Faucon maltais avec Humphrey Bogart, Le Trésor de la Sierra Madre avec Bogart et son père Walter Huston, Quand la ville dort avec Sterling Hayden et Louis Calhern, The African Queen avec Bogart et Katharine Hepburn, Moby Dick avec Gregory Peck, Dieu seul le sait avec Robert Mitchum et Deborah Kerr, Les Désaxés avec Clark Gable et Marilyn Monroe, La Nuit de l’iguane avec Richard Burton et Ava Gardner, Reflets dans un œil d’or avec Elizabeth Taylor et Marlon Brando, L’Homme qui voulut être roi avec Sean Connery et Michael Caine et Les Gens de Dublin avec sa fille Anjelica Huston. Quatre films où John Huston n’a été qu’acteur font également partie de la rétrospective : Le Cardinal de Otto Preminger, Chinatown de Roman Polanski, Le Convoi sauvage de Richard C. Sarafian et Nom de code Jaguar de Ernest Pintoff. Deux conférences permettront d’enrichir l’analyse de la filmographie du réalisateur, la première le 9 juin par Pierre Berthomieu sous le titre « L’œil des monstres Traversée de John Huston » et la deuxième deux jours plus tard sous celui de « Freud, Sartre, Huston et les autres » par Elisabeth Roudinesco, Raymond Bellour et Alexis Chabot, animée par Bernard Benoliel. Enfin, sous réserve de l’accord de la Préfecture de Paris, la Cinémathèque Française organisera une projection en plein air gratuite dans les jardins de Bercy le lundi 27 juin du drame sportif A nous la victoire avec Sylvester Stallone et Michael Caine, l’esprit Euro 2016 oblige.

MelodrameFrancais

Un genre de film prisé par le public, mais plutôt dédaigné par les élites intellectuelles, est à l’honneur à la Cinémathèque Française du 15 juin au 31 juillet. Le mélodrame français sera conjugué alors en plus de cinquante films. Si bon nombre d’entre eux datent d’avant la Deuxième Guerre mondiale, comme Mater Dolorosa de Abel Gance, Pierrot Pierrette de Louis Feuillade, Les Deux orphelines de Maurice Tourneur, Angèle de Marcel Pagnol, Gueule d’amour de Jean Grémillon et Sans lendemain de Max Ophuls, le genre a su se réinventer au fil des années 1940 (Les Amants de Vérone de André Cayatte), ’50 (Le Fruit défendu et Des gens sans importance de Henri Verneuil, ainsi que Madame de … de Max Ophuls), ’60 (Vivre sa vie de Jean-Luc Godard et Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy), ’70 (Corps à cœur de Paul Vecchiali), ’80 (La Femme d’à côté de François Truffaut, Hôtel des Amériques de André Téchiné, Notre histoire de Bertrand Blier, Rosa la rose Fille publique de Paul Vecchiali, Mélo de Alain Resnais et Noce blanche de Jean-Claude Brisseau), voire plus récemment chez Robert Guédiguian (Marie-Jo et ses deux amours) et Emmanuel Mouret (Une autre vie). Des conférences seront consacrées à deux grands auteurs du mélodrame français, Abel Gance (« Les Mélodrames apocalyptiques d’Abel Gance » par Elodie Tamayo le jeudi 16 juin) et Paul Vecchiali (« Paul Vecchiali Mélodies du mélo » par Matthieu Orléan une semaine plus tard).

PatrickGrandperret

Le réalisateur français Patrick Grandperret (*1946) aura droit à deux semaines de rétrospective de fin juin à début juillet. Décrit dans le programme de la Cinémathèque Française comme un « artisan bricoleur, motard et voyageur », il a réalisé sept longs-métrages, dont Mona et moi avec Denis Lavant, Les Victimes avec Vincent Lindon, Le Maître des éléphants avec Jacques Dutronc, Meurtrières avec Céline Sallette et Fui banquero avec Robinson Stévenin, sorti au mois d’avril. Patrick Grandperret a également été producteur, notamment de Quand je serai jeune de Yann Dedet, Morasseix de Damien Odoul et Beau travail de Claire Denis. Plusieurs séances du cycle seront présentées par des collaborateurs du réalisateur, dont Antoine Chappey, Jean-François Stévenin et Florence Thomassin.

WesCraven

Un mois de frissons garantis à la Cinémathèque Française pendant la période la plus chaude de l’année, en juillet. Le regretté réalisateur américain Wes Craven (1939-2015) déploiera tout son talent de maître de l’horreur, puisque ses films en dehors du genre de la terreur sont extrêmement rares (La Musique de mon cœur). Vous pourrez donc vous accrocher à votre fauteuil en salle Langlois – et rarement en salle Franju – au rythme des Freddy, Scream et autres La Dernière maison sur la gauche, La Colline a des yeux, La Créature du marais, L’Emprise des ténèbres qui ressortira en salles le 29 juin et Le Sous-sol de la peur. Une nuit Scream sera organisée le samedi 9 juillet à partir de 21h30 et la conférence de Stéphane Du Mesnildot reviendra sur l’Amérique sauvage selon Wes Craven le jeudi 30 juin.

VilmosZsigmond

Décédé au début de l’année à l’âge de 85 ans, le chef opérateur hongrois Vilmos Zsigmond n’aura finalement droit qu’à un week-end hommage en sept films début juillet. Cela nous paraît un peu mince comme retour sur l’œuvre de ce directeur de la photographie exceptionnel. Car si la Cinémathèque Française montre ses œuvres majeures que sont John McCabe de Robert Altman, Délivrance de John Boorman, L’Epouvantail de Jerry Schatzberg, Rencontres du troisième type de Steven Spielberg, Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino, The Rose de Mark Rydell, Blow out de Brian De Palma et Le Rêve de Cassandre de Woody Allen, elle fait un peu trop vite l’impasse sur ses autres collaborations avec Robert Altman (Images et Le Privé), Mark Rydell (Permission d’aimer, La Rivière et Intersection), Steven Spielberg (Sugarland Express), Brian De Palma (Obsession, Le Bûcher des vanités et Le Dahlia noir), Michael Cimino (La Porte du paradis) et Woody Allen (Melinda et Melinda et Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu), ainsi qu’avec George Miller (Les Sorcières d’Eastwick), Roland Joffé (Les Maîtres de l’ombre), Phillip Noyce (Sliver), Richard Donner (Maverick et Assassins). Sean Penn (Crossing guard), Stephen Hopkins (L’Ombre et la proie), Irwin Winkler (La Maison sur l’océan) et Kevin Smith (Père et fille). Avant sa sortie en salles prévue à l’automne, le documentaire Close encounters with Vilmos Zsigmond de Pierre Filmon fera partie de l’hommage. Il vient d’être montré à Cannes dans la sélection Cannes Classics et sera à ce titre déjà visible à Paris dans le cadre de la reprise aux Fauvettes les 2 et 7 juin. Enfin, cinq confrères de Vilmos Zsigmond viendront présenter des séances : Pierre-William Glenn, Tom Harari, Bruno Delbonnel, Olivier Chambon et Jonathan Ricquebourg.

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