Chant d’hiver
France, Géorgie : 2015
Titre original : –
Réalisateur : Otar Iosseliani
Scénario : Otar Iosseliani
Acteurs : Rufus, Amiran Amiranashvili, Mathias Jung, Enrico Ghezzi
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h56
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie cinéma : 25 novembre 2015
Date de sortie DVD : 10 mai 2016
Le film
[3/5]
Croyez moi, il serait totalement vain d’essayer de raconter Chant d’hiver à un ami. Plus judicieux serait de lui parler de ce que dégage le film, de son côté à la fois foutraque et sympathique, de ses longueurs et de ses fulgurances, de tout ce qui fait qu’on peut le résumer par une banalité : « c’est un film d’Otar Iosseliani ». Un réalisateur géorgien de 82 ans qui vit en France depuis 34 ans et qui a toujours produit un cinéma poétique qui n’est pas sans rappeler Jacques Tati et Pierre Etaix. Dans Chant d’hiver, il parcourt les époques en commençant, brièvement, par la décapitation d’un noble, fumeur de pipe, en pleine Révolution française, en continuant, un peu plus longuement, par un épisode de guerre en Géorgie et en passant la plus grande partie du film dans un Paris contemporain, regardé à la fois avec tendresse et un joyeux mélange d’optimisme et de nostalgie. Iosseliani met en scène une galerie de personnages qui, habitant dans le même quartier, ne cessent de se rencontrer. Il y a là un duo d’aristocrate déchus : l’un est devenu concierge d’un immeuble et il vend des armes pour financer l’achat de livres anciens, l’autre s’inquiète d’un château qu’il ne peut plus entretenir. Il y a un ethnologue collectionneur de crânes, une bande de jeunes très bien organisée en matière de vol à la tire, un préfet libidineux et sans pitié, une violoniste qui n’aime pas « l’hymne à la joie », des forces de l’ordre et des SDF, sans arrêt pourchassés ! Et d’autres, encore. On boit de la vodka, on fustige la bagnole et le téléphone portable. Parfois, dans une rue, une porte s’ouvre au milieu d’un mur et donne accès à un jardin enchanteur. Non, on ne regarde pas Chant d’hiver en espérant pouvoir le raconter, on le regarde en goutant la liberté que ce film dégage tout en s’en faisant le chantre. Dans ce contexte, la scène la plus emblématique est sans doute celle où le concierge et son ami expliquent à un jeune homme comment s’y prendre pour conquérir le cœur de la violoniste dont il est amoureux.
Le DVD
[4/5]
Comme d’habitude chez Blaq Out, ce DVD est de très bonne qualité. Aucun souci au niveau de l’image, le son étant lui disponible en 2.0 et en Dolby Digital 5.1. Autre choix possible : avec ou sans les sous-titres pour sourds et malentendants. Le film est accompagné de 3 suppléments : dans son interview de 19 minutes, Otar Iosseliani parle (dans un excellent français) un peu de Chant d’hiver et beaucoup de sujets qui lui tiennent à cœur : de l’éternel optimisme qui l’habite, de l’utilisation de la musique dans les films (les siens et ceux des autres), de son besoin de travailler avec des storyboards, de la censure qui l’a poussé à utiliser les plans séquence plutôt que les champs-contrechamps, de ses réalisateurs préférés, d’Eisenstein, le grand menteur, de son rejet du communisme pratiqué en Union Soviétique et d’un certain manque de liberté qu’il a découvert en arrivant de l’autre côté du rideau de fer. Suit une interview de Rufus qui dure 9 minutes et dans laquelle il évoque le mode de travail de Iosseliani qui l’a amené à ne comprendre Chant d’hiver que lorsqu’il l’a vu, à l’occasion du Festival de Locarno. Il explique aussi pourquoi le réalisateur pense qu’il est toujours préférable de boire cul sec les boissons fortement alcoolisés. Troisième supplément : 16 planches de storyboard, chacune étant proposée pendant 5 secondes.
Ce DVD est disponible, entre autre, directement chez Blaq Out.
Test DVD : Chant d’hiver: On retrouve dans « Chant d’hiver » les fondamentaux du cinéma de Iosseliani : sa faço… https://t.co/Ja3vw8UkgL