Critique : Le Livre de la jungle (Jon Favreau)

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le_livre_de_la_jungle affiche 2016Le Livre de la jungle

Etats-Unis, 2015
Titre original : The Jungle Book
Réalisateur : Jon Favreau
Scénario : Justin Marks, d’après l’oeuvre de Rudyard Kipling
Acteurs : Neel Sethi et les voix de Lambert Wilson, Eddy Mitchell (vf), Bill Murray, Idris Elba, Scarlett Johansson (vo)
Distribution : The Walt Disney Company France
Durée : 1h46
Genre : Aventures
Date de sortie : 13 avril 2016

Note : 3/5

Après Blanche Neige, Maléfique et Cendrillon, Disney continue sa croisade d’adaptations live des grands succès animés qui ont fait son ancienne popularité avec Le Livre de la Jungle. Outre le doublage orchestré par de grandes stars telles que Bill Murray, Scarlett Johansson ou Christopher Walken, la réalisation a été confiée à Jon Favreau, le papa sur grand écran de Iron Man. Une fine équipe donc (il n’en fallait pas moins) pour adapter le roman culte de Rudyard Kipling.

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Synopsis : Les aventures de Mowgli, un petit homme élevé dans la jungle par une famille de loups. Mais Mowgli n’est plus le bienvenu dans la jungle depuis que le redoutable tigre Shere Khan, qui porte les cicatrices des hommes, promet d’éliminer celui qu’il considère comme une menace. Poussé à abandonner le seul foyer qu’il ait jamais connu, Mowgli se lance dans un voyage captivant, à la découverte de soi, guidé par son mentor la panthère Bagheera et l’ours Baloo. Sur le chemin, Mowgli rencontre des créatures comme Kaa, un pyton à la voix séduisante et au regard hypnotique et le Roi Louie, qui tente de contraindre Mowgli à lui révéler le secret de la fleur rouge et insaisissable : le feu.

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La jungle, personnage à part entière

Ce qui frappe avant tout dans ce nouveau Livre de la Jungle est l’esthétique renversante des images reposant sur des images de synthèse même si la photographie de Bill Pope (qui a surtout travaillé avec Mike Leigh) et la mise en scène de Jon Favreau ont de quoi époustoufler. L’animation des animaux est très naturelle, les décors sont somptueux, les effets spéciaux de qualité et les scènes d’action bien dirigées. Visuellement le long métrage est complètement abouti. La jungle devient un personnage à part entière permettant aux multiples protagonistes de s’épanouir. Les différents personnages, bien écrits, traités en profondeur avec pertinence et intérêt sont réellement passionnants et surtout très attachants. Chacun des héros cultes qui ont bercé notre enfance dans le film d’animation de 1967 sont fidèlement retranscrits, Jon Favreau leur rendant un appréciable hommage. Que ce soit Mowgli, Baloo, Bagheera ou Shere Khan chacun d’eux a la possibilité d’évoluer et de déchaîner les sentiments, gagnant en charisme grâce au doublage des voix chaudes et percutantes de l’équipe de doublage. Au delà de cet aspect assez formel le traitement de fond n’est pas à négligé non plus : les enjeux sont intéressants, les rapports de force bien présentés et Jon Favreau apporte une notion de hiérarchisation des animaux au sein de la jungle réadaptée et modernisée.

Ainsi le spectateur assiste à un véritable rapport de pouvoir permanent entre clans, individus, animaux, le tout dicté par une sorte de loi semblable au code des pirates dans Pirates des Caraïbes, tout une codification de lois qui s’apparente en fait plus à une sorte de guide qu’à un véritable recueil législatif. Le Livre de la Jungle s’apparente parfois presque à un film de super héros revisité, où Mowgli serait le jeune apprenti à la recherche de soi, le reste des personnages étant des individus dotés de capacités extraordinaires, leur rôle dans l’équation étant d’aider ou de faire sombrer Mowgli. Jon Favreau n’omet pas de travailler le personnage principal de cet enfant abandonné recueilli par la forêt elle-même autant que par ses habitants. Le réalisateur met en place tout un cahier d’enjeux sur l’expérience de la découverte de soi, des traditionnels questionnements quant à l’appartenance familiale, notre acceptation au sein de la société ainsi que l’approbation de sa propre personne dans son « moi » profond et non dans un formatage sociétal encombrant.

THE JUNGLE BOOK

La jungle, et ses réserves

Le Livre de la Jungle version Favreau souffre malheureusement des banals défauts des blockbusters hollywoodiens. Le montage est parfois trop vif, ne laissant pas réellement le temps à l’image de s’exprimer ni même au spectateur de profiter de la prodigieuse palette de formes et de couleurs qui s’ouvre devant lui. L’apport de ce code énoncé plus haut est paradoxalement à double tranchant, Jon Favreau n’utilisant pas un dosage adéquat, les personnages se retrouvent à ressasser en permanence leurs lois qui finissent par devenir agaçantes et lourdes, amenées dans des moments de tension et créant des ruptures de ton détestables. Une tension qui ne s’affirme pas assez avec un combat final, censé être l’apothéose tant attendue, s’avérant fade, classique, cliché, inutilement théâtral, avec une surenchère de situations complexes et dangereuses pour le héros qui bien évidemment va pouvoir s’en défaire d’une pirouette in extremis. Affaibli par un manque d’inspiration, ce final laisse un léger goût amer qui ne reflète pas les enjeux mis en place auparavant au cours de l’intrigue. Malgré un méchant charismatique et convaincant, celui-ci se retrouve relégué au second plan, bien trop absent de l’écran, au même titre que Kaa, certainement le serpent le plus culte de l’histoire de l’animation mais son inoubliable hypnotisation n’a le droit qu’à deux minutes d’images dans le long métrage.

Le Livre de la jungle Neel Sethi Mowgli

Conclusion

À condition de faire fi du happy end inévitable, Le Livre de la Jungle est un divertissement de qualité, rien de moins certes, mais rien de plus non plus… Rappelons qu’Andy Serkis signera lui aussi une nouvelle adaptation, en motion capture, de ce classique de la littérature et du cinéma pour jeune public.

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