Festival de l’Alpe d’Huez 2016 : bilan au sommet (1/3)

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Oyé Oyé!!! Voici le bilan sur la sélection officielle de la 19ème édition du festival du film de comédie de l’Alpe d’Huez (longs métrages en compétition et hors compétition) portant sur ceux sortis entre le 27 Janvier et le 24 Février 2016. Et, comble du comble, le florilège de films est 100% français cette année…

Attention, piste noire !

festival alpe huez 2016


les tuche 2 affiche1) Les Tuche 2-Le rêve américain (Sélection officielle, hors compétition – Film d’ouverture) (0.5/20)

France, 2016
Titre original : –
Réalisateur : Olivier Baroux
Scénario : Nessim Chikhaoui, Benjamin Morgaine, Lionel Dutemple, Julien Hervé et Philippe Mechelen
Acteurs : Isabelle Nanty, Jean-Paul Rouve, Claire Nadeau, Sarah Stern, Théo Fernandez et Pierre Lottin
Distribution : Pathé
Durée : 1h35
Date de sortie : 3 février 2016

 

Synopsis: À l’occasion de l’anniversaire de « coin-coin », le benjamin de la fratrie, la famille Tuche part le retrouver aux États-Unis : les choses ne vont pas se passer comme prévu, mais alors pas du tout.

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Les Tuche 2/20!

Plusieurs question nous brûlent les lèvres: Est-ce que Les Tuche, sorti il y a quatre ans et demi, méritait une suite? Est-ce que le succès était suffisant pour enclencher la fabrication d’un nouvel opus? Etait-ce une bonne idée de la faire? Immanquablement, les réponses sont NON!! Allez Marty, remontons au 1er Juillet 2011 Le long métrage est un succès relatif puisqu’il réalise 1 534 491 entrées pour un budget de 11 millions d’euros et une rentabilité de 89%. Une semaine plus tard, Case départ, comédie sympathique menée par Fabrice Eboué et Thomas Ngijol les coiffe au poteau avec 1 800 000 entrées sur une combinaison de salles moins importante, une aura moins importante auprès du public que le couple star des Tuche, pour un budget de 7.35 millions d’euros et une rentabilité de 155%. Donc, sans être passé inaperçu, Les Tuche, n’a pas été un succès fulgurant et il faut bien avouer que le public a préféré une comédie plus originale et plus drôle que les aventures convenues et navrantes de cette famille du Nord. Alors, pourquoi une suite? Eh bien tout simplement parce que son prédécesseur a rassemblé 8.3 millions de téléspectateurs sur TFI en 2014 et que l’avenir a encore plus donné raison aux producteurs puisque la dernière diffusion du 7 Février 2016 a réuni 8.5 millions de personnes devant leurs télévisions. Incompréhensible au vu du résultat, une « comédie » sensée être drôle en se moquant des petites gens sans l’inspiration et la folie des frères Farrelly, par exemple. Et c’est reparti pour un tour avec cette suite bâclée et totalement identique à son triste modèle. Pas étonnant que la première chaîne européenne ait la priorité sur les diffusions télévisuelles et, du même coup, soit un des investisseurs sur les deux projets, tant ils puent le formatage!

Ce qui frappe surtout c’est que quatre des cinq scénaristes sont des anciens des Guignols de l’info sur Canal Plus et qu’il est clair qu’ils ont fumé la moquette en pondant ce deuxième étron à peine digne, sur tous les points, d’un épisode de Camping Paradis. C’est d’autant plus impensable venant d’eux puisqu’ils étaient des professionnels de la caricature de la société et de la politique internationale, avant de se faire virer par la chaîne cryptée. Les personnages et leur enjeux n’existent jamais alors qu’ils ont les moyens financiers de les réaliser. La fille, Stéphanie Tuche (Sarah Stern) veut devenir une star du cinéma et tombe dans les filets d’un agent véreux, le fils aîné, Wilfried, (Pierre Lottin) a des envie de rap et d’amour homosexuel et, le benjamin, Donald souhaite intégrer une grande école américaine. Mais que leur arrivent-ils? On ne le saura jamais, TOUT LE MONDE S’EN FOUT! Il faudra se contenter d’une suite de sketchs, de jeux de mots et calembours dignes de l’Almanach Vermot (« Les Amish de mes Amish sont mes Amish » ou, en parlant de leur fils homosexuel: « -Il faut qu’il aille de l’avant! -Bah là, ça serait plutôt par derrière! » LOL). La pauvreté des dialogues, le scénario au ras du bitume et la bêtise crasse des personnages n’arrivent jamais à un centimètre de la cheville d’Affreux sales et méchants, référence dans le genre du regretté Ettore Scola.

Heureusement, Isabelle Nanty et Jean-Paul Rouve ont un passé télévisuel qu leur a permis de rôder leur rôle usé jusqu’à la corde (dans Fais pas ci, Fais pas ça pour Nanty et dans les sketchs Radio Bière Foot avec Les Robins des bois, pour Rouve) et, par conséquent, apportent un brin de sympathie à l’ensemble, nous empêchant ainsi de quitter la salle. Ah, Claire Nadeau en grand mère alcoolique a aussi suffisamment de bouteille (sans mauvais jeu de mots!) pour donner un peu de corps à un rôle consistant uniquement à déblatérer des choses incompréhensibles et à boire des coups, uniques running-gags du long métrage. Mais, les comédiens interprétant les enfants sont énervant à force de vouloir en rajouter dans l’incarnation de personnages types stéréotypés à l’extrême pour lesquels on n’en saura pas plus… A part pour le fils qui va se marier avec un jardinier espagnol et pour le couple qui se dispute en milieu de film et se réconcilie à la fin comme dans la plupart des comédies françaises, donnant lieu à un happy end plein de guimauve. Le film ne prend jamais en compte l’intelligence du spectateur et sa capacité d’adaptation et préfère lui servir une rasade de sketchs sans lien et, surtout, sans âme. Il faut un minimum d’enjeux résolus et de psychologie des personnages dans ce genre de production qui se déroule dans un univers réaliste. Evidemment, il faut une dose de folie, d’ironie et d’insolence mais ici, ils s’agit simplement de la continuité des émissions Touche pas à mon poste ou Les enfants de la télé où les stars semblent se faire plaisir sans penser aux spectateurs. Mais ça cartonne ma bonne dame, pourquoi est-ce que les équipes s’emmerderaient à se creuser la tête!? Surexposé, avec une image criarde, une caméra pépère et des artifices pour donner un semblant de dynamisme à cette purge, Olivier Barroux pond un produit télévisuel bouffé par les références attendues et pas drôles (Star Wars, La petite maison dans la prairie, etc). On prend littéralement le spectateur type comme un bouffeur de pop corn, avide de vannes Carambar d’un autre temps, à raconter dans la cour de récré ou au bureau.

Conclusion

Au bout de 10 minutes, on a tout compris et on sait comment ça va se dérouler de A jusqu’à Z. Sans imagination ni invention, Les Tuche 2 est un remake du premier aux Etats-Unis et on sent qu’avec ce concept passe-partout et des histoires aussi pauvres, ils peuvent mal torcher dix autres suites! Lorsque l’on voit le nom d’Arthur Essebag (qui n’est autre qu’Arthur, présentateur de TF1, Jacques Essebag se vrai nom qui a préféré mêler son surnom et son véritable nom pour faire plus cool, à l’américaine mec!) en tant que producteur associé du crime en question, ça finit de nous achever. Un certain cinéma comique français sans inspiration et sans envie qui mise trop sur le besoin de faire rire n’importe comment, au contraire de La tour de 2 contrôle infernale qui, lui, prend des risques. Trop peut-être, au vu du bide qu’il réalise en ce moment, laissant ainsi un boulevard à cette daube sans saveur à éviter de toute urgence!


 

encore heureux affiche2) Encore Heureux (Séléction officielle, en compétition) (2,5/5)

France, 2016
Titre original : –
Réalisateur : Vincent Garenq
Scénario : Mika Tard, Déborah Saiag, Benoît Graffin et Nicolas Bedos
Acteurs : Sandrine Kiberlain, Edouard Baer, Bulle Ogier, Carla Besnaïnou, Mathieu Torloting, Guilaine Londez
Distribution : Europacorp Distribution
Durée : 1h33
Date de sortie : 27 janvier 2016

 

Synopsis: D’accord, Marie est un peu fatiguée de l’insouciance de son mari Sam, cadre sup au chômage depuis 2 ans. D’accord, elle est très tentée de se laisser séduire par ce bel inconnu qui lui fait la cour. D’accord, il y a aussi le concours de piano de sa fille… Si cet équilibre dingue et léger tient à peu près debout, un événement inattendu jette toute la famille sur un chemin encore plus fou.

encore heureux 01

Mi figue-Mi raisin (Avé l’accent!)

Voila un film qui n’est pas tout à fait ce qu’il aurait pu être… Explication! Le réalisateur, Benoit Graffin, prend clairement la route de la comédie italienne grinçante en présentant une famille foldingue (pas le film avec Eddie Murphy, hein!) qui tente de cacher le corps d’une femme âgée. Le potentiel de ce scénario emmène des dialogues savoureux très fins, qui ne font pas mots d’auteur périmés. Et pourtant, je déteste Nicolas Bedos lorsqu’il se produit en tant que « sniper » sur les plateaux de télévision mais il faut bien lui reconnaître un talent d’auteur indéniable, capable d’écrire des textes à la fois cinglants et tendres. Pour les incarner, le cinéaste a choisi Edouard Baer et Sandrine Kiberlain qui s’amusent et s’en donnent à coeur joie, tout en donnant de l’épaisseur à des personnages déjà mis en scène mille fois ailleurs. Les seconds rôles sont également travaillés et mis en valeur par les interprétations des deux enfants, de Bulle Ogier et Guilaine Londez. Tout ces éléments se lient plutôt bien parce que, justement, tout est conçu pour que les personnages aient un rôle bien défini et précis dans l’histoire, en montrant leur fêlures, qualités, leurs psychologies et relations communes. Leur amour, leur fraternité et leur générosité transpirent à chaque plan pour notre plaisir et nous les rend, finalement, très attachants.

Mais, là où le bât blesse, c’est lorsque Graffin décide d’insuffler à son film une réalisation bordélique qui souhaite retranscrire directement le bordel dans lequel sont plongés les personnages. Malheureusement, ça ne fonctionne pas et, finalement, on retient surtout les coupes hasardeuses et les changements d’axe sans logique. La photographie terne, une caméra tremblotante et le manque d’envergure technique global n’arrangent rien! Benjamin Biolay est toujours aussi inexpressif et son rôle est creux, on ne saura jamais ce qu’il devient et ce qu’il apporte à l’histoire. Ah si, il aide la famille protagoniste en raison de son amour pour la maman qui n’est pas assez fort pour être touchant ou captivant et, du coup, Biolay et son intrigue amoureuse ne sont pas crédibles et servent de simple liant scénaristique inutile. L’ensemble n’étant pas assez fou, politiquement incorrect et iconoclaste, cela reste un sage essai de transgression et d’hommage à un genre qui n’est pas complètement compris, ici. Il aurait fallu rester mordant jusqu’au bout et de ne pas s’achever sur des rebondissements un peu forcés et une morale petite bourgeoise qui gâchent le potentiel azimuté de cette comédie.

Conclusion

Outre un excellent casting et des répliques cinglantes, Encore heureux est trop gentillet et bâclé techniquement pour totalement emballer. Un gentil essai, à voir pour des intentions sincères et le plaisir débordant et communicatif de chacun mais qui reste un projet trop survolé pour être totalement honnête.


 

joséphine s'arrondit affiche3) Joséphine s’arrondit (Sélection officielle, en compétition)  (1/5)

France, 2016
Titre original : –
Réalisateur : Marilou Berry
Scénario : Marilou Berry et Samantha Mazeras
Acteurs : Marilou Berry, Mehdi Nebbou, Sarah Suco, Vanessa Guide, Medi Sadoun, Josiane Balasko
Distribution : Studiocanal
Durée : 1h34
Date de sortie : 10 février 2016

 

5 minutes de plaisir, 1h30 d’emmerdes!

joséphine s'arrondit 01

La photo illustre très bien la position dans laquelle je me suis retrouvé en matant ce navet! En position presque foetal, l’air mauvais et le regard dans le vide, j’ai espéré pendant 1h34 qu’un miracle arrive. Mais absolument rien ne se produit à part quelques sourires désespérés et une reconnaissance de l’envie de bien faire de Marilou Berry. Etant la fille de Josiane Balasko et née en 1983, elle est, dans tous les sens du terme, une enfant du Splendid, ayant pu ainsi se nourrir de l’âme créative et hilarante de cette troupe, pour sa première expérience derrière la caméra. Mais, il n’en est rien! Décidant de faire une suite à un succès relatif (Joséphine réalisé par Agnès Obadia, sorti en juin 2013 avec tout juste 600 000 spectateurs au compteur), que je n’ai pas vu et que je ne verrai sans doute jamais tant ce second volet m’a déplu. Tout ici est vulgaire, centré sur le sexe en général, la scatophilie et l’urophilie, grands classiques de la comédie française actuelle. Et ce n’est pas la meilleure amie qui parle de sa « schneck » en permanence ou le mime de l’acte sexuel avec une mangue, un couteau à huîtres et de la chantilly qui vont arranger les choses! Les personnages sont paumés mais leurs enjeux sont creux ou inexistants et, dès lors, on s’en fout de savoir si sa meilleure ami va « décoincer sa schneck! » (dialogue véridique!) ou que le compagnon de Joséphine va avoir une promotion puisque le scénario suit la trame bateau: épreuves dues à la grossesse-engueulade-réconciliation-accouchement.

Sauf qu’elle ajoute à cela une hystérie qui n’était pas nécessaire, qui ne se justifie pas et qui prouve que la réalisatrice ne maîtrise pas la folie. Pourquoi faire gober une pilule de LSD au futur papa? Pourquoi Joséphine va-t-elle en Normandie avec ses amis alors qu’elle est sur le point d’accoucher? Pour sauver les meubles d’un film qui recycle les images les plus consensuelles et les plus clichées de la grossesse. Et, surtout, l’accouchement final qui donne toujours lieu à des scènes interchangeables toujours centrées sur les mêmes ressorts du père excité et de la mère sur les nerfs comme dans Neuf mois, par exemple. Sauf qu’ici, nous n’avons pas droit au génie comique de Pascal Légitimus mais plutôt aux pires heures d’un vaudeville sous cocaïne, à peine sauvé par ses comédiens.Tiens, parlons-en des comédiens! Mehdi Nebbou et Marilou Berry rivalisent de cabotinage qui donne lieu à des scènes surjouées ou parasitées par un jeu très faux. Par exemple, Nebbou en fait des caisses et semble toujours à côté de la plaque sur les émotions qu’il doit jouer.

Les personnages secondaires dont ceux de la soeur et de la bonne copine sont incarnées avec amusement par Vanessa Guide et Sarah Suco qui nous procurent un peu de plaisir. Quant aux autres, ils sont transparents, ne sont que de pures vignettes (l’homosexuel, la mère seule et dépressive, le gynéco beau gosse) ne peuvent donc pas exister, ils n’ont rien à défendre et leur destin est creux. A noter, d’ailleurs, la prestation éclair de Patrick Braoudé qui doit prononcer à peine trois phrases, un comble pour un hommage! Pourtant, le grand running gag des comédies hexagonales du moment est de faire toujours dire la même chose aux personnages. Ainsi, celui de Josiane Balasko qui incarne la mère de Joséphine (ouah quelle inventivité dans le casting!) a toujours les mêmes obsessions et les mêmes réflexions, tout comme sa fille qui ne cesse de répéter qu’elle n’est « pas grosse mais enceinte!!! ». Bref, point de finesse et de surprise, pour une comédie balourde à oublier très vite. On remarquera simplement quelques mouvements de caméra et artifices sympathiques durant les dix premières minutes qui ne résisteront pas à un film taillé pour le prime time et qui doit répondre à un cahier des charges, sans inspiration ni intelligence.

Conclusion

Même avec la meilleure volonté du monde et une envie folle de bien faire, la cinéaste en herbe se plante sur tous les points, en confondant rythme, précipitation et hystérie. Elle ne s’inspire jamais des délires passés de sa mère (Le Père Noel est une ordure ; Papy fait de la résistance, etc) écrits avec ses camarades du Splendid, préférant l’humour gras et bas du front des Bronzés 3. enfin, elle dénature la bande dessinée d’origine en lui conférant un aspect beauf et tape à l’oeil.

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