Le chant du merle
France : 2015
Titre original : –
Réalisateur : Frédéric Pelle
Scénario : Frédéric Pelle, Orlanda Laforêt
Acteurs : Adélaïde Leroux, Nicolas Abraham, Myriam Boyer, Patrick d’Assumçao
Distribution : JML Distribution
Durée : 1h20
Genre : Drame, romance
Date de sortie : 16 mars 2016
Note : 3/5
Après des études de commerce et une reconversion dans le cinéma qui l’a amené à devenir l’assistant de René Féret, puis à réaliser 6 court métrages tous adaptés de nouvelles écrites par l’écrivain américain Stephen Dixon, Frédéric Pelle a réalisé en 2010 son premier long métrage, La tête ailleurs. Six ans plus tard, il présente son 2ème long métrage, un film dont il a écrit le scénario avec sa compagne Orlanda Laforêt et qui est dédié à René Féret, lequel avait apporté sa pierre à l’écriture des dialogues peu de temps avant de décéder, en avril 2015.
Synopsis : Aurélie est serveuse dans un hôtel restaurant en Corrèze. Elle partage son temps entre son travail, le club d’ornithologie, le vieux monsieur dont elle s’occupe et sa mère avec qui elle vit. Discrète, fragile, elle attend que quelque chose arrive dans sa vie. Un jour, François, un représentant de commerce charmeur et mystérieux s’intéresse à elle.
Séduite et puis ?
A mi-chemin entre Brive et Tulle, Aubazine, un petit village de Corrèze, avec un hôtel restaurant réputé, l’hôtel restaurant de la Tour. C’est là que travaille comme serveuse Aurélie, une jeune femme sans histoire dont les occupations tournent autour de son travail, du club local d’ornithologie, du père du patron de l’hôtel qu’elle accompagne dans ses promenades dans la campagne et de sa mère avec qui elle vit. Cette vie sans grand relief va se trouver métamorphosée par l’arrivée dans l’hôtel de François, un représentant de commerce charmeur et grand artiste dans l’art d’embobiner les gens, et, tout particulièrement, les jeunes femmes naïves et pleines d’illusion ! Mais, après tout, pourquoi donc Aurélie ne croirait-elle pas François lorsqu’il lui fait miroiter un départ en duo vers Abidjan où le couple s’occuperait d’un petit restaurant sur la plage ? L’amour ne va-t-il pas jusqu’à entraîner sur une mauvaise pente un parangon de vertu !
Ancré dans la réalité
Dans le monde de la littérature, un roman racontant les tourments d’une jeune femme naïve séduite par un bel homme au bagou bien affirmé aurait toutes les chances d’entrer de plain-pied dans un genre ne jouissant pas d’une grande estime, le roman de gare. Le chant du merle serait-il un « film de gare » ? Pas vraiment ! Ne serait-ce que par le côté presque documentaire de ce film, dont le scénario s’inspire de la véritable histoire d’une serveuse d’un hôtel restaurant de la France profonde qui existe dans la vraie vie et dans lequel Le chant du merle a été tourné. De même, ce n’est pas un caprice de scénariste qui fait d’Aurélie un membre assidu d’un club d’ornithologie : la Ligue de Protection des Oiseaux est bien présente à Aubazine et l’ornithologue Jean-Michel Teulière, qu’on voit animer un atelier d’observation des oiseaux, jouit d’une grande réputation dans tout le Limousin. Quant à la virée nocturne à Brive, elle met en scène Derek Ward et Jacky Patpatian, dans une interprétation de « How Long », blues de Leroy Carr : Derek et Jacky sont deux vraies personnalités de la scène musicale locale. C’est sur ce fond de réalisme, mettant en avant une jeune femme discrète qui rêve, sans même s’en rendre compte, d’une vie plus exaltante, qu’intervient François, un homme finalement très ordinaire, un homme qui, tout bêtement, sans être un véritable salaud pour autant, ne voit pas ce qu’il peut y avoir de mal à profiter le plus longtemps possible d’une position avantageuse.
Des pros, des amateurs
Lorsqu’on tourne un film dans un village dans lequel on a pris l’habitude de venir passer quelques jours une ou deux fois par an, ce serait une erreur d’arriver avec un casting au complet, avec des comédiens venus d’ailleurs qui occuperaient tous les rôles en ne laissant pas la moindre miette aux autochtones. Cette erreur, Frédéric Pelle ne l’a pas commise. C’est ainsi qu’on retrouve à l’écran le serveur et le maître d’hôtel de l’hôtel de la Tour. Le personnage de Monsieur Verlhac père, qu’Aurélie accompagne régulièrement dans ses promenades autour d’Aubazine, a été inspiré par Mr Lachaud, le père du propriétaire de l’hôtel, un vieil homme aujourd’hui décédé et dont le rôle est tenu par Pierre Bouysset, un habitant du village qui connaissait bien celui qui lui sert de modèle.A contrario, il n’y avait rien de choquant à faire appel à des comédiens professionnels pour les rôles principaux. Encore fallait-il bien les choisir ! Le choix le plus important ? Celui de la comédienne chargée d’interpréter le rôle d’Aurélie, présente dans presque tous les plans et devant donc se mettre en avant tout en se montrant d’une grande retenue, tout à la fois naïve et timide. Ce « cahier des charges », Adélaïde Leroux le remplit parfaitement. Pour interpréter le rôle de François, le réalisateur n’a pas eu à chercher très loin : il a pris Nicolas Abraham, un ami à lui qui a joué dans tous ses films et qui n’a pas eu de mal à se glisser dans la peau de cet homme dont le charme arrive à jouer tout autant sur le spectateur que sur Aurélie, quand bien même il est difficile d’être totalement dupe quant à la sincérité de ses sentiments. Parmi les autres rôles tenus par des comédiens professionnels, on remarque Myriam Boyer dans le rôle de la mère d’Aurélie et Patrick d’Assumçao dans celui de Monsieur Verlhac, le patron de l’hôtel. Ce dernier, Frédéric Pelle l’avait repéré au théâtre mais aussi dans L’inconnu du lac d’Alain Guiraudie.
Conclusion
D’une durée réduite (80 minutes), Le chant du merle est un « petit » film très attachant, ce genre de film plus riche qu’il n’y parait et qui, longtemps après qu’on l’ait vu, reste bien présent dans la mémoire. Son réalisateur a particulièrement bien réussi à intégrer les comédiens professionnels dans la vraie vie du cadre très « France profonde » dans lequel le film a été tourné : un petit village de Corrèze et son hôtel restaurant, qui accueille aussi bien touristes de passage que représentants de commerce.
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