Critique : Creed – L’Héritage de Rocky Balboa

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creed afficheCreed – L’Héritage de Rocky Balboa

Etats-Unis, 2015
Titre original : Creed
Réalisateur : Ryan Coogler
Scénario : Ryan Coogler, Aaron Covington, d’après les personnages créés par Sylvester Stallone
Acteurs : Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Tessa Thompson
Distribution : Warner Bros. France
Durée : 2h14
Genre : Drame
Date de sortie : 13 janvier 2015

Note : 3,5/5

Après huit ans d’absence, Sylvester Stallone reprend son rôle culte de Rocky Balboa (non, Match Retour ne compte pas), boxeur talentueux, attachant et fidèle à ses origines. Huit ans déjà que Stallone n’était pas revenu dans la peau de son double cinématographique, ce qui suffisait à intriguer un public excité à l’idée de voir le dernier round de Rocky.

SylvesterStallone

Synopsis : Adonis Johnson n’a jamais connu son père, le célèbre champion du monde poids lourd Apollo Creed décédé avant sa naissance. Pourtant, il a la boxe dans le sang et décide d’être entraîné par le meilleur de sa catégorie. À Philadelphie, il retrouve la trace de Rocky Balboa, que son père avait affronté autrefois, et lui demande de devenir son entraîneur. D’abord réticent, l’ancien champion décèle une force inébranlable chez Adonis et finit par accepter…

 

creed michael b jordan

Le metteur en scène joue avec la nostalgie de son spectateur

Ryan Coogler revient ici avec son poulain Michael B Jordan, déjà tête d’affiche de son premier film, Fruitvale Station, pour signer le reboot de la saga Rocky avec en tête de distribution Adonis, fils de Appolo Creed, ancien ennemi, puis ami, disparu, de l’étalon italien. Coogler modernise la saga et dépoussière le film de boxe avec une mise en scène de qualité, ponctuée de plans inspirés, de travellings efficaces et de quelques plans séquences bien sentis. A la manière de Fighter, Creed n’est pas réellement un film de boxe, bien que les combats mis en scène soient sidérants, il s’agit avant tout d’un film relationnel autour de la boxe. Les personnages, intéressants et bien traités sont l’essence même du long métrage, la boxe n’étant qu’un décor, un prétexte aux tribulations et rebondissements qui placent les protagonistes dans des situations de confrontation, de dépassement de soi, de combat perpétuel contre les aléas de l’existence. Coogler parvient à faire du neuf avec du vieux, crée avec une esthétique impeccable un divertissement profond agrémenté de délectables combats impressionnants et bien filmés. Le metteur en scène joue avec la nostalgie de son spectateur, le contraint à se rappeler des aventures passées tout en regardant les nouvelles avec un œil aguerri et obstinément ouvert. Michael B Jordan offre une prestation musclée, épatante de sincérité et de conviction, un rôle qu’il a su s’approprier avec classe et talent. La bande originale ajoute une jolie touche à une œuvre étonnamment excellente.

 

creed stallone michael b jordan 2

La nostalgie Rocky

Mais parlons un peu de Rocky Balboa, le personnage culte de Sylvester Stallone, emblématique de se carrière. Nominé aux Oscar et gagnant des Golden Globes pour ce nouveau film, il a démontré qu’il pouvait encore interpréter ce personnage sans difficulté, avec même une conviction inébranlable et touchante qui aurait pu disparaître avec le temps. Lorsqu’il interprète Rocky, il semble dévoiler une part de lui-même et présenter sa véritable personnalité, bien loin des gros fusils des Expendables et autres divertissements d’action. Il apparaît ici sous un jour très louable, plus profond, plus touchant. Son interprétation est subtile et émouvante. Très attendrissant, il dégage une impression de sécurité, discrètement chaleureuse, et est finalement à lui tout seul l’allégorie de toute une vie. Rocky, blessé intérieurement, vieillissant extérieurement, regarde sa gloire passée, regrette ses proches, se laisse aller à une solitude négative. Dans Creed, Rocky devient une analyse du temps qui passe, un regard nostalgique et réaliste sur le sens de la vie, sur les souvenirs, l’interaction entre le passé et l’avenir et l’éternel recommencement cyclique de l’existence humaine. Creed est un copier – coller du premier Rocky à la différence près que Michael B. Jordan en est désormais le protagoniste, une manière de montrer que chaque être humain aspire aux mêmes ambitions, Stallone devient alors un personnage secondaire, comme un passage de relais. Authentique, l’acteur donne une nouvelle épaisseur à son personnage via la nostalgie, les remords, la peur, la tristesse, pourtant déjà évoqués dans le dernier film de la saga, Rocky Balboa, déjà plutôt réussi et alors potentiel chant du cygne. C’est avec la gorge serrée que le spectateur découvre cette nouvelle facette du boxeur, sa facette mortelle. Stallone tient également un rôle de figure paternelle, d’icône encore, un nom auquel se raccrocher, auprès duquel s’inspirer, une silhouette rassurante, éternelle, ancrée définitivement dans la pop culture.

Creed

Conclusion

Creed s’avère être tout simplement le meilleur épisode de la saga, incontestablement plus profond et touchant que les précédents films. Ryan Coogler nous transporte de combats en combats jusqu’à un final séduisant, que l’on peut voir comme un subtil adieu mélancolique…

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