A peine j’ouvre les yeux
A peine j’ouvre les yeux est le premier long métrage d’une jeune réalisatrice tunisienne qui a fait ses études de cinéma en France, à la Fémis. Son film a obtenu deux prix, dont celui du Public, lors des Venice Days 2015, une section parallèle de la Mostra de Venise qui s’apparente à la Quinzaine des Réalisateurs cannoise. Pour ce film tourné après le départ de Ben Ali, Leyla Bouzid a tenu à revisiter la période qui a précédé la Révolution tunisienne de 2010-2011 : au moment où tous les tunisiens se projetaient vers l’avenir, elle voulait filmer ce que le peuple tunisien avait vécu et subi pendant des années du temps de Ben Ali, le manque de liberté, le comportement de la police, la peur conduisant souvent à l’autocensure, et elle tenait à le faire vite, afin de profiter d‘un vent de liberté qui, craignait-elle, ne serait peut-être pas éternel. Son sujet : Farah, une jeune fille brillante de la bourgeoisie tunisienne, qui chante des chansons engagées dans un groupe de rock et qui souhaite faire des études de musicologie alors que sa mère la pousse à se consacrer à la médecine.
A peine j’ouvre les yeux est l’exemple type du film qu’on aurait aimé aimer mais qui, malheureusement, déçoit profondément : on devrait se passionner pour le sort de Farah, on devrait se révolter à ses côtés, on devrait être ému, mais la maladresse de la réalisation, combinée à celle du scénario, rend vite le spectateur presque indifférent à ce qui se passe sur l’écran. Et puis, il y a les épisodes musicaux : la musique elle-même est agréable, le groupe est formé de bons musiciens (le batteur, surtout !) mais les oreilles souffrent le martyr chaque fois que Baya Medhaffar se met à chanter. Certes, on ne pouvait pas s’attendre à ce que cette jeune artiste dégage la même magie qu’Oum Kalsoum, Fairuz ou Warda, mais le minimum qu’on espérait était une voix bien posée et de la justesse dans le chant : espoirs déçus ! A peine j’ouvre les yeux va sortir très prochainement, le 23 décembre.