Critique : Back Home

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Back Home

Plus fort que les bombes afficheNorvège, France, Danemark : 2015
Titre original : Louder Than Bombs
Réalisateur : Joachim Trier
Scénario : Joachim Trier, Eskil Vogt
Acteurs : Isabelle Huppert, Gabriel Byrne, Jesse Eisenberg
Distribution : Memento Films Distribution
Durée : 1h49
Genre : Drame
Date de sortie : 9 décembre 2015


Note : 2.5/5

Bizarrement, le très bavard et très moyen Oslo, 31 août, le film précédent du réalisateur norvégien Joachim Trier avait reçu un accueil très chaleureux tant côté public que côté critique. Le soufflé va-t-il retomber pour Back Home, tourné cette fois-ci de l’autre côté de l’Atlantique, un film certes supérieur à Oslo, 31 août sans pour autant atteindre les sommets ? A noter que ce film, dont le titre original est Louder Than Bombs était en compétition à Cannes 2015 avec le titre Plus Fort que les Bombes. Titre ambigu car si le titre en anglais évoque la force d’un bruit, le fort de Plus Fort que les Bombes a plutôt tendance à diriger le spectateur vers une forme d’invincibilité face à des bombes. Sans doute la raison pour laquelle, le titre a été changé pour la sortie en salles, suite aux attentats du 13 novembre. Cela étant, pourquoi un titre en anglais ?

Synopsis : Alors que se prépare une exposition consacrée à la célèbre photographe Isabelle Reed trois ans après sa mort accidentelle, son mari et ses deux fils sont amenés à se réunir dans la maison familiale et évoquer ensemble les fantômes du passé…


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Une famille dans le deuil

Isabelle Reed s’est tuée il y a trois ans dans un accident de voiture. Elle était mariée à Gene et ils avaient deux enfants, Jonah et Conrad. Jonah est aujourd’hui professeur et sa femme vient d’accoucher de leur premier enfant. Conrad est un adolescent timide âgé d’une quinzaine d’années qui s’est plus ou moins enfermé dans le monde virtuel des jeux vidéo. Alors que Gene était un ancien acteur devenu professeur pour pouvoir consacrer plus de temps à ses enfants, Isabelle était une photographe de guerre réputée et une exposition de ses photos est sur le point d’avoir lieu. A cette occasion, un de ses anciens collègues souhaite publier un article sur Isabelle dans le New-York Times, article dans lequel il compte révéler ce qui, jusqu’alors, n’est connu que de quelques personnes : concernant la mort d’Isabelle, il ne faut pas parler d’accident mais de suicide !

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Trop de sujets abordés, une réalisation brouillonne

Une mère photographe de guerre, donc souvent absente, un père qui a changé de métier pour s’occuper davantage de ses enfants : les scénaristes ont manifestement choisi de montrer que Jonah et Conrad ont davantage été élevés par leur père que par leur mère. Aujourd’hui, la mère est définitivement absente, et ce, depuis trois ans. Aujourd’hui, une vérité va éclater au grand jour, vérité ignorée jusqu’alors par Conrad et qui sera d’autant plus bouleversante pour lui qu’il n’a que 15 ans et qu’il a de gros problèmes de communication avec son père.
Difficultés à surmonter un deuil, secrets de famille, communication difficile entre un père et son fils, effet catharsis des jeux vidéo, rôle important joué par les photographes de guerre, leur addiction à ce métier difficile : que de sujets abordés par Joachim Trier, auxquels il faut ajouter les problèmes sentimentaux de Gene, de Jonah et de Conrad ! Beaucoup de sujets, disons même trop de sujets dont aucun, finalement, ne réussit à être traité autrement que superficiellement. Par ailleurs, c’est un euphémisme de révéler que la construction du film n’est absolument pas linéaire. Résultat : la réalisation que nous propose Joachim Trier s’avère extrêmement brouillonne.

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Des côtés positifs

Malgré les côtés négatifs abordés plus hauts, il est difficile de ne pas s’attacher à Back Home : il y a, tout d’abord, la très belle photographie de Jakob Ihre, le Directeur de la Photographie suédois des deux premiers longs métrages de Joachim Trier, lequel a tenu à travailler de nouveau avec lui de l’autre côté de l’Atlantique. L’autre point très positif du film réside dans une distribution très brillante et bien dirigée. Gabriel Byrne campe parfaitement un père de famille aimant mais parfois maladroit dans ses relations avec ses fils. Jesse Eisenberg, qui joue le rôle de Jonah, prouve une fois de plus qu’il est aussi à l’aise dans des films « de réflexion » que dans des films « d’action ». Devin Druid est une belle découverte dans un rôle difficile, celui de Conrad. Amy Ryan montre beaucoup de présence dans un rôle pourtant mineur. Et puis, il y a notre Isabelle Huppert nationale dans le rôle d’Isabelle Reed : même si on voit peu cette dernière, elle est quand même le personnage central du film, et Isabelle est excellente dans ce rôle d’Isabelle. Au fait : après L’épreuve, avec Juliette Binoche, on dirait que les grandes actrices françaises se sont donné le mot d’interpréter des rôles de photographe de guerre dans des films réalisés par des norvégiens !


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Conclusion

Joachim Trier s’est-il surestimé en tant que réalisateur ? A-t-il voulu jouer au malin ? Toujours est-il qu’en voulant traiter d’un trop grand nombre de sujets et en triturant par trop son récit dans tous les sens, il nous rend une copie moyenne, heureusement réhaussée par la qualité de la photographie et par le jeu des comédiens.

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