Au service de la France – Saison 1
France : 2015
Titre original : –
Créateurs : Jean-François Halin, Jean-André Yerles, Claire Lemaréchal
Acteurs : Hugo Becker, Wilfred Benaiche, Christophe Kourotchkine
Éditeur : Arte Éditions
Durée : 5h environ
Genre : Série TV, Comédie
Date de sortie DVD/BR : 12 novembre 2015
1960. Le jeune André Merlaux intègre les services secrets français, les meilleurs au monde. Trois fonctionnaires d’élite vont le former à remplir les missions les plus délicates : devenir ami avec les allemands, garder l’Algérie française, préserver l’empire colonial, faire grève… André apprend vite que la supériorité de la France repose sur la perfection de son système administratif, et qu’un coup de tampon sur un mauvais formulaire peut déclencher une guerre mondiale. Il pourrait devenir le meilleur d’entre les meilleurs, mais il tombe amoureux de la mauvaise personne…
La saison
[5/5]
Développée par Jean-François Halin dans le sillage de son diptyque consacré à OSS 117, la série Au service de la France est un étrange et formidable objet télévisuel, s’attardant de façon ironique et plutôt mordante sur les services secrets français des années 60. Suivant la trajectoire d’un jeune stagiaire étranger aux us et coutumes de cette France d’un autre temps, faisant office de « candide » dont la modernité anachronique tranche avec les certitudes crasses affichées par des personnages tous plus décalés les uns que les autres, Au service de la France s’avère une franche réussite.
Dans sa première moitié, et après le « tsét » inaugural, cette première saison s’attarde grosso modo sur un sujet « social » par épisode, montrant à quel point les mentalités ont évolué en cinquante ans en France, ou parfois peut-être pas tant que ça. Vision des femmes, racisme bon teint lié aux africains et aux algériens, relations entre les services secrets franchouillards français et ceux des autres pays (Allemagne, Union Soviétique, Etats-Unis…), absurdités bureaucratiques et administratives… Tout est passé à la moulinette gentiment moqueuse de Jean-François Halin, secondé à l’écriture par Claire Lemaréchal et Jean-André Yerles (auteurs sur Fais pas ci, fais pas ça). Le trait est certes grossi, et flirte même par moments volontiers avec le non-sens, mais la satire n’en est, au final, que d’autant plus savoureuse. L’analogie avec les deux films de la franchise OSS 117 est évidente, au point que l’on espère que Jean Dujardin revienne sur sa décision de ne plus incarner l’agent Hubert Bonisseur de la Bath au moins pour un caméo dans la deuxième saison d’Au service de la France. Il doit bien ça à Halin et au personnage, qui lui ont apporté, sans doute encore bien plus que The artist, l’amour inconditionnel de nombreux cinéphiles. Non, parce que sans OSS 117, pas de The artist, et sans The artist, pas de pubs Nespresso non plus. CQFD.
Dans la deuxième moitié de la première saison d’Au service de la France, on assiste néanmoins à un léger revirement dans le ton de la série. Au fil des heures passées aux côtés de ces incompétents notoires aux réflexions d’un autre âge, le spectateur s’attache aux différentes personnalités de ces agents secrets qui, si égoïstes –et abrutis– soient-ils, ont quand même un très bon fond. A partir de la découverte de l’existence d’une « taupe » dans le service, la série perd donc un peu en humour absurde, et ce sont principalement les interactions entre les personnages qui créeront le choc humoristique. Si la série ne baisse pas en drôlerie (l’épisode 10 « Le code taupe » étant sans doute le plus hilarant de la saison), les auteurs opèrent un léger changement de ton tandis qu’un fil rouge se dessine, tissant un lien entre les épisodes jusqu’ici beaucoup plus ténu. Ce glissement vers une ambiance plus « bizarre », détachée de toute connotation sociale, atteint son summum dans le dernier épisode, nous proposant un cliffhanger étonnant laissant augurer d’une deuxième saison radicalement différente et ambitieuse. Vous l’aurez compris, Au service de la France est une magistrale réussite : on trépigne d’impatience de voir la suite !
Le coffret Blu-ray
[4,5/5]
C’est Arte Éditions qui sort aujourd’hui la première saison d’Au service de la France en Blu-ray, et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’éditeur a plutôt soigné sa copie : le résultat est superbe, définition au taquet, piqué d’une précision redoutable, couleurs éclatantes de naturel… En trois mots, un excellent boulot. On notera tout de même qu’on avait les pires craintes au départ, étant donné que le générique de la série, qui baigne dans des noirs très profonds, présente quelques imperfections (pixellisation sur les aplats, banding horizontal), mais tout s’arrange quand les épisodes commencent. On suppose que le 1080i est d’origine, la diffusion française de la série se faisant dans ses conditions (25 images / seconde). Même constat pour la piste son, encodée en DTS-HD Master Audio 5.1 : dynamique, proposant des effets parfois surprenants, notamment sur les échos. La répartition et le placement des voix est très subtil et le tout délivre une parfaite efficacité.
Du côté des suppléments, on trouvera une série de modules humoristiques intitulée « Entrer au service de la France », tournées afin d’alimenter le site Internet d’Arte. Il s’agit d’une « formation » interactive, un « tsét » pour déterminer si l’internaute a les capacités d’entrer dans les services secrets. Chaque personnage y présente en quelques mots sa zone d’intervention et son travail sur le terrain. Moins amusant mais tout aussi intéressant, on retrouvera tout d’abord un entretien avec Jean-François Halin (créateur de la série) qui revient longuement sur la genèse du projet et sur ses ambitions. On notera qu’il parle dans cet entretien des deux OSS 117 sans jamais citer le titre des films distribués par Gaumont. Un entretien avec Alexandre Courtès (réalisateur), qui évoque de façon un peu plus courte son apport au projet ainsi que ses méthodes de travail. Un beau boulot éditorial, qui complète donc une édition indispensable !