Critique : Ixcanul

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Ixcanul

ixcanul afficheGuatemala : 2014
Titre original : –
Réalisateur : Jayro Bustamante
Scénario : Jayro Bustamante
Acteurs : María Mercedes Croy, Maria Telon, Manuel Antún
Distribution : ARP Sélection
Durée : 1h31
Genre : Drame
Date de sortie : 25 novembre 2015


Note : 3/5

Du cinéma guatémaltèque, nous ne connaissons pratiquement rien. Nous avons des excuses : cela fait seulement une dizaine d’années qu’il existe et, malgré la présence d’un certain nombre de films de Julio Hernández Cordón et de Sergio Ramírez dans des festivals, les salles françaises n’en ont vu passer aucun. C’est donc Ixcanul, le premier long métrage de Jayro Bustamante, qui ouvrira le bal. Ce réalisateur guatémaltèque a fait ses études de cinéma en France et son film s’est vu décerné le prix Alfred-Bauer lors de l’édition 2015 de la Berlinade, un prix qui récompense le film de la sélection apparaissant comme le plus novateur, que ce soit au niveau de la forme ou du fond.

 

Synopsis : Maria, jeune Maya de 17 ans, vit avec ses parents dans une plantation de café sur les flancs d’un volcan, au Guatemala. Elle voudrait échapper à son destin, au mariage arrangé qui l’attend. La grande ville dont elle rêve va lui sauver la vie. Mais à quel prix…


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Un rêve contrarié

C’est au pied du volcan Pacaya, au sud du Guatemala, qu’on fait la connaissance de Maria, une jeune fille amoureuse de Pepe, avec qui elle aimerait partir vers les Etats-Unis, mais dont le destin semble la diriger vers un mariage avec Ignacio, un homme beaucoup plus âgé qu’elle. Ignacio, c’est le contremaître de la plantation de café qui emploie son père, c’est un un veuf qui a grand besoin d’une nouvelle épouse pour s’occuper de ses 3 enfants. Lorsqu’ils se rencontrent en cachette, Maria et Pepe évoquent ce pays de cocagne qui se trouve là-bas, de l’autre côté du volcan, un pays où il y a l’électricité 24 heures sur 24 et des rues qui sont éclairées la nuit. Pepe accepterait-il que Maria parte avec lui ? Oui, à condition qu’elle se montre « gentille ». Mais la gentillesse d’une jeune fille peut avoir pour elle des conséquences pas totalement inattendues et pas forcément enthousiasmantes.

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Beaucoup de naturel

On est en droit de faire un peu la fine bouche face au début de Ixcanul qui s’apparente à un documentaire certes intéressant mais n’apportant rien de bien nouveau sur la condition des paysans amérindiens de l’Amérique Centrale. Et puis, petit à petit, le film décolle, avec une part fictionnelle qui prend de plus en plus d’importance, tout en continuant de s’appuyer sur un fonds documentaire solide. Certes, cette part fictionnelle est très classique dans le contexte du cinéma de cette région du monde mais elle a un grand mérite : elle est filmée avec beaucoup de naturel, avec beaucoup de finesse. L’utilisation de la langue cakchiquel, une des vingt-deux langues mayas, n’est pas pour rien dans l’impression qu’on a d’être dans la réalité de la communauté décrite dans le film. Une réalité faite de pauvreté, de mariages arrangés, d’alcoolisme et de superstitions mais faite aussi d’amour maternel, une réalité dans laquelle la corruption des autorités ferme les yeux sur les trafics d’enfants quand ce ne sont pas elles qui les organisent.

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Un travail en équipe

Le film de Jayro Bustamante ne pouvait être interprété que par des comédiens dont ce n’est pas le métier. Le réalisateur a su obtenir d’eux une bonne qualité de jeu tout en exploitant au maximum leur naturel. C’est grâce à une troupe de théâtre de rue cakchiquel qu’il a rencontré Maria Telon, qui joue la mère, et Marvin Coroy, qui joue Pepe. Les autres protagonistes ont été choisis lors d’un casting réalisé sur une place de marché. Dans un premier temps, le mot « casting » avait été utilisé pour attirer les gens. Personne n’est venu !  Il a suffi de remplacer « casting » par « offre d’emploi » pour attirer des postulants. Quant à la photographie de Ixcanul, elle est l’œuvre de Luis Armando Arteaga, présent derrière la caméra sur de nombreux films français.


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Conclusion

Il est toujours intéressant de voir un nouveau pays arriver sur nos écrans. Cette fois ci, c’est le Guatemala, un pays qui a connu pendant plusieurs années une dictature et une guérilla et dans lequel, presque vingt ans après l’accord signé avec la guérilla, les cicatrices ne sont pas encore complètement fermées. Pour son premier long métrage, Jayro Bustamante, lui-même métis, a choisi de s’intéresser et de nous intéresser à une communauté maya dont la plupart des membres ne parlent pas l’espagnol et vivent dans des conditions difficiles au pied d’un volcan qui ne demande qu’à se réveiller. Un réalisateur prometteur dont on retient surtout la sincérité et la façon d’obtenir le meilleur de comédiens amateurs.

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