Casa Grande
Brésil : 2014
Titre original : –
Réalisateur : Fellipe Barbosa
Scénario : Fellipe Barbosa, Karen Sztajnberg
Acteurs : Thales Cavalcanti, Marcello Novaes, Suzana Pires
Éditeur : Damned Films
Durée : 1h49
Genre : drame
Date de sortie cinéma : 3 juin 2015
Date de sortie DVD : 17 novembre 2015
Enfant de l’élite bourgeoise de Rio de Janeiro, Jean a 17 ans. Tandis que ses parents luttent pour cacher leur banqueroute, il prend peu à peu conscience des contradictions qui rongent sa ville et sa famille.
Le film
[3.5/5]
Vu depuis la France, le cinéma brésilien semble vivre une perpétuelle alternance de périodes de richesse et de périodes de vaches maigres. Parmi ses richesses, le cinema novo des années 50 et 60 et la période 1975-1982. Après une période difficile qui a duré une bonne quinzaine d’années, le cinéma brésilien semble reprendre des couleurs et, après Les Bruits de Recife l’année dernière, voici Casa Grande, le premier long métrage d’un jeune réalisateur de 37 ans, Felippe Barbosa. Issu de la bourgeoisie de Rio de Janeiro, il étudiait le cinéma à New-York lorsque, au début des années 2000, sa famille a rencontré de graves difficultés financières. Ces difficultés qu’il a donc connues de loin lui ont donné l’idée d’écrire un scénario sur ce qui aurait pu se passer s’il avait été là. Dans Casa Grande, on le retrouve donc plus ou moins dans le personnage de Jean, un adolescent de 17 ans, entouré d’un père qui attend beaucoup de lui mais avec lequel la relation est du genre conflictuel, d’une mère férue de culture française, d’une sœur de 14 ans qui n’a droit à aucune attention de la part de son père et d’un certain nombre de domestiques. Parmi ceux-ci, Severino, le chauffeur qui le conduit tous les jours au lycée São Bento et Rita que Jean va souvent rejoindre la nuit en prenant garde de ne pas déclencher le système d’alarme, Rita, une jeune employée de maison qui « joue » avec Jean mais refuse obstinément ses avances. Jean est à une période charnière de son existence, vivant dans le cocon de la maison familiale et terminant en douceur ses années de lycée. Sauf que, petit à petit, les difficultés financières de la famille vont changer la donne. Cela commence par des détails comme la désactivation du jacuzzi afin de diminuer la facture d’électricité. Quand Severino est licencié, Jean doit prendre le bus pour se rendre à son lycée mais il croit ses parents lorsqu’ils lui disent que Severino a pris des vacances. Cette naïveté va petit à petit disparaître avec l’aide de Luiza, sa petite amie, une métisse qui défend la loi instaurant des quotas raciaux en faveur des noirs, des métis et des indiens, face au père et à la mère de Jean et à leurs amis. Et pourquoi pas se mettre à mieux connaître ces domestiques auprès desquels il a vécu pendant des années sans rien savoir sur leur existence en dehors de la Casa Grande ?
Casa Grande mixe avec bonheur l’éducation sentimentale d’un adolescent de la bourgeoisie de Rio de Janeiro avec une peinture de la mixité sociale et raciale de la société brésilienne d’aujourd’hui telle qu’elle peut être vue par cet adolescent lorsque les aléas de la vie arrivent à lui forger une conscience qu’on peut qualifier de politique, conscience que n’ont jamais réussi à avoir ses parents. La distribution mélange de grandes stars brésiliennes comme Marcello Novaes, très présent dans de nombreuses « Telenovelas » et qui joue le rôle d’Hugo, le père de Jean, et Suzana Pires qui interprète Sônia, sa mère, avec de nombreux comédiens amateurs. Parmi eux, Thales Cavalcanti qui joue le rôle de Jean et qui a étudié « pour de vrai » au lycée São Bento. A côté de suites de Bach pour Violoncelle, le film permet au public français de découvrir le Forro, la musique traditionnelle du Nord-Est du Brésil, une musique vivante et populaire qui prouve qu’il n’y a pas que la samba et la bossa-nova dans ce grand pays. On notera par ailleurs que le Directeur de la photographie, Pedro Sotero, est le même que dans Les Bruits de Recife et que Karen Sztajnberg, co-scénariste du film, en est également la monteuse.
Le DVD
[4/5]
Ce DVD édité par Damned Distribution n’est visible qu’en version originale sous-titrée, avec le choix entre 2.0 ou en 5.1. Images et son ne souffrent d’aucun défaut particulier. Le DVD comprend trois suppléments : quatre scènes coupées au montage ; Baiser Salé, un court métrage de 18 minutes réalisé en 2005 par Fellipe Barbosa, film dans lequel on retrouve Suzana Pires et qui montre combien la vie est difficile lorsqu’on a des amis particulièrement lourds ; et un entretien réalisé récemment à Paris avec Felippe Barbosa. Pas besoin de sous-titres : le réalisateur parle parfaitement le français et on suit avec intérêt tout ce qu’il nous dit sur le scénario, les personnages et les acteurs.
