C’est le moment de se préparer pour la petite fête programmée par Canal +. On sort les cotillons, les pétards. On se réjouit de participer à cet événement tant attendu. Optimistes, nous nettoyons nos habits de lumière pour illuminer la pièce de notre présence. Mais c’est génial ! La joie s’empare de nous. On se laisse même aller : on sort les perruques, les déguisements et les accessoires en tous genres. On va tout de suite redescendre d’un cran, les gars, car ce ne sont que les Revenants. Certes, on est bien heureux de visionner ce deuxième épisode. Mais à trop vouloir s’attendre à une grande fiesta, risque de trancher un brin avec l’ambiance totalement lugubre et feutrée de la série. On se résout, les bras ballants, à mettre notre pyjama souillé par le temps et les mites, on baisse le chauffage histoire de témoigner de l’empathie à nos personnages de la saga, et on s’installe par terre. Trop de confort pourrait nuire à l’état d’esprit véhiculé dans cette Création Originale créée par Fabrice Gobert. On a vu l’épisode 2 de ce deuxième chapitre, et il se nomme « Milan ». C’est parti mon kiki !
Nouveaux Revenants : le bébé et Milan… et les autres…
Avant toutes choses, carnet rose : souhaitons la bienvenue dans la série, au bébé d’Adèle (Clotilde Hesme) et de Simon (Pierre Perrier), le Revenant. Ce bébé-là, il n’a pas l’air d’être choyé. Arrivé avant l’heure, voilà que sa maman nous fait son petit Baby Blues, à juste titre. Qui voudrait d’un enfant conçu avec un défunt… ? Dit de cette manière, on flirte avec la rubrique nécrophile. Heureusement que cette série nous ouvre les portes du fantastique car on ne saurait l’admettre, et ce, même avec ce trop-plein de tolérance nous animant. Toujours aussi souriante (vous avez compris, c’est une boutade), elle se cloisonne dans un silence qu’elle conçoit parfois de se sortir en répondant aux questions que le corps médical lui pose, avec froideur et simplicité. On a l’impression dans cette série, d’évoluer à travers les scènes proposées, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur, la veste polaire sur les épaules. On a toujours froid. C’est terriblement rare de se mettre corps et âme dans un programme, de le suivre comme si nous étions en pleine immersion. Et ce n’est pas le chauffage que nous avons diminué quelques minutes auparavant qui nous conforte dans ce sentiment bizarre. La série est lugubre. Elle nous souffle un air frigorifique et inquiétant. Comme la légende le veut maintenant, Les Revenants mettent un nouveau personnage sous la lueur d’une lampe-torche (oui, parce que le feu des projecteurs adoucirait trop cette atmosphère montagnarde). Ce coup-ci, on salue l’énigmatique Milan, interprété par Michael Abiteboul (qu’on a pu apercevoir dans Le Bureau des Légendes). Ce gaillard, on ne met pas longtemps à s’en rendre compte, c’est le papa de deux de nos personnages. Réfléchissons un peu… C’est le papa de qui ? Un peu de jugeote et vous trouverez. Bref, ce pur bonhomme des bois, barbu, charpenté, ne montrant pas même un « pète » de jovialité, débarque de nulle part comme le veut cette bonne grosse vieille tradition maison. Inquiétant, il nous glace de son aura, et cela apporte une once de mystère supplémentaire à cette série qui se veut jouer, un peu trop chichement maintenant, à ce jeu prévisible. On a quelques difficultés à enquiller avec toutes ces nouvelles informations additionnées à celle qu’on arrive tant bien que mal à maîtriser. Et c’est peut-être un défaut à l’heure où je vous parle. Le puzzle de la série comporte beaucoup de pièces éparpillées, et on transpire à grosses gouttes de vouloir le reconstituer.
Une ligne conductrice à quitte ou double
Coupé en deux par les eaux, notre bon village montagnard recueille nos Revenants adorés dans une partie inaccessible. Cette partie du village s’appelle le Domaine. Madame Séguret (Anne Consigny) qui avait disparu lors de la scène finale du Chapitre 1, est désormais dans cette partie du village, confinée avec sa fille dans une maison. Julie (Céline Sallette) est avec Victor (Swann Nambotin) qui vient de retrouver sa chère maman, Hélène (Alice Butaud) elle aussi « Revenante ». Et après avoir fait la connaissance de Milan, voilà que nous découvrons un autre personnage : Esteban (Thomas Doret). Tout comme Camille (Yara Pilartz) et Audrey (Armande Boulanger), lui aussi a trouvé la mort dans ce dramatique accident de bus. Audrey et Esteban ignorent qu’ils sont morts. Camille tente de leur annoncer, mais c’est le jeune Virgil (Ernst Umhauer) qui va les convaincre. Tout cela pour vous dire que cet épisode, spécialement dédié à Milan, pullule de nouveaux personnages. Hélène, Esteban, Milan, le bébé, Virgil (qui ne fait qu’une seule apparition dans cet épisode), Etienne (lui aussi, nouveau personnage et prompte apparition). On subodore que les créateurs se sont violemment penchés sur la suite de cette série, et qu’il fallait plusieurs mois, plusieurs années d’études, pour accoucher de quelque chose de fourni, en un si peu d’épisodes. Voilà que les deux premiers viennent de passer, et on se demande déjà comment vont se passer les événements futurs. Va-t-on avoir une indigestion ? Pire, allons-nous faire une rupture d’anévrisme causée par de trop intenses et profondes réflexions ? On ne veut y croire. On ne peut y croire. C’est pourtant perfide, et on sent que la série prend une envergure bien plus différente, bien plus irrationnelle que fut la première saison. On sent que nous prenons un virage scénaristique fantastique, et non pas un fantastique virage scénaristique. Il est encore trop tôt pour les éloges, mes chers. On fulmine un peu à en devenir fou comme le deviendrait presque Monsieur Séguret (Frédéric Pierrot) qui, entre boisson, dépression, reproches salés de sa fille Léna (Jenna Thiam), tente, dans sa maison encore en travaux, de trouver un raisonnement s’assimilant à une aiguille dans une botte de foin. Il fait d’ailleurs, avec sa barbe de six mois et ses cheveux en bataille, un peu « savant fou dans son laboratoire » cherchant un remède impossible à déterrer.
LES REVENANTS – CHAPITRE 2 – Episode 2 – Ma Conclusion
Voilà, l’épisode numéro 2 vient de se finir, et avec lui toujours ce même lot d’incertitudes. On passe un moment agréable. On remonte le chauffage. On se pose des questions qui nous laissent encore sur notre faim, qui nous laissent encore grandement dubitatifs. On enlève ce pyjama miteux qui nous encombre. Il est pourtant pas mal cet épisode. C’est pourtant relativement irréprochable. Bercée par une puissance scénaristique décomplexée, la série souffre de ces années qui séparent ces chapitres 1 et 2. On en a trop perdu en route malheureusement. Mais le commandant à bord sur le navire, va très certainement réussir à nous emmener à destination, avec brio. C’est ce que je nous souhaite. Donc, dans l’ensemble : c’est ultra terrorisant, maîtrisé dans la narration, c’est feutré, c’est froid, c’est lugubre, mais ça pique un peu quand on y resonge…