Critique : Catch Me Daddy

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catch me daddy affiche 2Catch Me Daddy

Grande-Bretagne : 2014
Titre original : –
Réalisateur : Daniel Wolfe, Matthew Wolfe
Scénario : Daniel Wolfe, Matthew Wolfe
Acteurs : Gary Lewis, Sameena Jabeen Ahmed, Conor McCarron
Distribution : Bodega Films
Durée : 1h47
Genre : Action, Thriller
Date de sortie : 7 octobre 2015

Note : 3.5/5

Même si son retour semble s’amorcer petit à petit, le genre Western, le vrai, le pur, a disparu de nos écrans pendant de nombreuses années. Cela n’empêchait pas de voir apparaître de temps en temps des films qui s’apparentaient au genre, quand bien même ils avaient été tournés à des milliers de kilomètres des paysages grandioses de l’ouest américain, au Kurdistan, par exemple (My Sweet Paper Land). Et puis, après tout, le Western n’est jamais très loin de la tragédie classique, de Corneille, de Shakespeare, et s’apparente donc à la tragédie grecque. En tout cas, pour leur première réalisation, les frères Daniel et Matthew Wolfe nous font cadeau de Catch Me Daddy, un beau western shakespearien tourné dans le Yorkshire, présent à Cannes 2014 dans la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs.

Synopsis : Laïla, jeune fille d’origine pakistanaise et son ami Aaron, jeune anglais, tentent d’échapper à une véritable chasse à l’homme lancée contre eux. Poursuivis dans les contrées austères du Yorkshire, ils vont tout faire pour tenter de sauver leurs vies…

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Une poursuite infernale

Après cinq minutes un peu confuses, au court desquelles on n’a aucune idée de la direction que va prendre le film, on entend une chanson de Tim Buckley et le film démarre pour de bon : on est en présence d’un jeune couple formé de Laïla, une jeune pakistanaise qui a quitté sa famille et de Aaron, un jeune écossais. Ils vivent chichement dans une caravane, Laïla ramenant un peu d’argent de son travail dans un salon de coiffure alors que Aaron n’a pas de don particulier pour un quelconque travail. Vous avez deviné : ce couple pakistano-écossais ne plaît pas à tout le monde. Il ne plaît surtout pas à Tarik et à Zaheer, respectivement père et frère de Laïla. Tout le film va tourner autour de la poursuite « infernale » menée par Zaheer et trois autres pakistanais pour retrouver Laïla et la ramener dans le giron familial. Ils sont aidés dans cette entreprise par Barry et Tony, deux britanniques « de souche », pas bien du tout sous tout rapport, qu’on s’attendrait plutôt à voir fréquenter l’extrême-droite locale plutôt que la communauté pakistanaise. Mais, après tout, ils font ce boulot pour de l’argent !

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Un film bien maîtrisé

De ce duo fraternel réputé pour la réalisation de nombreux clips, dont Time To Dance pour le groupe français The Shoes, on ne s’attendait pas forcément à un premier long métrage aussi maîtrisé, tans dans la forme que dans le fond. Pas de précipitation dans la conduite du récit, Daniel et Matthew Wolfe prenant le temps de cerner la personnalité et la psychologie des poursuivants et des poursuivis. Dans leur film, beaucoup de scènes nocturnes, beaucoup de cigarettes, de la coke, du « fuck » prononcé à gogo, et des scènes très fortes. A plusieurs reprises, le film nous montre des animaux confinés dans des aquariums, poissons, serpent, manière habile et guère appuyée de montrer pourquoi Laïla a fui sa famille, dans laquelle elle se trouvait enfermée, sans aucune liberté.

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Un bon casting

Le casting de Catch Me Daddy est un heureux mélange de comédiens professionnels et de débutants. On retrouve avec plaisir Gary Lewis, qu’on a vu chez Ken Loach et Peter Mullan, qui jouait le père de Billy dans Billy Elliot et qui interprète ici le rôle de Tony. Dans Neds, de Peter Mullan et dans lequel il avait un petit rôle, il avait déjà croisé la route de Conor McCarron qui y tenait le rôle principal et qui interprète ici le rôle de Aaron. Quant à Laïla, celle qui joue le rôle est une découverte des frères Wolfe : elle s’appelle Sameena Jabeen Ahmed, sa présence à l’écran et sa personnalité en font un très grand espoir du cinéma britannique. La photographie du film est l’œuvre de Robbie Ryan, un Directeur de la photographie réputé, qui a travaillé avec Andrea Arnold et sur les derniers films de Ken Loach. En bons réalisateurs de clips, les frères Wolfe n’ont pas oublié de placer quelques bonnes chansons de Tim Buckley, de Patti Smith et du trop peu connu Jackson C. Franck.


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Conclusion

Catch Me Daddy prouve qu’on peut passer sans problème  du monde du clip à un premier long métrage qui combine le réalisme social de Ken Loach au monde sans pitié des westerns de Sam Peckinpah. Le cinéma britannique peut rajouter les noms de Daniel et Matthew Wolfe à sa liste déjà longue de réalisateurs de talent.

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