Les Revenants – Chapitre 2, Episode 1 : L’Enfant

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LES REVENANTS – CHAPITRE 2 – Episode 1 – L’Enfant

Trois ans… ! Putain (pardon, au bout de trois mots on m’a déjà perdu…) ! Trois ans ! Il a fallu attendre trois ans pour que le concepteur et showrunner de talent, Fabrice Gobert, nous dépose dans son escarcelle une suite au tant attendu « Les Revenants ». Phénomène rationnel « languisatoire » dans le monde sériel ? Phénomène « Coup de Pub » interplanétaire (Oui, oui, vous m’avez bien entendu : Interplanétaire ! 114 pays dans le monde ont achetés les droits de cette série tricolore… D’ailleurs, on peut même entendre si on tend bien l’oreille, le cri du coq fanfaronnant) ? Ou bien phénomène « on attend les fonds et les idées nécessaires » pour une suite qui ait du répondant à une saison 1 béton ? Avec toutes ces interrogations, une chose est sûre : le Phénomène se Répand !  C’est sûr, c’est cette phrase d’accroche bien symbolique, bien crémeuse, bien réjouissante, bien intrigante qu’on va suivre fièrement. On va aussi se fier aux quelques miettes de pain (affiches, teasers, premières minutes de l’épisode 1) nonchalamment et stratégiquement balancés par Canal + afin de caler temporairement cette faim qui nous harcèle. Alors… « Ouvrez, ouvrez la porte aux Revenants ! » Ils sont là, droits comme des piquets, stoïques, ils attendent. Ils attendent qu’on les libère de toutes ces questions suspendues à ce « cliffhanger » final, brutal, viscéral qui nous a tant laissés pantois, il y a presque trois ans. Allez ! Ouvrons les portes de ce premier épisode intitulé L’Enfant ! Youhou !

Retour sur une Saison 1 riche, angoissante, énigmatique

Le pitch ne mettait pas longtemps à se mettre en place. Les Revenants exposaient aux yeux d’un village isolé et perché dans les montagnes, vivotant au gré de son quotidien, un phénomène hautement bizarroïde ressuscitant d’entre les morts des villageois décédés tragiquement (ou non) depuis plus ou moins longtemps. Chaque épisode du premier chapitre mettait sous la lumière un personnage qui revenait à la vie, comme s’il n’avait jamais rencontré la Grande Faucheuse. Nous sommes bien à des années lumières de la saga The Walking Dead, ne vous méprenez donc pas. C’est beaucoup plus vicelard, c’est plus feutré, nettement moins gore, et surtout beaucoup moins « Tiens, je vais planter un couteau dans sa tête spongieuse afin qu’il me laisse enfin tranquille celui-là ». Ainsi, nous avions découverts plusieurs personnages intéressants : Simon (Pierre Perrier) le marginal de 23 ans, qui s’est suicidé le jour de son mariage avec Adèle (Clotilde Hesme), la jeune Camille (Yara Pilartz), morte tragiquement dans l’accident d’un bus, laissant sa sœur jumelle Léna (Jenna Thiam) grandir seule et ses parents séparés Claire (Anne Consigny) et Jérôme (Frédéric Pierrot) déprimer bien comme il faut, le petit garçon flippant Victor (Swann Nambotin) assassiné par des cambrioleurs il y a plus de 35 ans, ou encore Serge (Guillaume Gouix), tueur en série, tué par son frère Toni (Grégory Gadebois). Rajoutons à cela d’autres phénomènes inexplicables qui semblent perturber la douce quiétude de ce village pris pour cible par la vache destinée. En effet, ici, le barrage ne fait pas bien son job. D’un côté, une montée des eaux inonde une partie de la bourgade, de l’autre, le niveau d’eau du lac diminuant, laisse apparaître un  autre village apparemment endormi. On ne parle même pas des coupures d’électricité isolant inexorablement de la civilisation nos chers irréductibles montagnards. 

Les revenants saison 2 pisode 1

On en était resté là

A la fin de la Saison 1 (lors de ce fameux cliffhanger), souvenez-vous, nous étions restés sur une confrontation entre la gendarmerie du village et un important groupe de « revenants » souhaitant récupérer les leurs, retranchés dans le Refuge de la Main Tendue avec quelques villageois apeurés. Une fusillade hors champs mettait un terme quasi radical à cette saison 1 laissant les proches de certains des morts-vivants sans trace ni nouvelle d’eux. Ils avaient disparus. Pire, le groupe de gendarmes s’était, lui aussi évaporé. Encore pire, Madame Claire Séguret (Anne Consigny) était aussi inscrite aux abonnés absents, et ce, sans même nous laisser une seule bouée de sauvetage dans notre naufrage de questionnement au clap de fin. Tant pis, on veut bien s’en accommoder comme des êtres incapables d’attendre. Nous ne sommes que de simples humains, pourris gâtés, livrés à nous-même avec comme seule amie, notre imagination. Elle est bien gentille notre imagination, surtout qu’en trois ans… Il s’en passe des choses dans une vie ! C’était la minute « Reproche » sponsorisant toutes ces séries qui ne savent enchaîner. Je ne maronne nullement plus longtemps car voilà la SUITE !

Et le premier épisode s’intitule « L’Enfant »

Motivé plus que jamais, paré pour un jour de match de Coupe du Monde de Rugby (actualité du monde sportif oblige), je me laisse bercer par le moment. Spectateur de ce Haka Néo-Zélandais (que je vais comparer au doux générique de la série composé par le groupe écossais Mogwai lançant les hostilités tant attendues), je serre ma compagne comme on serre un coéquipier, pétrifié par l’enjeu de l’événement. Je n’ai plus peur car va démarrer le coup d’envoi. Et ça démarre plutôt fort avec une scène vraiment pesante représentant Adèle, masque à oxygène sur la bouche, dans une ambulance, le ventre arrondi par un heureux événement, malheureusement ensanglanté. Pour rappel, elle a avait fricoté (sexuellement) avec son feu-ex-néo-mari (vous suivez ?), Simon. Cela sent la fausse-couche tout ça. Mais à l’approche d’un bois profond, sombre et embrumé voilà que se dissipe ses stigmates. On rentre avec froideur dans cette scène réellement absorbante comme du Sopalin. Et c’est sur cette tendre ligne de conduite qu’on surfe comme on l’avait fait trois ans auparavant. Froid, sombre, lent, mais lentement maîtrisé. Des termes qui accompagnent ce scénario vivifiant. Un nouveau personnage énigmatique apparaît de nulle part, évasif, silencieux, posant des questions simples sur les faits climatiques puis sur l’étrange disparition d’un bataillon complet de gendarmes. Son nom c’est Berg (Laurent Lucas), et il semble en savoir plus qu’on ne puisse le suggérer. On a l’impression que rien n’est laissé au hasard. Tout semble couler, tout semble se poursuivre sur sa lancée grâce à l’apport de ce nouveau personnage discret, qu’on adopte volontiers, tant sa discrétion ne paraît n’être qu’un voile translucide. On fait avec. On fera avec.

Les revenants canal + plus saison 2

Les résurrections reprennent…

Alors qu’il roule de nuit, notre nouvel arrivé, Berg, dans un moment de flottement que l’on peut parfois avoir au volant (sauf ici, parce que les routes sont vraiment sinueuses !), renverse Toni. Toni c’est celui qui a tué son frère, Serge, tueur en série. Rongé par les remords et le poids de ce lourd secret, il s’était tiré un pruneau pour se donner la mort… Ah ! Un « Revenant » vient de faire son apparition en la personne de Toni ! Je suis content de le revoir. Un vrai déconneur ce Toni. Toujours le mot pour rire. Enfin pas vraiment. Ce personnage perturbé, livré à lui-même, au passé et aux choix difficiles renaît donc de ses cendres sans savoir où il est, sans savoir ce qu’il fait là, aux urgences. Mais ce n’est pas le seul retour auquel nous sommes confrontés. Surgissant de nulle part, comme le veut la tradition de cette Création Originale « Made In Canal + », une jeune fille, Audrey (« Armande Boulanger), perdue, demande le chemin de chez elle à des militaires se fumant une clope en pleine nuit. Alors déjà, moi, dans un décor pareil, je resterais sur mes gardes, prêt à bondir s’il le faut. Prêt à dégainer ma mitraillette et faire feu au moindre craquellement de brindille, et ce, même si une jeune fille sortait du noir, l’air égaré. Ils ne l’ont pas mitraillée heureusement pour tout le monde. Audrey, ce n’est pas une surprise, c’est une « Revenante » qui a un lien extrêmement et macabrement étroit avec Camille. Alors que le gentil militaire veut la raccompagner chez elle, en voiture, voilà qu’ils s’enfoncent dans ce fameux bois profond, sombre et embrumé. Se pensant être en danger, elle s’enfuit dans ce bois profond, sombre et embrumé (on va l’appeler comme ça maintenant : le bois profond sombre et embrumé !) où elle fait la rencontre de la très belle et énigmatique Lucy (Ana Girardot). Lucy, c’est ce personnage aussi mystérieux que ravissant, aussi perturbant qu’attrayant, évoluant dans la série comme un de ces personnages mythologiques des temps modernes que l’on peut comparer à une sirène à la voix envoutante, rabatteuse de « Revenants ». Elle emmène à travers ces bois profonds, sombres et embrumés, puis à travers le lac à bord d’un radeau, la jeune Audrey, dans une virée silencieusement initiatique vers un but choisi. On se soumet à cette image saisissante de ce radeau traversant cette étendue d’eau, éclairée à la simple lueur de la lune… Sans doute un clin d’œil culturel au peintre Géricault et à son fameux et morbide « Radeau de la Méduse ». Brillant ? Quitsch ? On s’en contrefout royalement. Ce moment est symboliquement beau.

Des espoirs de retrouvailles

Dans un autre domaine, on se met à admirer cet espoir tenace, mais certainement un peu trop soumis à un traitement scénaristique maladroit, brûlant dans les veines de nos villageois au teint un tantinet blafard. Les concepteurs de la série veulent nous infliger une opposition concrète, une différence notable entre les « morts-vivants » certes, relativement mal en point, et les villageois qui dépérissent à vue d’œil. On se demande même, qui sont les plus touchés ? Les Revenants ? Les villageois ? C’est subtil, c’est pertinent. Foudroyés par la perte d’un proche, puis abasourdis par leur retour, voilà qu’ils doivent à nouveau se prendre une avoinée morale avec leur nouvelle et subite disparition. On comprend. On compatit. Un être vous manque et tout est dépeuplé. Pourquoi est-ce donc si maladroit alors ? A la lecture de cette épisode, on s’indignerait presque de ce traitement un brin trop appuyé sur nos deux Séguret rescapés, à savoir Léna (Jenna Thiam) et Jérôme (Frédéric Pierrot). Pourtant excellents tous les deux dans leur interprétation (d’un côté la sœur ainée sur qui, toute la détresse du monde s’est reposée, et de l’autre, le papa dépressif, mal fagoté, hirsute, ayant fait un trait définitif sur l’utilisation du rasoir) on déplore ce liant familial père/fille qu’on voudrait bien vouloir nous suggérer, paraissant pour le coup trop surjoué, trop théâtral. Ce n’est point grave mes chers aïeuls, ces deux protagonistes penchent mais ne rompent pas dans cet indicible espoir de retrouver, un jour, les membres du clan Séguret. Et c’est ça qu’on veut voir bordel ! Alors même si le daron ressemble à Corbier ou Karl Marx, même si l’ainée des filles, Léna, a des faux airs rouquins de Katherine Heigl, on se réjouit de savoir qu’à l’autre bout de ce fameux lac, une surprise les attend. Ça donne envie de voir hein ? C’est bon. C’est juteux. C’est frais. C’est froid. C’est enivrant. C’est addictif. Et c’est à voir !

Lres revenants saison 2 épisode 1

Les Revenants – chapitre 2 : L’Enfant – Ma Conclusion

Le soulagement de voir un générique simple démarrer. Des personnages que l’on a perdus et que l’on retrouve. Une atmosphère bien connue, consciencieusement respectée. Un scénario reprenant méticuleusement les faits qu’on avait abandonnés trois ans plus tôt. On souffle, on dépoussière. On inspecte, on restaure notre mémoire vive. On se pose et on jubile. Nous sommes fiers d’avoir eu la patience nécessaire. Le petit frère de la Saison 1 vient de nous souhaiter à sa façon, la bienvenue. Poli, il nous sert ce qu’on voulait secrètement : un divertissement captivant. Attentionné, il prend le soin de nous emmener pile à l’endroit qu’il avait sélectionné pour nous. Ce premier épisode est un bon premier épisode, bien éduqué sans faux pli, ni mèche rebelle. Maintenant, à trop vouloir nous embarquer dans ce qu’il sait faire à merveille, peut-il encore nous surprendre, nous scotcher ? La question mérite d’être soulevée. Nous en reparlerons dans un mois…

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