Christina Noble
Irlande : 2013
Titre original : Noble
Réalisateur : Stephen Bradley
Scénario : Stephen Bradley
Acteurs : Deirdre O’Kane, Sarah Greene, Gloria Cramer Curtis
Éditeur : Condor Entertainment
Durée : 1h38
Genre : drame, biopic
Date de sortie cinéma : 20 mai 2015
Date de sortie DVD : 19 octobre 2015
Lorsqu’elle arrive au Vietnam – un pays qu’elle n’aurait pas su situer sur une carte – Christina ignore ce qu’elle vient y chercher. Guidée par une intuition , cette irlandaise de caractère pressent qu’ici sa vie va changer. Sa rencontre avec deux petites orphelines livrées à elles-mêmes va la renvoyer à son propre passé. Celui d’une gamine des quartiers déshérités de Dublin, qui, elle aussi, a connu la pauvreté, la violence, l’abandon… Pas d’hésitation: la main qu’on ne lui a pas tendue à l’époque, elle va la tendre maintenant à ces fillettes et leur rendre leur enfance. Ce qu’elle ignore encore, c’est qu’il y en aura bientôt des milliers. Pour tous ces enfants, Christina va devenir « Mama Tina »…
Le film
[3.5/5]
Le biopic est un genre cinématographique qui remonte aux origines du 7ème art. Souvent méprisé par la critique, il rencontre par contre, en général, un certain succès auprès du public. Christina Noble, qui donne son nom au film de Stephen Bradley, est une irlandaise de bientôt 71 ans, peu connue dans notre pays mais très populaire dans son pays d’origine ainsi qu’au Vietnam et en Mongolie, pays dans lesquels la fondation qui porte son nom et qui a vu le jour en 1991 a permis d’améliorer les conditions de vie de plus de 700 000 enfants et de plus de 300 000 familles. C’est la femme du réalisateur, l’actrice de stand-up et comédienne Deirdre O’Kane, irlandaise également, qui a poussé son mari à réaliser ce film : après avoir récolté des fonds en Irlande pour la fondation Christina Noble, elle est devenue obsédée par l’histoire de sa compatriote et a poussé son mari à lire les livres écrits par Christina Noble. Ayant vu dans ces livres un beau sujet de film, Stephen Bradley s’est lancé dans l’aventure, il a rencontré plusieurs fois Christina Noble et il a écrit un scénario et des dialogues qu’il a soumis à son héroïne. Celle-ci n’a pas trouvé grand chose à redire, se contentant de modifier quelques dialogues qu’elle ne pensait pas adaptés à sa façon de s’exprimer.
Stephen Bradley a choisi de raconter 3 périodes bien distinctes de la vie de Christina Noble : lorsqu’elle avait 10 ans, de 16 ans à 23 ans et, enfin, le début de son action au Vietnam, lorsqu’elle avait 44 ans. Plutôt qu’un récit chronologique, il a choisi de faire des aller-retours entre ces différentes périodes et c’est ainsi, qu’on ne rencontre Christina Noble à 16 ans qu’après avoir déjà vu son arrivée au Vietnam. Cette construction permet de bien mettre en parallèle l’enfance difficile de l’héroïne avec celle des enfants des rues de Hô-Chi-Minh-Ville (anciennement : Saïgon), ces enfants rencontrés dès son arrivée dans cette ville et qui vont l’amener à chercher les moyens permettant de les éduquer et de les soigner. Mère décédée alors qu’elle n’avait que 10 ans, père alcoolique, Christina Noble a connu ces fameuses institutions irlandaises tenues par des sœurs et a réussi, malgré tout, à conserver une foi inébranlable malgré les coups fourrés dont elle a été l’objet de la part de ces représentantes sur terre de ce Dieu à qui, aujourd’hui encore, elle aime s’adresser. Ayant fait elle-même l’objet d’un viol, elle va n’avoir de cesse de combattre le tourisme sexuel et le viol des enfants qui va avec, ainsi que les trafics d’organes. Pour devenir « Mama Tina » dans un pays qui lui était totalement inconnu mais vers lequel elle s’était sentie attirée dans sa jeunesse, Christina Noble a fait preuve de beaucoup de courage, de volonté et d’abnégation, des qualités que Deirdre O’Kane, l’initiatrice du projet, transcrit très bien à l’écran dans son interprétation de la partie vietnamienne de l’existence de l’héroïne. Sa ressemblance avec Sarah Greene, qui interprète le même personnage plus jeune de 25 ans, est absolument confondante. Dans le rôle de Gerry Shaw, cadre important d’une compagnie pétrolière qui va permettre à Christina Noble d’obtenir sa première aide financière importante, on retrouve avec plaisir Brendan Coyle, bien connu des fidèles de Downton Abbey pour son interprétation toute en finesse de John Bates, le valet de chambre de Lord Grantham. Lorsqu’on est convaincu que l’éducation et les soins médicaux, priorités de la fondation fondée par Christina noble, devraient être la priorité des priorités de tous les gouvernements lorsqu’il s’agit de l’avenir des enfants et donc, du pays dans lequel ils vivent, il n’est pas question de faire la fine bouche devant ce film, plutôt bien réalisé et, qui plus est, avec un minimum de complaisance.
Le DVD
[4.5/5]
Pour ce film dont la quasi totalité des dialogues sont en anglais, Condor Entertainment propose de le visionner en version française 5.1 ou en version originale sous-titrée 5.1. Aucun problème concernant la spatialisation et très bon transfert de l’image sur le support DVD. Félicitons Condor Entertainement en ce qui concerne les bonus : ils sont au nombre de cinq, ils sont intéressants et leur durée totale est de plus d’une heure ! Le premier est le plus long (19 minutes) : une interview exclusive de l’équipe du film réalisée lors de la 25ème édition du Festival du Film Britannique de Dinard, en octobre 2014. On en retient le souci apporté par le réalisateur et les comédiennes pour que la continuité du personnage de Christina Noble ne pose pas de problème aux spectateurs lorsqu’on passe d’une période de sa vie à l’autre. Intéressant aussi d’apprendre que, non seulement le film a été tourné en 35 mm argentique mais, qu’en plus, 3 types de films différents ont été utilisés, un par période. Le 2ème bonus, d’une durée de 6 minutes, est intitulé « coulisses du tournage » et nous met en contact avec les principaux acteurs, avec la productrice et le compositeur de la musique. Le 3ème bonus, d’une durée de 14 minutes, a été enregistré le 16 avril 2015, lors de l’avant-première française du film, au MK2 bibliothèque : le réalisateur y raconte les difficultés rencontrées pour réaliser son film et Christina Noble répond de façon nette à une question d’une spectatrice demandant un conseil quant au type d’action qu’on peut mener pour s’engager sur le chemin qu’elle a tracé : occupez vous des réfugiés qui arrivent dans votre pays, rencontrez les, apprenez à les connaître, accueillez les. Le 4ème bonus, d’une durée de 16 minutes, est la transcription d’une émission diffusée sur la chaîne KTO et dans laquelle Christina Noble, interviewée par Hubert de Torcy, revient sur son parcours. Quant au dernier de ces bonus, d’une durée de 8 minutes, c’est une présentation de la « Christina Noble Children’s Association ». Autant dire qu’après la vision du film et celle des cinq bonus, vous saurez à peu près tout sur cette femme qui, jeune, connut la misère et a consacré sa vie aux enfants dans la difficulté.
