Vendredi 18 septembre et un peu samedi 19 aussi…
Toc Toc Toc qui est là c’est les p’tites salopes, Toc Toc Toc qui est là c’est les p’tites salopes… oui ceux qui auront reconnu Henri Dès dans cette introduction outrageusement vulgaire seront choqués de voir ainsi dénaturer l’un de ses plus grands tubes, La Petite Charlotte, à écouter ci-dessous dans sa version calme même si la version live filmée dans les années 90 est un grand moment de hurlements d’enfants de quatre ans à faire rougir les fans hardcore de treize ans de One Direction.
Cette brève mise en bouche résume bien le point de départ de Knock Knock (2,5/5 – et c’est bien payé -) avec ses deux démones (des jeunes filles bien fraîches en fait) qui frappent à la porte (toc toc donc) d’un bon père de famille incarné par Keanu Reeves devant la caméra de Eli Roth qui ne convainc hélas pas vraiment avec ce film d’ouverture paresseux et un poil réac. Il n’aurait pas du leur ouvrir, le FEFFS n’aurait pas du ouvrir sa huitième édition avec ce thriller raté malgré de belles promesses de cinéma de quartier à l’ancienne. La critique détaillée est là.
Plus précis, plus réjouissant, plus constant et crédible dans les évolutions de son scénario, l’autre film de ce double programme consacré à Eli Roth est son très attendu Green Inferno (4/5), dans les limbes de la distribution depuis plus de deux ans. On le découvre enfin quelques semaines avant sa sortie hélas limitée au e-cinema (un contre sens total) et le résultat est très agréablement surprenant. C’est gore, très gore même, grâce à l’audace du réalisateur mais aussi aux effets spéciaux crus des maîtres Greg Nicotero et Howard Berger, et j’espère que David Scherer, maître hexagonal du maquillage (voir notamment Notre-Dame-des-Hormones) et festivalier récurrent à Strasbourg, a apprécié lui aussi).
Dans ce vrai film d’horreur, on éclate pourtant de rire souvent grâce à un humour réjouissant dans les situations (une diarrhée explosive, un peu de marijuana, une apparition inattendue de Brad Pitt) et l’attitude de certains protagonistes face à la mort attendue. C’est assez brillamment réalisé, l’exposition prenant le temps de nous présenter les protagonistes et leur personnalité avant de nous emporter dans un enfer vert sans pitié pour ce groupe d’altermondialistes moqués sans retenue. Le cynisme si souvent agaçant de Eli Roth est désormais affecté à ses personnages et cela enrichit leur caractérisation. Ils sont attachants, ce qui n’est pas courant chez Roth qui questionne sans cesse leurs motivations, souvent opportunistes, pour leur carrière ou pour leurs tableaux de chasse amoureux ou sexuels. L’implication du spectateur dans leurs malheurs n’en est que plus grande. Signalons que les enfants sauvages du film ne voleraient pas leur place au sein de la rétrospective Kids in the Dark.
Malgré cette franche réussite le roi de la soirée fut certainement Joe Dante, l’un des grands maîtres du cinéma de genre, d’horreur et de fantastique mais n’étant pas présent lors de la soirée d’ouverture, je dois me limiter à me vanter de l’avoir croisé sur le quai de la Gare de l’Est. Quatre ans après s’être retrouvé au même endroit aux côtés de George Romero avec absolument zéro preuve d’un événement comme de l’autre, on se dit que quand même wow, la vie peut être chouette. Ça c’est du commentaire. La master class de Sir Dante a lieu ce dimanche et on y reviendra.
Pendant ce temps-là à Vera Cruz… David Huriot voit aussi des films de Strasbourg…
The Guest de Adam Wingard (2014, USA) (4/5)
Commençant comme une version Middletown américaine et post-guerre en Afghanistan du Theoreme de Pier Paolo Pasolini, classique du cinéma italien dans lequel un adolescent beau comme Mère Nature chamboulait les moeurs d’une famille bourgeoise (ici, un jeune homme tout aussi beau et mystérieux débarque sans crier gare dans une famille dysfonctionnelle et se présente comme l’ami du fils aîné mort au front), le duo Adam Wingard-Simon Barrett (scénariste), auteur du sympathique quoique inégal hommage au slasher qu’est You’re next, décide de rendre grâce à toute une cinéphilie marginale, celle de la série B des 80’s et 90’s. Porté par une mise en scène iconique et des nappes électroniques que ne renieraient pas le tandem John Carpenter-Allan Howarth, le métrage se donne pour but de surprendre le spectateur, quitte à le désarçonner et le perdre peut-être sur le bord de la route lors d’une dernière demi-heure lorgnant ouvertement vers le pur actionner de série B, voire même dans le film d’horreur. Sans vous dévoiler plus sur l’intrigue, l’on vous recommande fortement de vous précipiter vers ce cocktail thriller/action/horreur, au budget réduit mais à l’inventivité constante, assumant ouvertement son côté référentiel et n’oubliant pas de divertir son spectateur, soit l’objectif d’un idéal de série B si l’on veut rendre noblesse à ce type de cinéma.