Hyena
Royaume-Uni : 2014
Titre original : –
Réalisateur : Gerard Johnson
Scénario : Gerard Johnson
Acteurs : Peter Ferdinando, Stephen Graham, Neil Maskell
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 1h50
Genre : Thriller, Policier, Action
Date de sortie DVD / BR : 9 septembre 2015
Michael Logan est un mélange complexe d’alcoolique occasionnel et d’officier de police corrompu. Mais l’univers sinistre dans lequel il évolue est en pleine mutation. L’arrivée en masse de gangsters sans pitié venus d’Albanie menace de bouleverser le paysage criminel londonien. Jusqu’ici son instinct lui avait toujours donné une longueur d’avance, mais son comportement de plus en plus autodestructeur et la brutalité des nouveaux chefs de gangs vont le plonger dans une spirale de peurs et de doutes…
Le film
[4/5]
Noir, violent, cynique, sans espoir, Hyena n’est pas forcément le film à regarder en famille lors de la fête d’anniversaire du petit dernier. Le film de Gerard Johnson est en effet un thriller d’une noirceur abyssale, allant chercher ses influences du côté du cinéma de Nicolas Winding Refn (surtout Pusher III) mais également de cette nouvelle et insidieuse vague de cinéastes britanniques prenant un malin plaisir à mettre le spectateur mal à l’aise à force de se vautrer dans la plus intense glauquerie (Ben Wheatley, Peter Strickland…).
Happant le spectateur dés sa première séquence [qui cite Refn qui lui-même citait Kubrick], le secouant, le malmenant sans le lâcher pendant presque deux heures, Hyena sera probablement la « sensation » polar de l’année 2015. Certes, le film de Gerard Johnson n’est probablement pas le plus original qui soit (ne serait-ce que dans la représentation des « albanais », toujours en survêtements de sport), mais le film, porté par la prestation hallucinante de Peter Ferdinando, suit sans la moindre concession la destinée implacable d’un flic ripou coincé au centre d’une infernale spirale d’échec et de violence, qui ne lui laisse jamais de réelle autre alternative que la fuite en avant, droit dans le mur. Gerard Johnson, scénariste et réalisateur du film, soigne son ambiance oppressante, ses sons entêtants, ses images marquantes. Souvent, Hyena force même à grincer des dents, ou à détourner le regard.
En retrouvant au casting de Hyena le couple d’acteurs formé par MyAnna Buring et Neil Maskell, déjà au cœur de Kill list, le spectateur sera forcément tenté de construire des passerelles mentales entre les deux films, et force est de constater qu’ils ont beaucoup en commun : ce sont deux films pas foncièrement plaisants, développant un sentiment d’étouffement certain, et dont on sort vaguement secoué et mal à l’aise. Au sortir de la projection, on ne sait réellement que penser du film, mais on a conscience d’avoir assisté à quelque-chose de fort. Et puis les images restent. Des images puissantes, au cœur de séquences habilement construites et donnant à voir des plans composés avec harmonie, dans un Scope bien écrasant et claustrophobe. Alors que le cinéphile de nos jours oublie 60 à 80% des films qu’il voit dans les deux à trois ans qui suivent le visionnage, les images de Hyena, comme celles de Kill list, resteront dans son esprit, feront leur chemin jusqu’à s’imposer pour un nouveau visionnage. Un sacré tour de force.
Le Blu-ray
[4/5]
Comme à son habitude, Wild Side nous livre avec Hyena une galette HD tout à fait recommandable. Il faut dire aussi que l’éditeur commence à avoir l’habitude en matière de beaux Blu-ray. Il fallait un bon savoir-faire technique pour réussir à proposer un beau rendu sur un film tel que Hyena, qui se déroule quasi-exclusivement de nuit, et l’éditeur s’en sort haut la main : outre une définition et un piqué de haut vol, le master nous propose une gestion des noirs absolument impeccable ; tout juste regrettera-t-on une saturation un peu excessive sur certaines séquences, créant quelques halos et / ou fourmillements colorés. Côté son, comme d’hab on a droit à deux mixages en DTS-HD Master Audio 5.1, laissant la part belle aux ambiances immersives en diable. A noter que la version française s’avère plutôt convaincante, malgré une spatialisation un poil moins travaillée que sa grande sœur anglophone.
Du côté de la section suppléments, outre les habituelles bandes-annonces du film et de quelques sorties à venir, Wild Side Vidéo fait dans la sobriété, avec un making of d’une vingtaine de minutes, très orienté promo mais permettant de recueillir les impressions de l’équipe de tournage dans une ambiance détendue, et de relâcher un peu la pression après le visionnage du film.