Test DVD : Fièvres

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Fièvres

Fièvres DVD 2France, Maroc : 2014
Titre original : –
Réalisateur : Hicham Ayouch
Scénario : Hicham Ayouch, Aïcha Haroun Yacoubi, Hafed Benotman
Acteurs : Slimane Dazi, Didier Michon, Farida Amrouche, Lounès Tazairt
Éditeur : La vingt-cinquième heure
Durée : 1h29
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 29 octobre 2014
Date de sortie DVD : 1 septembre 2015

 

 

Déterminé, Benjamin décide à 13 ans d’aller vivre chez son père qu’il ne connaît pas. Benjamin veut grandir. Vite. Karim, son père, habite toujours chez ses parents et se laisse porter par la vie. Il se retrouve démuni face à cet adolescent insolent et impulsif qui va violemment bouleverser leur vie, dans ce quartier aux multiples visages.

 

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Le film

[3.5/5]

Sa mère est en prison : Benjamin, 13 ans, convainc l’administration de le laisser aller vivre chez son père. Ce père, Karim, 40 ans, un homme cassé par la vie et qui habite toujours chez ses parents dans une cité de banlieue. Il a un travail qui permet à la famille de joindre les deux bouts. Abdelkader, le père de Karim, est un adepte de la manière forte en matière d’éducation et rêve de retourner au bled. Zohra, sa femme, est aimante et pleine d’attention. On connaît l’expression du chien dans un jeu de quilles. Elle est parfaitement adaptée à l’arrivée de Benjamin dans sa famille. Une famille qu’il ne connaît pas, qui ne le connaît pas, Karim n’ayant eu qu’une courte liaison sans suite avec la mère de Benjamin. On ne connaîtra jamais le prénom de cette dernière, on ne la connaîtra que sous l’appellation « la pute ». Cette famille qui l’accueille, malgré la très grande réticence de Kader, Benjamin est loin de lui tendre les bras : d’emblée, face à ce qui semble n’être pour lui que des arabes, il se montre arrogant, grossier, insolent, provocateur. Osons le mot : haïssable ! Face à son père qui voudrait opter pour la manière forte ou l’envoi direct en prison, Karim ne sait pas par quel bout prendre cet écorché vif de fils qu’il n’a jamais désiré mais qui est là : le plus souvent laxiste face aux insultes de Benjamin, parfois violent, trop violent. Au bout du compte, aussi bien son père que son fils en arrivent à exiger de lui qu’il se comporte en homme.

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On pourrait s’attendre à un film de plus sur la banlieue, avec, bien entendu, son traditionnel cortège de dealers et sa bande-son à base de rap : il n’en est rien. Certes, la banlieue est présente et Hicham Ayouch utilise d’ailleurs à merveille les barres d’immeubles pour marquer le nouveau territoire de Benjamin, bien aidé par Boubkar Benzabat, son Directeur de la photographie. La banlieue est présente, mais elle est presque déserte. Dans ses déambulations, vêtu de son sweat rouge, Benjamin croise peu de monde, il croise surtout des tags et il ajoute les siens. Il croise aussi Claude, un poète africain à la limite de la folie (de quel côté ?) avec qui il va consentir à se lier d’amitié et qui va l’aider à faire ressortir sa créativité artistique. En fait, Fièvres montre une vision presque poétique de la banlieue, à l’opposé de ce que l’on a l’habitude de voir sur ce sujet. A mi chemin entre réalisme et conte urbain, film attachant et parfois très fort sur la recherche d’identité d’un gamin perturbé, Fièvres présente aussi un certain nombre de maladresses, par exemple dans son utilisation de personnages secondaires qui n’étaient pas indispensables ou qu’il aurait fallu, au contraire, creuser davantage. Nounours, interprété par Pascal Elso, et le frère de Karim en sont les meilleurs exemples.

En tête d’affiche de son film, Hicham Ayouch a réuni une paire d’acteurs qui donnent beaucoup de crédibilité aux rôles qu’ils interprètent : Didier Michon, pour sa première apparition à l’écran, excelle à se montrer odieux dans son comportement et attachant quand on pense à tout le malheur qu’il traîne avec lui ; Slimane Dazi, déjà repéré favorablement dans de nombreux films, dont Un prophète, est parfait dans le rôle de Karim, tout en lâcheté, en fragilité et en questionnement. Ce n’est donc pas un hasard si, en 2013, le prestigieux jury du Festival de Marrakech, présidé par Martin Scorcese, leur a décerné le Prix d’interprétation masculine. On notera aussi la participation de Hafed Benotman à l’écriture du scénario, auprès de Hicham Ayouch et de Aïcha Haroun Yacoubi : cet écrivain et braqueur algérien est mort le 20 février 2015, entre la sortie du film en salles et celle du DVD.

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Le DVD

[4/5]

Le DVD réalisé par La vingt-cinquième heure est très simple quant à son utilisation : son Dolby 2.0, version française avec une toute petite pincée de dialogues en arabe sous-titrés en français. L’image, au rapport de forme de 2.35:1, est de très bonne qualité, avec le côté très doux de la lumière très bien mis en valeur. Le DVD propose deux suppléments : Tout d’abord, un entretien de 30 minutes dans lequel on retrouve Hicham Ayouch, Slimane Dazi et Boubkar Benzabat. Dans cet entretien, très riche en information et plein d’entrain, le réalisateur révèle que l’idée de départ de son film vient de son rapport avec son père, un homme très riche, proche du roi Mohammed VI, qui continuait de vivre au Maroc alors que lui passait sa jeunesse dans l’hexagone. Par ailleurs, un court supplément de 2 minutes permet d’entendre Hicham Ayouch, qui se dit lui-même musicien frustré, interpréter « Le tourbillon de la vie », la chanson qu’on entend dans le film Jules et Jim.

Le DVD est disponible, entre autres, directement sur le site de La vingt-cinquième heure.

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