Hot spot
États-Unis : 1990
Titre original : The hot spot
Réalisateur : Dennis Hopper
Scénario : Nona Tyson, Charles Williams
Acteurs : Don Johnson, Virginia Madsen, Jennifer Connelly
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 2h10
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 16 janvier 1991
Date de sortie Blu-ray : 2 septembre 2015
Le mystérieux Harry Madox débarque dans une petite ville paisible du Texas. Charismatique, il est rapidement engagé comme vendeur de voitures. Il fait la connaissance de la gentille et naïve Gloria, et de la torride Dolly, la femme de son patron. Irrésistiblement attiré par les deux femmes, il entame une liaison avec la brune et la blonde. Mais il s’intéresse également de très près à la banque locale. Le shérif commence à être intrigué par son comportement…
Le film
[3/5]
La carrière de Dennis Hopper en tant que réalisateur se résume souvent, pour beaucoup de cinéphiles, à un seul film, le cultissime Easy rider (1969). C’est aller un peu vite en besogne quand on sait qu’Hopper a tout de même signé pas moins de six longs-métrages, auxquels on peut ajouter un film qu’il a renié (Catchfire avec Jodie Foster) et deux courts. Après l’intéressant Out of the blue (1980) et surtout l’excellent Colors (1988), il tournera notamment, au tournant des années 90, deux longs-métrages très imparfaits mais sympathiques, mettant en scène des blondes incendiaires causant la perte des hommes autour d’eux : le premier sera tourné dans un style très « Film Noir » (Hot spot), le second sur le registre de la comédie (Chasers – L’escorte infernale).
Hot spot est donc un hommage au « Film Noir » des années 40/50, mettant en scène un trio d’acteurs censés sentir le souffre et dégager une sensualité troublante au cœur d’une bourgade de rednecks suant sang et eau sous un soleil de plomb. Le « trio érotique » du film est donc composé de Don Johnson, le macho irrésistible, Virginia Madsen, la vamp allumeuse, et Jennifer Connelly, la jeune innocente juvénile aux chaussures fleuries. Bien sûr, Dennis Hopper et sa scénariste Nona Tyson s’amuseront à brouiller les pistes, les archétypes cachant en fait une réalité bien différente, et les rôles n’étant pas du tout ceux auxquels on pouvait s’attendre.
Tourné en 1990, Hot spot conserve encore beaucoup de l’esthétique clinquante et « m’as-tu vu » propre aux années 80, que le cinéaste mêlait, avec l’aide d’ Ueli Steiger à la photo, à une patine très années 50, à base de néons, de rouges claquants et de grosse voitures américaines. La révolution Basic instinct (Paul Verhoeven, 1992) n’est pas encore passé par là, et dans la représentation des scènes érotiques mettant en scène son trio sulfureux, Hot spot a malheureusement pris un sacré coup de vieux, et affiche aujourd’hui une ringardise certaine, prêtant d’avantage à sourire qu’à faire monter le thermomètre. Et étant donné que l’intrigue du film donne plus d’importance à ses histoires de cul qu’à son aspect purement « thriller » (disons 60% de sexy pour 40% de manipulations, c’est déséquilibré), Hot spot ne parvient pas réellement à dépasser ses petits problèmes de rythme et s’avère, au final, absolument singulier mais pas totalement convaincant.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Wild Side a pris récemment l’excellente initiative de restaurer et proposer sur support Haute Définition des classiques du polar dont l’éditeur vient d’acquérir les droits pour la France. Le consommateur français va donc pouvoir remplacer / upgrader ses DVD de films inoubliables des années 80, tels que The hot spot, Dangereuse sous tous rapports (dont les droits étaient jusqu’ici détenus par MGM) mais également Fletch et Streets of fire (dont les droits étaient jusqu’ici détenus par Universal).
On salue donc bien bas cette initiative inattendue et courageuse ainsi que l’effort éditorial de Wild Side Vidéo, qui nous permet d’enfin revoir le film dans des conditions de visionnage que l’on pourra sans trop de peine qualifier d’optimales vu l’âge du film. Le master est propre et stable, les couleurs ne manquent pas de punch ; même si l’ensemble manque peut-être un peu de piqué, c’est sûrement la photo du film un peu datée qui en est la cause. Comme sur les autres films de la vague, les scènes en basse lumière affichent un léger bruit. Les deux mixages sonores proposés en DTS-HD Master Audio 2.0 ne présentent aucun problème particulier, avec des voix fortes et claires et une ambiance musicale soignée.
Du côté des suppléments, on trouvera un entretien avec Dennis Hopper enregistré en octobre 2008 à la Cinémathèque française, intitulé « Hopper par Hopper, une leçon de cinéma ». L’acteur / réalisateur y évoque son apprentissage de comédien et de cinéaste ; si ce jeu de questions / réponses n’aborde jamais le film Hot spot, l’ensemble est tout de même assez passionnant.
On terminera avec un petit mot sur les visuels des DVD / Blu-ray proposés sur cette vague de films édités par Wild Side : plutôt que de ré-utiliser bêtement les affiches ou les habituels montages photo, l’éditeur a fait appel à Thierry Segur, qui a signé à la demande de la branche marketing et éditoriale de l’éditeur quatre visuels originaux et vraiment réussis, à la manière des américains de chez Criterion, qui « ré-interprètent » toujours les films avec des visuels surprenants, et rappelant même carrément le superbe boulot des créatifs de chez Mondo. Bien sûr, chacun selon sa sensibilité aura sa préférence parmi les quatre : personnellement, si le visuel était disponible à la vente en grand format, cette affiche « customisée » de Streets of fire trônerait certainement dans mon salon.