Petit lapin
France, 2014
Titre original : –
Réalisateur : Hubert Viel
Scénario : Hubert Viel
Acteurs : Hubert Viel, Noémie Rosset, Camille-Lou Grandrieux, Marie Rivière
Distribution : –
Durée : 0h31
Genre : Comédie
Note : 3/5
Grand Prix à Brive en 2013 et en présent dans le Panorama de Pantin avec Artémis, cœur d’Artichaut, Hubert Viel revient avec Petit lapin produit par le 7ème Continent, groupe de cinéphiles qui ont présenté régulièrement des films au cinéma Etoile-Lilas et se sont lancés dans la production via leur projet Undead, sept courts-métrages signés de jeunes auteurs remarqués pour leurs courts et moyens-métrages (et même le long pour certains), les autres étant Virgil Vernier (Mercuriales), Héléna Klotz (L’âge Atomique), Antonin Peretjatko (La Fille du 14 juillet), Shanti Masud (Pour la France), Bertrand Mandico (Boro in the box) rejoints par Alix Pennequin, l’une de ces productrices. Au passage, tous sont présents cette année à Côté court de Pantin pour présenter leur nouveau film. Le monde du court-métrage est un petit monde, et on ne parle pas que de format.
Synopsis : À cause de sa trop grande consommation de chewing-gums, Petit Lapin, la trentaine, actrice qui tente de percer comme elle peut, a des absences et se retrouve à l’hôpital après un nouveau malaise. Aidée de son cousin Hugo et d’une amie, ils vont appeler les services consommateurs de produits de grande consommation pour leur demander de réduire voire de supprimer les additifs alimentaires présents partout.
Une fable écolo
Cette nouvelle œuvre, de commande de Super Hubert Viel (j’ai le droit une fois à ce jeu de mots), toujours en noir et blanc, est moins impressionnante, formellement et dans ses thématiques qu’Artémis, cœur d’artichaut, disons-le nettement mais la barre était très haute, façon Sergueï Bubka ou pour rester dans le monde du moyen-métrage Un Monde sans femmes de Guillaume Brac, l’un des emblèmes des Festivals de Brive et Pantin. Cette comédie nonchalante permet de prendre des nouvelles tout de même très plaisantes de son auteur et ici interprète neurasthénique principal (genre Benjamin Biolay – dans tous ses films – mais moins endormi) dont la cousine souffre d’un mal étrange. C’est un monde inquiétant qui est dénoncé dans ce court politico-écolo-biologique qui traite son sujet avec humour dans une succession d’appels qui virent à l’absurde mais basés sur des éléments tristement réels. La fable se déroule sur un ton ironique qui se joue des théories du complot et de la paranoïa avec une prestation comique une nouvelle fois géniale de Noémie Rosset, l’inoubliable Callie Staux d’Artémis (ici brune et non plus blonde platine) en amie inquiète 1) pour les neurones de son amie et 2)de savoir si elle peut poursuivre sa consommation accrue d’apéricubes (au moins 24 par jour, ce qui est beaucoup, en effet).
Dénoncer le mauvais goût
Entre fiction et documentaire, Hubert Viel est certes en dessous de son « tube » mais séduit tout de même avec cet exercice qui fleure bon l’improvisation (Noémie Rosset semble au bord du fou rire par moments) mais heureusement pas l’amateurisme. Et une découverte, les emballages de sandwich Monoprix affichent cet étrange décalque d’une blague Carambar : « ce thon préfère sortir en club qu’en boîte ». Un film qui dénonce le mauvais goût, jusqu’au bout, jusqu’à la blague de trop donc. La mère inquiète des malaises de sa fille est jouée par Marie Rivière, l’une des actrices fétiches d’Eric Rohmer, ne citons que Le Rayon vert ou Conte d’automne ou histoire de varier les références, rappelons qu’elle fut émouvante dans le court-métrage La Noyée de Mathieu Hippeau (présenté à Pantin en 2011 et dont le réalisateur revient cette année) ou inquiétante dans Le Refuge de François Ozon. Camille-Lou Grandrieux, qui joue sa fille et fait ses débuts à l’écran, lui ressemble comme deux gouttes d’eau, la photo ci-dessus où, il est vrai, elle baisse la tête, étant plutôt éloquente.
Conclusion
En attendant de découvrir son (vrai) premier long-métrage, le prometteur (à en juger par sa présentation lors du Workshop Pitch à Brive en 2014) Les Filles au Moyen-âge avec Michel Lonsdale, Hubert Viel, s’est offert cet intermède aux ambitions plus modestes mais heureusement amusant et qui a le mérite de confirmer non seulement le talent de comédienne de Noémie Rosser – qui présente un autre style de jeu dans La Fin du dragon de Marina Diaby, en compétition lors de la dernière édition de la Semaine de la Critique – mais aussi de se dire que Viel lui-même a un potentiel dans ce domaine. Après sa présentation à Brive en avril dernier, Petit lapin sera présenté à deux reprises au Festival Côté Court de Pantin, le dimanche 14 juin à 14h00 et le vendredi 19 juin à 22h00 en présence de l’équipe.