Mon héros
France, 2015
Titre original : –
Réalisateur : Sylvain Desclous
Scénario : Sylvain Desclous
Acteurs : Guillaume Viry, Damien Bonnard, Esteban
Distribution : –
Durée : 0h29
Genre : Comédie
Note : 3/5
Avec Mon héros, Sylvain Desclous change de registre après le plus mélancolique Le Monde à l’envers avec Myriam Boyer et Vincent Macaigne et signe une comédie rafraîchissante et fraternelle.
Synopsis : Poulet sandwich dans un espace commercial anonyme, Yan distribue des prospectus dans un déguisement ni neuf ni propre et se montre soudain intéressé par un homme en costume qui tente de vendre un vague terrain vague à des investisseurs chinois. Le hasard vient ainsi de réunir Yan et son frère Rémi qu’il n’avait pas vu depuis la mort de leur mère.
Une mise en scène stylisée
Les situations comiques s’enchaînent malgré cette notion de tristesse qui imprègne l’arrière-plan au détour d’une phrase (« elle me manque » dit l’un, « moi aussi » réplique l’autre) et la relation tendue entre ces deux frères qui ne semblent n’avoir rien à se dire. Ils sont piégés dans leur vie de loser, pas heureux du métier qu’ils exercent ni de leur mode de vie, l’un prospecteur en investissement, l’autre sans réelle ambition professionnelle, juste heureux (au moins en apparence) de survivre et de s’amuser avec ses amis. Aucun des deux n’est vraiment satisfait de sa vie, ils font avec, leurs costumes respectifs leur permettant de se cacher leur ressenti profond comme des costumes de super-héros protègent l’identité secrète de ceux qui les portent. La réussite de leurs échanges passe par le judicieux casting de Damien Bonnard, le petit nouveau du court (Petit lapin, La Terre penche) en ambitieux businessman et Guillaume Viry en poulet indolent.
Signalons encore la présence réjouissante d’Esteban en copain (forcément) rigolo. L’acteur le plus space du cinéma français à la voix nasillarde (il faudrait trouver un nouvel adjectif pour lui) est un chauffeur de bétaillère, rajoutant une nouvelle apparition bizarre à sa carrière hétéroclite, souvent dans des moyens & courts-métrages qui sont souvent bien plus que moyens. Ici, il parle chinois (ça étonnera qui?) et se vante de maltraiter les «les copines de sa reum» qu’il va «défoncer» au poker.
Une famille bien étrange
Comme Inupiluk de Sébastien Betbeder, Mon frère confronte des étrangers qui découvrent la France à des français à leurs yeux pittoresques et cette rencontre enrichit un peu tout le monde sans virer à la leçon de vie convenue. De la rigolade franche donc mais aussi un vrai sens du cinéma avec ce plan où des éoliennes en action entourent un van au centre de l’image et qui se rapproche ou lorsque Rémi est assis sur un quai de train au centre du cadre là encore, une mise en place qui annonce que quelque chose de significatif va se placer, comme quoi la vision comique d’un auteur de court-métrage rigolo peut être graphiquement soignée. Pour ne rien gâcher, Sylvain Desclous réussit les scènes de beuverie, leur laissant le temps de se dérouler et de libérer la parole de ces deux frères devenus indifférents l’un à l’autre, ne sachant plus quoi se dire ou partager avant ces improbables retrouvailles.
Conclusion
Un peu de gravité tranquille perce derrière l’humour très bon enfant dans ce film de potes, de frères, frais et bien plaisant, chaleureux et à l’esprit débridé sans être vain. On attend son premier long-métrage sans trop d’inquiétude sur sa qualité éventuelle, le tournage de Vendeur où il dirige Gilbert Melki, Pio Marmaï, Sara Giraudeau, Pascal Elso et Clémentine Poidatz étant déjà lancé. Après sa présentation à Brive en avril dernier, Mon héros sera présenté à deux reprises au Festival Côté Court de Pantin, le jeudi 11 juin à 18h00 et le lundi 15 juin à 14h30 en présence de l’équipe ainsi que le vendredi 19 juin à 20h30, toujours en présence de l’équipe, au Trianon de Romainville.