Festival de Cannes 2015 : Macbeth

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Grande-Bretagne, 2015
Titre original : –
Réalisateur : Justin Kurzel
Scénario : Todd Louiso, Jacob Koskoff, Michael Lesslie, d’après Shakespeare
Acteurs : Michael Fassbender, Marion Cotillard, Jack Reynor
Distribution : StudioCanal
Durée : 1h53
Genre : Drame
Date de sortie : 4 novembre 2015

Note : 1/5

Deuxième long-métrage, deuxième sélection au Festival de Cannes. Après Les Crimes de Snowtown en 2011 à la Semaine de la Critique, l’australien Justin Kurzel est invité à concourir pour la Palme d’or. L’adaptation d’une œuvre majeure de la littérature, un pilier de la culture moderne en guise de deuxième film, on admire l’audace après un premier film qui se complaisait dans la violence de son sujet.

Synopsis : La Norvège et l’Écosse se livrent une bataille où Macbeth, cousin du roi Duncan et chef de son armée, s’illustre par son courage, sa persévérance et sa loyauté. Revenant victorieux, Macbeth, thane de Glamis, rencontre trois sorcières qui l’accueillent en lui donnant successivement trois titres différents : celui de thane de Glamis, de thane de Cawdor et de futur roi. Quant à Banquo, général et ami de Macbeth qui l’accompagne, elles lui promettent une descendance de roi. Macbeth fait part de cette rencontre à son épouse mais, dévorée par l’ambition et pressée de voir s’accomplir cette prophétie, elle le pousse à assassiner Duncan sans plus attendre. Les fils de Duncan (Malcolm et Donalbain) s’enfuient, de peur de se faire assassiner à leur tour, laissant le trône à Macbeth. C’est le début d’un cycle meurtrier où Macbeth, vivant dans la hantise de se voir dépossédé de son trône, entreprend de faire assassiner tous ceux dont il estime qu’ils pourraient le lui ravir.2015

Macbeth

Fulgurances de couleur, substance sacrifiée

Crimes et châtiments peuplent ce récit d’avidité d’un pouvoir obtenu par la force, le meurtre gratuit et une ambition démesurée condamnant sans espoir ceux qui la perpétuent. Les thématiques psychologiques passent à la trappe, et dès l’évacuation de la symbolique majeure des mains sales, représentée avec confusion, le travail d’adaptation de Justin Kurzel affiche ses limites, le style écrasant la substance. Les coupes radicales dans l’intrigue réduisent Lady Macbeth, figure machiavélique et diabolique par excellence, à de la figuration. L’on s’attend à un déluge de critiques négatives sur Marion Cotillard, mais comment peut-on exister lorsque l’essence de son personnage, l’un des plus profonds et riches de la littérature, est à ce point bafouée ? Un même traitement infligé à Iago dans Othello et la pièce n’existe plus là non plus. Ne resteront que de cette les fulgurances de couleur de Adam Arkapaw tournées dans les paysages de plaine et de montagne d’Ecosse mais de belles images ne font pas un film.

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Le résultat est un magma d’images souvent belles, magnifiques même, avec des explosions de rouge hurlant, de jaunes sablé, des tableaux monochromes avec des brumes grises d’où se détachent des silhouettes de triste augure. Les scènes se suivent mais sont vides de sens car coordonnées à la truelle. Le texte coupé de façon radicale se limite à une lecture d’un Reader’s Digest illustré. Michael Fassbender ne peut que décevoir alors qu’il semblait taillé pour ce rôle qui devient ici un clone d’un guerrier spartiate qui se serait échappé de 300. La dimension fantastique et mythologique subsiste encore, avec ce choeur de sorcières dont la prémonition enserre ses personnages dans un destin funeste. Cette part fascinante, on la doit à Shakespeare. Certainement pas à Justin Kurzel.

Conclusion

De ce premier affrontement à l’esthétique pompière entre Michael Fassbender et Marion Cotillard avant Assassin’s Creed, l’adaptation du célèbre jeu vidéo, ne subsisteront que les superbes images de Adam Arkapaw qui illustrent avant toute chose que l’esthétisation de Gladiator de Ridley Scott a fait beaucoup de mal au cinéma avec ses viles suiveurs dénués d’inspiration. Pour ressentir plus fortement l’influence du Barde sur grand écran, il est préférable de se plonger dans les versions signées Orson Welles en 1948, Akira Kurosawa en 1957 (dans Le Château de l’araignée) ou Roman Polanski en 1971, voire Mystic River de Clint Eastwood où Laura Linney est une Lady M d’anthologie.

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