Test DVD : Félix et Meira

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Félix et Meira

Canada : 2014
Titre original : –
Réalisateur : Maxime Giroux
Scénario : Maxime Giroux, Alexandre Laferrière
Acteurs : Hadas Yaron, Martin Dubreuil, Luzer Twersky
Éditeur : Urban Distribution
Durée : 1h42
Genre : Romance
Date de sortie cinéma : 4 février 2015
Date de sortie DVD : 4 juin 2015

 

 

Tout oppose Félix et Meira. Lui mène une vie sans responsabilité ni attache. Son seul souci, dilapider l’héritage familial. Elle est une jeune femme juive hassidique, mariée et mère d’un enfant, s’ennuyant dans sa communauté. Rien ne les destinait à se rencontrer, encore moins à tomber amoureux.

 

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Le film

[4/5]

Pour le canadien Maxime Giroux, réaliser un film, c’est s’intéresser à un domaine qu’il ne connaît pas et, in fine, arriver à « comprendre les choses ». Après de très nombreux clips, quelques courts-métrages et deux long métrages, il a décidé de s’intéresser aux juifs hassidiques. Ayant longtemps vécu dans le quartier de Mile End à Montréal, il a souvent croisé des membres de cette communauté de juifs orthodoxes, très difficile à approcher. De temps en temps, il arrive que des hommes ou des femmes sortent de cette communauté. Cela a permis à Maxime Giroux d’enrichir petit à petit sa connaissance sur la façon de vivre à l’intérieur de la communauté et d’engager d’anciens hassidiques pour jouer dans son film.

Meira est une jeune femme, mariée à Shulem et mère d’une petite fille. Shulem est très impliqué dans la communauté hassidique de Montréal, Meira beaucoup moins : elle voit arriver le shabbat en maugréant et elle « aimerait savoir comment c’est d’être comme les autres ». Elle ne souhaite pas vraiment avoir d’autre enfant que sa petite Elisheva, alors que son devoir consiste à donner naissance à une bonne dizaines d’enfants. Son mari lui interdit d’écouter de la musique de variété, elle écoute de la musique de variété lorsque Shulem est absent ; il lui interdit de dessiner, elle dessine. Et quand son mari la sermonne, elle joue à la morte. Bref, elle s’ennuie ! Félix, lui, la petite quarantaine, fait partie de la communauté francophone, il est athée, insouciant, vivant au jour le jour. Il vient tout juste de revoir son père sur son lit de mort : brouillé avec lui, cela faisait 10 ans qu’il ne l’avait pas vu. L’héritage ? Seul le fait de le dépenser l’intéresse. Félix et Meira, deux êtres que tout sépare et qui vont pourtant se rencontrer et s’attirer l’un l’autre, grâce, au départ, au dessin et à la musique. Pour Meira, la situation est particulièrement difficile : il lui faut trouver en elle-même les clés lui permettant d’ouvrir les grilles à franchir pour arriver à s’émanciper, celle de son couple, celle de sa communauté, celle de sa religion.

C’est avec beaucoup de pudeur et de sensibilité que Maxime Giroux nous fait suivre l’histoire qui se tisse entre Félix et Meira. Aucun racolage à grands coups de violon. Concernant la communauté des juifs hassidiques, aux mœurs si différents des siens, des nôtres, il la décrit sans jugement à l’emporte pièce, avec, en particulier, son sens de la fête lorsqu’elle se met en communion avec Dieu (Rappelons nous la fameuse danse hassidique de Rabbi Jacob!). Il montre combien Shulem, si strict avec sa femme, en est, en même temps, profondément épris. En fait, on a l’impression que, pour le réalisateur, Meira et Félix sont les représentants de deux « mondes » qu’il renvoie dos à dos, deux « mondes » que tout oppose, sauf que l’un et l’autre vont trop dans l’excès : d’un côté, un « monde » avec trop de règles et d’interdits, de l’autre côté, un « monde » trop libre, trop gâté, en manque de repères.

 

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Hadas Yaron, l’actrice israélienne qui joue le rôle de Meira, semble décidément destinée à interpréter des jeunes femmes hassidiques : il y a 2 ans, elle était Shira dans Le cœur a ses raisons de Rama Burshtein. En tout cas, elle tenait absolument à obtenir le rôle de Meira, quand bien même il lui a fallu apprendre le yiddish et le français pour l’obtenir. La douceur de son visage fait contrepoids à la volonté farouche dont elle arrive à faire preuve lorsqu’elle est amenée à forcer son destin. Le rôle de Félix peut paraître plus facile à interpréter : il fallait toutefois arriver à passer avec finesse d’une désinvolture insouciante et égoïste au fait de porter une attention sincère à quelqu’un et cela, Martin Dubreuil le fait très bien. Quant à Shulem, il est joué par Luzer Twersky, un ancien membre de la communauté hassidique de Brooklyn, une communauté qu’il a quittée à l’âge de 23 ans, y laissant sa femme et ses 2 enfants.

De la part d’un réalisateur de clips comme Maxime Giroux, on peut être étonné d’une réalisation dans laquelle est laissé à chaque plan le temps nécessaire pour s’imprimer dans la mémoire des spectateurs et, également, qu’il y ait aussi peu de musique d’accompagnement : seulement, de temps à autre, de courts morceaux composés par le toulousain Olivier Alary et interprétés à la clarinette. Par contre, le réalisateur s’amuse à nous surprendre à plusieurs reprises. Par exemple, lorsque, sans prévenir et sans raison, arrive sur l’écran un ancêtre des clips : les images de télévision en noir et blanc de la chanteuse de blues et de gospel Sister Rosetta Tharpe interprétant au chant et à la guitare électrique le negro spiritual « Didn’t rain » sur le quai d’une gare de Manchester en 1964. De même, lorsqu’il fait dialoguer en espagnol un vieux couple sur la façon de danser de Félix et Meira : « ils sont nuls », « il faut leur apprendre », etc. Et que penser de ses clins d’œil musicaux : lorsque Meira écoute de la musique en absence de son mari, on entend une rythmique reggae. Artiste jamaïcaine ? Non, il s’agit de Wendy Rene, de Memphis, Tennessee. Plus tard une chanson italienne : chanteur italien ? Non, c’est l’américain Jonathan Richman qui interprète « Cosi Veloce » ! La dernière surprise ne nous vient pas de Maxime Giroux mais du Festival de Toronto 2014, et elle est plutôt bonne : Félix et Meira y a recueilli le prix du meilleur film canadien face à, excusez du peu, Mommy de Xavier Dolan et Maps To The Stars de David Cronenberg !

La lecture de la critique écrite par Léa Triomphe lors de la sortie en salles et celle de l’entretien qu’elle a eue avec le réalisateur ne pourront que vous confirmer l’intérêt qu’on peut, qu’on doit porter à ce film.

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Le DVD

[3.5/5]

On ne trouvera ni « making of » du film, ni interview du réalisateur ou des interprètes dans ce DVD édité par Urban Distribution. C’est peut-être dommage, mais on se rattrape avec la présence du court métrage La tête en bas réalisé par Maxime Giroux en 2013. D’une durée de 29 minutes, ce court métrage, difficile à voir autrement, nous entraine dans le quotidien de 3 jeunes femmes fragiles et solitaires. Parmi les 3 comédiennes, on remarque la présence de Sophie Desmarais qu’on avait découverte et appréciée il y a 2 ans dans Le démantèlement et Sarah préfère la course Comme dans Félix et Meira, on y retrouve Martin Dubreuil, l’acteur fétiche de Maxime Giroux. Autre complément : la bande-annonce.

Le transfert du film sur DVD garde bien sûr le parti pris du réalisateur : des teintes souvent grises, peu de lumière. Il faut dire que le film comprend beaucoup de scènes filmées dans des appartements assez sombres et que les scènes d’extérieur ont été tournées en plein hiver à Montréal et à New-York. Quant aux vêtements portés par les juifs hassidiques, ils ne font pas vraiment dans les teintes vives ! Aucun choix concernant le son (2.0 ou 5.1 ?), film en VO sous-titré en français. On notera que dans ce film, on parle anglais, français, yiddish, hébreux, espagnol et italien. Les dialogues en français sont parfois sous-titrés, accent québécois oblige.

 

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