Cette 7ème journée sur la croisette sera la journée des belles surprises avec Youth de Paolo Sorrentino dont le casting impressionnant (Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz) offre un film irrésistible. Autre belle surprise, Mountains May Depart qui peut clairement prétendre à la Palme d’or, une fresque dantesque couvrant 30 années de la vie d’une jeune chinoise. Nous avons savouré un sentiment coupable en découvrant le très controversé Marguerite et Julien au sujet grave, une romance incestueuse… Enfin on a quitté la compétition officiel pour un petit film présenté à La Semaine de la critique, Krisha qui ne nous a pas laissé indifférent.
Synopsis : Fred et Mick, deux vieux amis approchant les quatre-vingts ans, profitent de leurs vacances dans un bel hôtel au pied des Alpes. Fred, compositeur et chef d’orchestre désormais à la retraite, n’a aucune intention de revenir à la carrière musicale qu’il a abandonnée depuis longtemps, tandis que Mick, réalisateur, travaille toujours, s’empressant de terminer le scénario de son dernier film. Les deux amis savent que le temps leur est compté et décident de faire face à leur avenir ensemble.
Mais contrairement à eux, personne ne semble se soucier du temps qui passe…
Notre critique 4/5 :
Souvent malchanceux à Cannes, avec seulement un Prix du Jury en cinq éditions (pour Il Divo), Paolo Sorrentino peut espérer un résultat plus gratifiant cette année avec cette grande bouffe d’images, démesurée et pourtant fragile. Un grand moment d’émotion sous la parure clinquante d’un collier de belles perles de cinéma que le réalisateur enfile avec légèreté et pour citer l’un de ses dialogues spirituels, si « la légèreté est une tentation irrésistible, […] la légèreté est une perversion », Paolo Sorrentino est un tentateur et un pervers fabuleux. Les frères Coen et leurs complices seront-ils eux aussi séduits ? Croisons les doigts… (lire la critique complète)
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Mountains May Depart (Shan he gu ren) (compétition)
Synopsis : Chine, fin 1999. Tao, une jeune fille de Fenyang est courtisée par ses deux amis d’enfance, Zang et Lianzi. Zang, propriétaire d’une station-service, se destine à un avenir prometteur tandis que Liang travaille dans une mine de charbon. Le cœur entre les deux hommes, Tao va devoir faire un choix qui scellera le reste de sa vie et de celle de son futur fils, Dollar. Sur un quart de siècle, entre une Chine en profonde mutation et l’Australie comme promesse d’une vie meilleure, les espoirs, les amours et les désillusions de ces personnages face à leur destin.
Notre critique 4/5 :
Après A Touch of Sin récompensé du prix du scénario au Festival de Cannes 2013, le réalisateur Jia Zhang Ke revient sur la croisette avec Mountains May Depart, une fresque ultra ambitieuse couvrant 30 ans de la vie d’une jeune femme. Le film sort rapidement de ce speach pour proposer un scénario bien plus complexe, Jia Zhang Ke mettant en scène les 2 prétendants de la belle Tao, Zang, un jeune bourgeois propriétaire d’une station service face à son concurrent Liang qui travaille modestement dans une mine de charbon. Au delà de cette intrigue, le film montre une Chine à deux vitesses, celle des petites villes de province dont les mines de charbon ferment face à celle des grandes mégalopoles où l’on apprend aux enfants à parler anglais. La photographie de Mountains May Depart est splendide, les cadrages toujours parfait offrent au spectateur quelques scènes époustouflantes. Le film débute simplement et monte progressivement en puissance jusqu’à un dernier acte d’anthologie. La palme d’or n’est pas loin.
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Marguerite et Julien (Compétition)
Synopsis : Julien et Marguerite de Ravalet, fils et fille du seigneur de Tourlaville, s’aiment d’un amour tendre depuis leur enfance. Mais en grandissant, leur tendresse se mue en passion dévorante. Leur aventure scandalise la société qui les pourchasse. Incapables de résister à leurs sentiments, ils doivent fuir…
Notre critique 3/5 :
Valérie Donzelli (La guerre est déclarée) présente en compétition Marguerite et Julien film très décrié sur la croisette pour son sujet, une romance sur fond d’inceste frère-soeur. Marguerite et Julien prend les traits d’un compte se passant à une époque fantasque. La première force du film réside justement dans les figures de style de la réalisatrice, mélanger constamment les époques de manière discrète souvent, grossière parfois pour perdre totalement la notion de temps et d’époque (les hélicoptères côtoyant les calèches). L’autre force du film tient en cette romance efficace entre les 2 héros interprétés par ce magnifique couple composé de la magnifique Anaïs Demoustier et du beau Jérémie Elkaïm. C’est beau et c’est fort, a tel point qu’on se prend à rêver de les voir vivre leur amour tranquillement avant de se rappeler qu’il s’agit bien d’un frère et de sa soeur. L’ambiguité entre cette histoire d’amour forte et qui fonctionne à merveille et le sujet grave de l’inceste procure un sentiment de culpabilité du spectateur qui ne sait plus ce qu’il doit penser. Au final Marguerite et Julien est un film réussi, qui gêne, dérange autant qu’il est capable d’émouvoir et de faire rire. Quand à son potentiel d’obtenir une récompense dans la compétition, il est quasiment nul.
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