Globale : [rating:4.0][five-star-rating]
Au cinéma, la mode est au biopic. Mais l’exercice n’est pas toujours facile et les résultats parfois mitigés
Synopsis : La vie de Claude François, icône populaire au destin hors du commun : de sa jeunesse idyllique à Alexandrie, son départ douloureux avec sa famille vers la France, au succès qu’il trouvera enfin, à force de travail et d’obstination. Cloclo est l’histoire d’une des plus grandes vedettes française du show-business qui n’a jamais cessé de fasciner et dont les tubes sont toujours d’actualité, d’un homme passionné aux mille obsessions, d’un artiste visionnaire qui ne cessera de se réinventer au cours de sa carrière, porté par ses fans, et les femmes qui l’entouraient : ses amours, sa soeur et sa mère…
Et un biopic, un !
Florent Emilio Siri a choisi Claude François, chanteur au méga succès des années 60 et 70 dont les mélodies sont encore sur (presque) toutes les lèvres; en tout cas sur celles des plus de 40 ans.
Il n’a pas pris de risque en choisissant l’option très classique de dessiner, de manière chronologique le portrait de « Cloclo » de sa naissance en Égypte en 1939 à sa mort à Paris en 1978 en insistant sur l’enfance de manière à bien montrer combien elle a été déterminante (bonjour Freud …) pour son personnage.
Mais il faut reconnaître qu’il s’en sort fort bien et que son film est dans son genre une réussite.
On revit l’histoire du chanteur populaire sans sombrer dans les pièges faciles de l’hagiographie, de la caricature ou du déboulonnage de statue.
Tout est dit, de l’enfance en Égypte passée entouré de l’amour de sa mère et sa sœur et sous le regard jamais satisfait de son père, de son arrivée en France après l’affaire du Canal de Suez, des petits boulots aux premiers contrats, de sa rencontre avec Lederman, de sa vie sentimentale faite de rupture avec les femmes qu’il a aimé mais qui l’ont quitté, de son rapport avec ses fans, de son appétit d’être et de rester le premier, de sa capacité à se réinventer constamment, de son perfectionnisme maniaque, de ses colères, de sa jalousie, de ses fragilités. Et puis de son talent bien sur.
Pour tenir dans 2h28, il faut condenser évidemment, parfois avec un peu de maladresse (ex : l’hôtesse d’accueil, qui précise à son correspondant téléphonique que M. François a cessé sa collaboration avec M. Lederman depuis 2 ans, peut à la fois sembler une bonne idée de mise en scène pour évoquer cette étape dans la vie du chanteur mais peut aussi être justement un peu trop « téléphoné » ) mais cependant le film ne donne ni l’impression d’être trop long ni de zapper les étapes importantes, notamment en équilibrant les scènes professionnelles et les scènes privées.
Claude, sors de ce corps !
Jérémie Rénier réussit là plus qu’une performance. Il n’est pas Claude François par la seul grâce du maquillage ou d’un travail sur les pas de danse.
Il est tout simplement Claude François, Cloclo, un homme dans toute sa complexité, comme tous les hommes.
A aucun moment il ne donne le sentiment de jouer. Il est Cloclo tout simplement et totalement. Sa prestation est totalement, complètement , superbement étonnante, bluffante . Et même après le film, on garde un doute sur les images d’archives (il y a bien quand même le vrai Cloclo et Jérémie sur ces images en noir et blanc ou on l’ a rêvé?).
Sans prothèse nasale et coiffure, Jérémie Renier nous donne l’impression que, même sans prothèse nasale et sans brushing, il serait de toute façon Cloclo de toute façon.
Son Cloclo est tellement vivant que le film échappe à toute nostalgie tant l’artiste est devant nous, bondissant comme hier.
Résumé
Pour le plaisir de se sentir une furieuse envie de danser, pour un « revival » qui échappe à la nostalgie et pour Jérémie Renier, furieusement exceptionnel.
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