48H BD : les 15 BD à 2€ de la Sélection 2022

0
3639

Consacrer 48 heures au Neuvième Art par le biais d’animations et de rencontres prévues aux quatre coins de la France et de la Belgique, c’est le pari fou une poignée d’éditeurs de bandes dessinées il y a dix ans avec les « 48 Heures de la BD », largement relayées dans la presse et les médias grâce au fait que l’événement s’accompagnait, dans les librairies participantes, d’une sélection de bandes dessinées vendues pour la somme de… un euro.

Dix ans plus tard, l’événement, renommé 48H BD depuis quelques années, est devenu un incontournable de la culture : avec 300.000 participants chaque année, et un public large, familial et éclectique, la manifestation est un grand succès populaire, et ce même si entre-temps – inflation oblige – le coût des bandes dessinées proposées au public pendant les quarante-huit heures que dure l’opération a grimpé de un à deux euros.

Les 1er et 2 avril 2022, 250.000 albums seront donc mis en vente au prix public de 2 euros, exclusivement dans les librairies partenaires. Cette sélection d’ouvrages est ainsi proposée dans plus de 1700 librairies, afin d’amener le public à explorer la variété de la bande dessinée. Les amateurs peuvent profiter de ce tirage unique pour découvrir le premier tome de séries déjà populaires en librairies.

48H BD est une grande manifestation nationale, dédiée à la bande dessinée sous toutes ses formes. Elle est organisée par une association composée de 11 éditeurs : Akata, Ankama, Delcourt, Glénat, La Gouttière, Jungle, Kennes, Kurokawa, nobi nobi !, Pika Edition et Soleil.

Parallèlement, les éditeurs membres offrent plus de 50.000 ouvrages aux établissements scolaires. L’association 48H BD invite les enseignants et les documentalistes à mener des activités autour du 9ème art avec leurs élèves. Pour cela, les équipes mettent à disposition des supports d’activités (disponibles au téléchargement sur le site 48hbd.com) : planches à compléter, jeu sur les émotions, saynètes de théâtre… Ces supports accompagnent les livres offerts aux écoles et collèges. Les établissements souhaitant participer peuvent s’inscrire sur le site 48hbd.com.

Deplus, chaque année, un partenariat est noué entre les 48H BD et une association caritative. Après Bibliothèques Sans Frontières en 2016, Coucou Nous Voilou en 2017, puis Biblionef de 2018 à 2020, l’Association 48H BD collabore, comme en 2020 et en 2021, avec des structures GEPSo afin de favoriser l’accès aux livres aux enfants et jeunes adultes, à travers de nombreuses animations et des rencontres d’auteurs BD. Les animations menées dans toute la France et en Belgique sont partagées sur les réseaux sociaux ce qui permet de créer une véritable communauté, créative et dynamique.

Avec près de 85 millions d’exemplaires vendus en 2021 et une hausse du chiffre d’affaire de plus de 50% par rapport à 2020 (890 millions d’euros en 2021), la BD est plus que jamais la grande favorite des français. 1 livre acheté sur 4 est une bande dessinée. Avec 47 millions d’exemplaires vendus et une croissance de 107% le manga représente 55% du marché de la BD.

Cette année, nous propose une sélection de 15 albums à 2 euros, et vous savez quoi ? On les a tous lus, et vous en parle ci-dessous !


À tes côtés
Tome 1
Auteur : Megumi Morino
Éditeur : Akata
À partir de 12 ans
Parution originale : 2020
8 tomes disponibles

Note : 3/5

Quand un après-midi d’hiver enneigé, Hotaru tend son parapluie à Hananoï, un de ses camarades de lycée qui vient de se faire larguer, elle n’imaginait pas encore que c’était le début d’une nouvelle histoire. En effet, ce garçon de la classe d’à côté débarque le lendemain, pour lui faire une déclaration d’amour, alors qu’il ne la connaît pas vraiment… Déstabilisée, elle finit pourtant par accepter d’essayer de sortir avec lui jusqu’à Noël. Et si derrière des apparences trompeuses, la rencontre de ces deux-là était en réalité le fruit du destin ?

Pur Shôjo romantique mettant en scène une idylle lycéenne entre un garçon et une fille, À tes côtés est l’exemple-type du récit fleur bleue narré par une jeune fille découvrant l’amour et désireuse de prendre son temps. Les lecteurs les plus cyniques se gausseront sans doute de la niaiserie de l’intrigue développée par Megumi Morino, mais l’autrice a pour elle une sincérité et une sensibilité remarquable (ainsi qu’un joli trait, lumineux et attendrissant). En un peu moins de 200 pages, on suivra l’évolution de la relation entre Hotaru et Hananoï sur quelques semaines, quelques mois peut-être, et ceux-ci se seront tout de même tenus la main avant la fin de l’ouvrage. A ce rythme, on prévoit peut-être un premier baiser dans le volume 18 de la série, quant à l’acte d’amour à proprement parler, hé bien, on espère pour nos jeunes gens qu’ils découvriront l’ivresse des sens avant de partir en retraite…


Jim Hawkins
Tome 1 – Le Testament de Flint
Auteur : Sébastien Vastra
Éditeur : Ankama
À partir de 12 ans
Parution originale : 2015
3 tomes disponibles

Note : 4/5

Un avenir de commis de cuisine et l’auberge familiale en héritage, Jim Hawkins sait qu’il ne restera pas longtemps sur la terre ferme. Son regard est ailleurs, tourné vers cette ligne de mer posée sur l’horizon, promesse d’inconnu et de mystères. Il suffirait d’un coup de pouce du destin ou de Bill Bones, ce vieux loup de mer fraîchement débarqué avec sa précieuse carte, pour que Jim bascule dans le tourbillon de l’aventure. Mais s’il y a une chose dangereuse en ce bas monde, c’est bien de posséder une fortune sur un morceau de papier…

Évidemment adapté du roman « L’île au Trésor » de Robert Louis Stevenson, Jim Hawkins permet à Sébastien Vastra de réimaginer ce grand classique du récit d’aventures en mettant en scène des animaux anthropomorphiques. Absolument éblouissant d’un point de vue visuel, l’ensemble s’avère assez fidèle à la trame d’origine, et lui ajoute une atmosphère fantastique qui s’avérera le plus souvent assez troublante et efficace. Car loin de donner à l’histoire un aspect édulcoré à la Disney, cette volonté de métamorphoser les personnages classiques de L’île au trésor la baigne finalement d’une aura inquiétante des plus réussies. Les pirates en particulier bénéficient d’un design entièrement repensé qui conférera à certaines pages de la BD des allures de cauchemar éveillé : le ton et l’environnement sont violents, et le tout a vraiment, mais alors vraiment de la gueule. Les couleurs à l’aquarelle sont de toute beauté, et l’ensemble est réellement maîtrisé de A à Z.


Marshal Bass
Tome 1 – Black & White
Auteurs : Darko Macan et Igor Kordey
Éditeur : Delcourt
À partir de 14 ans
Parution originale : 2017
7 tomes disponibles

Note : 4,5/5

Située pendant la période la plus troublée du western, l’histoire de River Bass est celle d’un héros très seul. Arizona, 1875, un gang d’esclaves affranchis, dirigé par un mystérieux Milord, terrorise tout un état. River Bass, premier afro-américain de l’US Marshal Service, est le seul à pouvoir l’infiltrer. Il a accepté l’étoile pour le respect et l’égalité, mais il ne sera confronté qu’à la cruauté du monde. Bass sera démasqué par le gang infiltré et son combat pour la justice s’arrête là. Commence alors celui pour sa vie…

Comme son équivalent au cinéma, la BD « Western » est un genre dont le succès ne s’est jamais démenti au fil des années, et dont les multiples occurrences ont toujours déchainé les passions d’une poignée d’amateurs acharnés, grâce à des auteurs s’échinant sans cesse à renouveler le genre. Avec Marshal Bass, Darko Macan et Igor Kordey donnent immédiatement le ton, en ouvrant leur récit sur une scène évocatrice : dans le soleil couchant, le personnage qui s’avérera être le héros est assis sur son cheval, la corde au cou, cette dernière reliée à un arbre. Si le cheval, exténué, cède, c’en est fini pour lui. Ce premier volume nous permettra donc de faire la rencontre de River Bass, ancien esclave noir affranchi, qui a tout du anti-héros et s’imposera, au fil des pages, comme un cowboy amoral, uniquement guidé par un très pragmatique instinct de survie. Violent, cynique et absolument passionnant, ce premier tome de Marshal Bass, intitulé « Black & White », est incontestablement un western loin des clichés hollywoodiens, doublé de l’un des albums les plus indispensables de cette édition des 48H BD. Le récit est aussi linéaire que brutal, se servant des tensions raciales évoquées en filigrane par l’intrigue pour construire une atmosphère lourde, poisseuse, presque suffocante, marquée par le soleil et par le trait puissant d’Igor Kordey qui, en dépit d’une couverture évoquant gentiment Blueberry, impose au cœur de l’album une patte graphique évoquant bien d’avantage celle de Richard Corben que celle de Jean Giraud. Le découpage est remarquable, les planches aussi superbes que millimétrées, et la narration dynamique. Du grand Art, à ne pas seulement réserver aux amateurs de western !


Putain de chat
Tome 1
Auteur : Lapuss’
Éditeur : Kennes
À partir de 14 ans
Parution originale : 2016
9 tomes disponibles

Note : 3/5

La vérité sur les chats enfin révélée ! Vous aimez les chats ? Ils sont mignons, joueurs et espiègles, et leurs yeux sont remplis de malice quand ils vous réclament une caresse ou des croquettes. En apparence seulement, car un funeste dessein les ronge au plus profond de leur âme et seul votre malheur les intéresse. Au péril de sa vie, Lapuss’ vous dévoile enfin ce qu’il se passe dans la tête de l’animal le plus maléfique de la création : Le chat. Faites attention à vous !

Avec Putain de chat, Lapuss’ nous propose de découvrir dans le détail toute l’abjection de la nature féline. Prenant la forme de comic-strips très courts (3/4 cases maximum), la série suit les pérégrinations d’un homme et de son chat, dont les seules motivations semblent être non seulement de faire chier, mais aussi de faire souffrir – voir même de tuer – son maître. L’album compte une soixantaine de pages, d’inégale efficacité, mais certaines trouvailles sont assez hilarantes dans leur genre. Le trait noir et blanc de Lapuss’ est souple et l’ensemble se dévore en même pas une demie-heure.


Sixtine
Tome 1 – L’Or des Aztèques
Auteurs : Frédéric Maupomé et Aude Soleilhac
Éditeur : La Gouttière
À partir de 8 ans
Parution originale : 2017
3 tomes disponibles

Note : 4/5

Depuis la disparition de son père, Sixtine vit seule avec sa maman… et trois pirates fantomatiques qui veillent sur elle ! La collégienne est tiraillée entre l’envie de savoir d’où elle vient et la peur de blesser sa mère qui fait face à des soucis financiers. Le jour où la classe de Sixtine se rend au musée pour admirer le trésor des Aztèques, la jeune fille et ses acolytes montent un plan quelque peu risqué…

Classique récit de résilience et de coming of age, Sixtine suit une adolescente s’étant réfugiée dans un monde fantastique à la mort de son père : trois pirates fantômes lui tiennent en effet compagnie depuis neuf ans, veillant sur elle et lui apprenant, entre autres, le maniement du sabre. Charmant et bien rythmé, le récit imaginé par Frédéric Maupomé s’inscrit dans la tradition du récit d’aventures de la bande dessinée franco-belge, avec une touche de fantastique et un mystère s’épaississant en fin d’album. Ce premier volume se termine d’ailleurs sur un étonnant cliffhanger remettant pas mal de choses en question, et donnant très envie de découvrir la suite. Et si Sixtine semble être une série très portée sur le fantastique, cela n’empêche d’ailleurs pas l’album de rester ancré dans une certaine réalité sociale, en mettant par exemple en scène les difficultés rencontrées par les mères isolées. Le dessin d’Aude Solleilhac est rond, coloré, stylisé et toujours agréable. L’album compte 76 pages, ce qui est plutôt plus que la moyenne, mais l’ensemble développe une fraîcheur telle qu’on ne les voit pas du tout passer. On notera par ailleurs qu’en couverture, le titre et l’héroïne bénéficient d’un vernis sélectif.


U.C.C. Dolores
Tome 1 – La Trace des nouveaux pionniers
Auteurs : Didier Tarquin et Lyse Tarquin
Éditeur : Glénat
À partir de 13 ans
Parution originale : 2019
4 tomes disponibles

Note : 4,5/5

C’est un grand jour pour sœur Mony. À 18 ans, il est temps, pour cette orpheline recueillie à la porte du couvent des Nouveaux Pionniers, de quitter le nid et de trouver sa voie. Mais à peine propulsée dans le monde extérieur, voilà que la jeune fille découvre être l’héritière du UCC Dolorès, un croiseur de guerre de l’armée confédérée ayant appartenu au général Mc Monroe, de sinistre mémoire ! Incapable de manœuvrer un tel engin, la candide Mony se met en quête d’un pilote et « trouve » Kash, vétéran taciturne et désireux de changer de vie. Ensemble, ils prennent la direction de la Frontière aux commandes du Dolorès, un vaisseau au passé mystérieux !

Gros coup de cœur de cette sélection 2022 des 48H BD, U.C.C. Dolores nous permettra de retrouver le style visuel inimitable de Didier Tarquin, que les amateurs de bande dessinée connaissent depuis maintenant un peu plus de 25 ans : le papa – avec Arleston – de la saga Lanfeust de Troy et de ses nombreux dérivés nous revient ici très en forme avec un récit fourmillant de science-fiction teinté de western. Toujours adepte de personnages forts et puissamment sexués, Didier Tarquin nous propose, avec l’aide de son épouse Lyse, le premier acte d’une trilogie de SF à la fois immersive et décalée. Très influencé par les comics estampillés 2000 AD, les aventures galactiques de Lobo chez DC Comics période Alanb Grant / Val Semeiks ou encore la série B de SF made in Albert Pyun ou Richard Stanley, U.C.C. Dolores met en place un tandem de personnages que tout oppose : le mercenaire / brute épaisse à qui on ne la fait pas, et la jeune fille idéaliste et inexpérimentée à peine sortie du couvent. Pleine de rebondissements et visuellement épatante, l’histoire est tenue sur un rythme soutenu : un album passionnant, que l’on lira et relira sans doute avec un plaisir sans cesse renouvelé.


Les Géants
Tome 1 – Erin
Auteurs : Lylian et Paul Drouin
Éditeur : Glénat
À partir de 8 ans
Parution originale : 2020
4 tomes disponibles

Note : 3,5/5

Endormi depuis des temps immémoriaux dans un bloc de glace en Arctique, un mystérieux géant à l’allure bestiale est découvert par une multinationale du nom de Crossland Corporation. Au même moment, en Écosse, Erin se réveille en sursaut. Encore et toujours le même cauchemar… Celui rejouant la scène d’accident dans lequel ses parents sont morts. Plus tard, alors qu’elle cherche un peu de solitude dans la forêt, une bande d’enfants la poursuit en la traitant de sorcière. Elle est sauvée par un géant au pelage de feuilles et au squelette de bois ! Qui est-il ?

La bande dessinée jeunesse, c’est un peu comme le cinéma d’animation : de nos jours, beaucoup de séries mettent en scène de jeunes héroïnes dans des récits traitant de résilience et de coming of age, avec une grosse touche de fantastique dedans. Ne nous étonnons donc pas si les thématiques abordées par Sixtine se retrouvent également dans Les Géants, dont le premier tome suit la trajectoire d’Erin, jeune orpheline ayant perdu ses parents dans un accident de voiture. Développant un lien inexplicable avec la nature, Erin fera la rencontre d’un « Géant », un esprit de la nature aux puissants pouvoirs, qui lui expliquera que d’autres Géants existent, et que le réveil du plus dangereux d’entre eux pourrait devenir une menace pour le monde. Très influencés par le manga, Quelques minutes après minuit et le MonsterVerse de King Kong et Godzilla, Lylian et Drouin nous livrent un récit carré et efficace, mais manquant peut-être un poil d’émotion. Pour autant, l’énergie de l’ensemble – et le punch des couleurs de Lorien – font de ce premier volume des Géants une lecture facile et enthousiasmante. Et bien sûr, le premier tome se termine page 48 sur un gros cliffhanger : le réveil de la Bête…


Complots à Versailles
Tome 1 – A la cour du Roi
Auteurs : Carbone et Giulia Adragna
Éditeur : Jungle
À partir de 10 ans
Parution originale : 2019
4 tomes disponibles

Note : 3/5

« Ah ! vous, les nobles… » Cécile n’a que ce mot à la bouche. Pauline, son amie d’enfance, trouve cela d’autant plus agaçant qu’elle-même est noble. Jusqu’au jour où, nommée demoiselle de la reine, Pauline fait son entrée à la Cour, au château de Versailles. Effarant ! Tous ces nobles rampant devant Louis XIV, manœuvrant à qui mieux mieux, prêts à s’étriper pour les meilleures places… Un véritable tourbillon d’intrigues et de complots qui emporte à leur tour Pauline et Cécile. Mais les deux amies sont bien décidées à ne pas se laisser faire, surtout si elles risquent d’en être les victimes…

Adapté du roman d’Annie Jay, Complots à Versailles s’inscrit dans la tradition du grand récit historique romantique plutôt à destination des petites filles. Avec sa petite orpheline amnésique en guise d’héroïne, le récit évoque une poignée de références qui ont probablement dû bercer l’enfance des auteurs de la série, Carbone et Giulia Adragna : on pense évidemment à Princesse Sarah, Sissi, La Petite Princesse… Avec ses teintes rose pastel et son dessin très inspiré du manga, le ton de la BD est résolument girly, et accrochera probablement essentiellement les petites filles d’une petite dizaine d’années, qui ne seront pas gênées par le trait figé, les facilités scénaristiques et le côté extrêmement didactique du récit, qui tend à commenter toutes les actions illustrées à l’image afin de faciliter la compréhension.


Linette
Tome 1 – Les Pieds qui poussent
Auteurs : Catherine Romat et Jean-Philippe Peyraud
Éditeur : La Gouttière
À partir de 4 ans
Parution originale : 2018
5 tomes disponibles

Note : 3,5/5

Dans la tête de Linette, il y a un jardin, un arrosoir, un grand-père, un chien endormi, de l’eau, des bottes… et pas mal d’idées qui trottent ! La petite Linette a très envie d’aider sa maman au potager : un petit arrosoir, quelques gouttes de jus de fumier, et c’est parti pour le grand jardinage ! Mais, que se passe-t-il ? Toute l’eau s’est renversée sur les petits pieds de la fillette… des petits pieds, vraiment ? Un peu maladroitement, Linette se retrouve bientôt dans un nouvel univers magique à explorer !

Bande dessinée sans dialogue, dont l’énergie est assurée case après case par le trait agressif de Jean-Philippe Peyraud, cette première aventure de Linette, intitulée « Les Pieds qui poussent », pourra être lue par un public même très jeune. On y suivra les démêlés de Linette, petite fille blonde au caractère visiblement espiègle, avec un arrosoir rempli d’un jus de fumier aux propriétés fantastiques. Auteure spécialisée dans la littérature jeunesse, Catherine Romat emmène le lecteur dans l’esprit de la petite fille, et la suit dans ses jeux d’enfants, déformés par le prisme de son imagination. C’est enlevé, parfois assez amusant, et ça se lit en une dizaine de minutes, montre en main. Cependant, les enfants auront sans doute le goût d’y revenir, afin de revoir / relire les passages les plus cocasses de l’ensemble.


Bloody Harry
Tome 1
Auteur : Alexandre Arlène
Éditeur : Jungle
À partir de 13 ans
Parution originale : 2016
4 tomes disponibles

Note : 3/5

La prophétie raconte que cette BD est la plus drôle du monde des sorciers et que chaque page a été enchantée pour vous faire mourir de rire ! C’est un artefact bien trop dangereux… Mieux vaut ne pas l’ouvrir.

Initialement publiés en ligne, les strips de la série Bloody Harry se sont finalement retrouvés réunis et édités sous forme de bande dessinée. Il s’agit de courts petits gags prenant place dans l’univers créé par l’auteure J.K. Rowling pour la saga Harry Potter. On sent bien qu’Alexandre Arlène est un vrai fan de la saga autour du sorcier à la cicatrice : certains gags utilisent en effet des références assez obscures qui ne permettront pas aux néophytes de les comprendre, mais il ne s’agit pas de la majorité d’entre eux. Dans l’ensemble, c’est rigolo, même si c’est très inégal ; le dessin est très minimaliste, mais mignon, dans un style proche du kawaï japonais. On notera en revanche que la réédition du premier tome de Bloody Harry proposée à l’occasion des 48H BD ne contient que 80 pages, alors que la bande dessinée d’origine, sortie en 2016, en comptait 120.


Ninn
Tome 1 – La Ligne noire
Auteurs : Johan Pilet et Jean-Michel Darlot
Éditeur : Kennes
À partir de 10 ans
Parution originale : 2015
5 tomes disponibles

Note : 4/5

Ninn fut découverte tout bébé dans le métro parisien par deux ouvriers effectuant des réparations sur les voies. Aujourd’hui, Ninn a onze ans et le métro est son univers. Elle en connaît le moindre recoin et s’y sent comme chez elle. Mais en dépit de sa joie de vivre, Ninn se pose mille questions. D’où vient-elle ? Quels sont ces souvenirs lointains et incompréhensibles qui hantent ses souvenirs, elle qui n’a jamais mis le pied hors de Paris ? Pourquoi voit-elle, depuis peu, des essaims de papillons parcourir les galeries, invisibles aux yeux de tous sauf aux siens ? Toutes ces questions la taraudent, d’autant qu’une sourde menace la traque sans répit…

Voilà une autre histoire de coming of age teintée de fantastique, pour une orpheline au passé trouble ! Cependant, Ninn parviendra à tirer son épingle du jeu, grâce au joli dessin de Johan Pilet, ainsi qu’à l’histoire imaginée par Jean-Michel Darlot, qui mélange la fiction et la réalité en prenant pour point de départ le métro parisien, et ses fameuses stations « fantômes », dont nous parlait notamment Lorànt Deutsch dans son ouvrage « Métronome ». Les deux auteurs parviennent finalement à créer une véritable mythologie autour du métro, et la quête de la jeune Ninn autour de ses origines sera émaillée de nombreux passages réellement poétiques qui permettent au récit de se trouver une réelle identité, renforcée par le style graphique de Johan Pilet, extrêmement dynamique et jouant habilement avec les couleurs. Un excellent moment !


Goblin Slayer
Tome 1
Auteurs : Kumo Kagyu, Kousuke Kurose
Éditeur : Kurokawa
À partir de 16 ans
Parution originale : 2018
11 tomes disponibles

Note : 3/5

La jeune Prêtresse fraîchement devenue aventurière découvre, dès sa première mission, à quel point des monstres aussi faibles que des gobelins peuvent représenter une menace effrayante. Heureusement, un homme en armure se décrivant comme le Goblin Slayer – un crèvegobelins – fait son apparition et abat un par un, sans aucune pitié, tous les gobelins qui lui font face pour la tirer de cette mauvaise posture…

Adapté d’une série de light novels japonais écrite par Kumo Kagyū et illustrée par Noboru Kannatsuki, Goblin Slayer est un manga signé Kōsuke Kurose suivant l’épopée d’un personnage appelé le « Crève-Gobelins » dans sa quête sans cesse renouvelée d’extermination des Gobelins. Alternant les passages légers – voir humoristiques – et les grosses séquences d’action volontairement outrancières, le manga de Kōsuke Kurose joue la carte de la violence décomplexée et des passages volontairement érotiques, à base de gobelins déshabillant et violant de nombreux personnages féminins. Evoluant sur un bon rythme, ce premier volume introduit quelques-uns des personnages qui formeront l’entourage du personnage principal : la Prêtresse, la Vachère et l’Hôtesse. Sympathique. Pour cette réédition du premier tome de Goblin Slayer proposée à l’occasion des 48H BD, l’éditeur nous propose également, en fin de volume, les quinze premières pages du manga Goblin Slayer – Year One, qui a l’air encore plus gratiné que le précédent niveau cul et violence.


Iruma à l’école des démons
Tome 1
Auteur : Osamu Nishi
Éditeur : nobi nobi!
À partir de 11 ans
Parution originale : 2020
12 tomes disponibles

Note : 3,5/5

Un jour, le jeune Iruma devient, bien malgré lui, le petit-fils adoptif d’un papy démon excentrique. Une nouvelle vie commence alors pour lui à Babyls, une école peuplée de monstres en tout genre, où personne n’a jamais vu d’humain mais tout le monde rêve d’en dévorer un ! Et entre les démons qui le défient en duel, les succubes extravagantes et les épreuves scolaires mettant sa vie en péril, Iruma ne pourra compter que sur un atout : sa gentillesse désarmante. Mais comment un humain au bon cœur va-t-il pouvoir survivre dans cet enfer ?

Le point de départ d’Iruma à l’école des démons est pour le moins surréaliste, et le déroulement de l’intrigue du premier tome riche en rebondissements tout aussi rocambolesques. Pour autant, avec son héros maladroit incapable de dire non et confronté à des situations de plus en plus invranssemblables, ce récit typique du shônen baigne tout du long dans un humour tellement absurde et bon enfant qu’il s’avérera très rapidement assez attachant, en plus d’être régulièrement hilarant. De plus, l’enchaînement d’épreuves subies par le héros est mené avec tellement de rythme et de digressions stupides que l’on finit par rendre les armes et franchement s’amuser, même si on ne voit pas forcément pour le moment où l’auteur Osamu Nishi désire nous emmener au final. Qu’importe cependant : si l’on se laisse porter par le découpage dynamique de l’ensemble et que l’on fait le choix de s’amuser de sa tendance à l’excès, on trouvera au cœur de ce premier volet d’Iruma à l’école des démons de quoi assouvir notre curiosité. La mise en place de l’univers est plus complexe qu’elle n’y paraît au premier abord, et pourrait réserver quelques surprises pour la suite, même si pour le moment la rigolade semble tellement être le maître-mot de l’auteur que tous les enjeux dramatiques tombent malheureusement un peu à l’eau.


The Quintessential Quintuplets
Tome 1
Auteur : Negi Haruba
Éditeur : Pika
À partir de 14 ans
Parution originale : 2020
14 tomes disponibles

Note : 4/5

Fûtarô, un lycéen brillant mais fauché, décroche un petit boulot de rêve : professeur particulier pour une famille fortunée. Or, le garçon déchante lorsqu’il réalise que ce n’est pas un élève qu’il va devoir gérer, mais des quintuplées aussi belles que cancres à souhait… Entre Ichika la désordonnée, Nino la protectrice, Miku la réservée, Yotsuba la joviale et Itsuki la susceptible, Fûtarô va devoir prendre son courage à deux mains pour relever le défi que représentent les sœurs Nakano !

Dans le petit monde de la romance adolescente, The Quintessentials Quintuplets se démarque par le biais d’une pirouette scénaristique amusante : le jeune héros se retrouve face non pas à une seule lycéenne qui emballe son cœur, mais face à des quintuplées, qui plus est monozygotes. Cinq filles, cinq personnalités, mais une seule et même apparence, comme s’en rendra compte le jeune Fûtarô, notre héros – les sœurs ne se distinguent l’une de l’autre que par quelques petites coquetteries (une paire d’écouteurs autour du cou, un nœud ou deux barrettes dans les cheveux, etc). Un seul garçon au milieu de plein de meufs, avec une intrigue amoureuse et même un mariage à la clé – comme le suggèrent certaines images de cette histoire, qui nous est racontée sous la forme de flashbacks – c’est bien sûr un schéma classique du genre, qui avait été exploité il y a vingt ans par Ken Akamatsu sur Love Hina. Cependant, Negi Haruba parvient à tirer son épingle du jeu avec The Quintessentials Quintuplets, notamment à travers un subtil jeu d’oppositions, qui se retrouvent non seulement dans le fait que Fûtarô se retrouve à devoir faire la classe à cinq cancres n’ayant aucune envie d’apprendre, mais également dans le fait que les quintuplées sont issues d’un milieu très aisé quand lui doit calculer au Yen près, ne serait-ce que pour manger à la cantine. Une bonne surprise, donc !


Samurai
Tome 1 – Le cœur du prophète
Auteurs : Jean-François Di Gorgio et Frédéric Genêt
Éditeur : Soleil
À partir de 14 ans
Parution originale : 2005
15 tomes disponibles

Note : 4/5

Devenu samouraï, Takeo se sent de taille à affronter son passé… Aux confins du Japon, se trame un terrible complot : le général Akuma, l’une des personnalités les plus influentes de l’Empire, semble décidé à trahir l’Empereur, à son unique profit. Pourtant, un terrible secret enchaîne les deux hommes : le XIIIe prophète. De son côté, Takeo espère découvrir qui il est. Pourquoi a-t-il grandi dans un monastère ? Et pourquoi a-t-il été abandonné par son frère, dix ans auparavant ? Sa quête l’immergera au coeur d’une incroyable tourmente le mêlant au sombre destin de l’Empire et du XIIIe Prophète…

Belle réussite éditoriale, la série Samurai compte déjà 15 volumes, et a donné naissance à deux séries « spin-off » ayant permis au scénariste Jean-François Di Giorgio d’enrichir encore un peu son univers et ses personnages. Retour donc ici sur le premier volume de la série d’origine avec « Le cœur du prophète », qui posait les bases des aventures de Takeo dans le Japon féodal. Le dessin de Frédéric Genêt est somptueux, ses planches sont amples et aérées, les cadrages vraiment remarquables et le récit prend son temps afin de plonger le lecteur dans un autre temps, aux côtés d’un samouraï forcément taciturne et des personnages qui l’accompagnent. Pour autant, la lecture de l’album sera rapide : la narration est rythmée, et il sera littéralement impossible de lâcher l’album en cours de route – ce premier volume de Samurai se lit d’une traite et laisse le lecteur pantelant, impatient de connaître la suite de cette histoire.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici