Critique : Vandal

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Vandal afficheVandal

France : 2013
Titre original : Vandal
Réalisateur : Hélier Cisterne
Scénario : Gilles Taurand, Nicolas Journet, Hélier Cisterne, Katell Quillévéré
Acteurs : Zinedine Benchenine, Chloé Lecerf, Emile Berling, Jean-Marc Barr, Ramsy, Marina Foïs
Distribution : Pyramide Distribution
Durée : 1 h 24
Genre : Drame
Date de sortie : 9 octobre 2013

Globale : [rating:1.5][five-star-rating]

Hélier Cisterne est un jeune réalisateur de 32 ans qui, après quelques courts et moyens métrages, réalise, avec Vandal, son premier long métrage. Né alors que la « culture hip hop » était en France un mouvement underground, il a souhaité mettre le graffiti, un des composants de cette « culture », au cœur de ce premier film alors que, aujourd’hui, cette « culture » est devenue majoritaire.

Synopsis : Chérif, 15 ans, est un adolescent rebelle et solitaire. Dépassée, sa mère décide de le placer chez son oncle et sa tante à Strasbourg, où il doit reprendre son CAP maçonnerie. C’est sa dernière chance. Très vite, dans cette nouvelle vie, Chérif étouffe. Mais toutes les nuits, des graffeurs oeuvrent sur les murs de la ville. Un nouveau monde s’offre à lui …

SCRATCH

Un adolescent tourmenté

Une voiture tourne en rond dans un nuage de poussière aux sons de l’été des 4 Saisons de Vivaldi, version Max Richter. Visiblement, le conducteur s’éclate. Seulement voilà, ce conducteur n’a que 15 ans et la voiture, il l’a « empruntée ». Une bêtise de plus pour Chérif, un adolescent tourmenté qui vit mal la séparation de ses parents et n’apprécie guère le nouveau compagnon de sa mère. Ne reste qu’une solution pour la juge et la mère : éloigner Chérif. Sa tante et son oncle sont d’accord pour l’accueillir à Strasbourg où il pourra continuer son CAP de maçonnerie. En plus, son père, qu’il n’a pas vu depuis le divorce, habite également dans l’agglomération strasbourgeoise. Toutefois, tout ce monde des adultes ignorait un fait important : le cousin de Chérif, Thomas, qu’il va côtoyer tous les jours et qui a le même âge que lui, mène une double vie. Enfant sans problème et bon élève le jour, il fait partie, la nuit, d’un groupe de tagueurs à la fois très actif et obsédé par un « concurrent » de talent, Vandal. Chérif, tout en suivant sa formation, tout en tombant sous le charme d’Élodie, une condisciple fan de rap, va chercher coûte que coûte à s’investir dans ce milieu, une façon pour lui de dépasser ses limites, d’accéder à une certaine forme de reconnaissance de la part des autres. C’est avec une succession de sauts dans le temps que le réalisateur nous montre l’évolution de Chérif, ce qui peut, dans certains cas, arriver à perturber le spectateur, même si la chronologie des événements est parfaitement respectée.

SCRATCH

Le mythe du super-héros

Il est intéressant de constater qu’à quelques mois d’intervalle, deux réalisateurs français désirant plonger leurs films dans le désir de transgression des adolescents se sont placés sous l’égide des quatre saisons : François Ozon a choisi « le portrait d’une jeune fille de 17 ans en 4 saisons et 4 chansons » comme sous-titre à Jeune & Jolie, Hélier Cisterne entame son film sur l’œuvre de Vivaldi. Même s’il est difficile de comparer Isabelle, dont la transgression consiste à se prostituer, à Chérif qui choisit de se lancer dans le graphisme urbain, c’est peut-être dans l’inconscient des deux réalisateurs qu’il faut aller chercher la raison de ce qui n’est, probablement pas, une coïncidence  : l’adolescence pouvant être considérée comme une des quatre saisons de l’existence d’un individu, peut-être leur inconscient leur a-t-il soufflé cette référence ? En tout cas, si Ozon ne mettait pas en avant de modèle orientant Isabelle vers sa pratique transgressive, Cisterne, lui, cherche manifestement à montrer que certains jeunes se laissent facilement intoxiqués par le mythe du super-héros, même s’il s’agit de leur voisin de palier ou de leur cousin. Le clin d’œil est évident lorsque Thomas, face à Chérif, remet sa paire de lunettes : Superman redevient Clark Kent. Quant au groupe de tagueurs dont fait partie Thomas, on peut considérer que Vandal est pour eux un super-héros, qu’ils admirent et jalousent à la fois.

SCRATCH

Des jeunes et des adultes

C’est par un casting sauvage qu’Hélier Cisterne a trouvé la plupart des jeunes qui jouent dans son film et, en particulier, Zinedine Benchenine qui interprète Chérif et Chloé Lecerf qui joue le rôle d’Élodie. En fait, seul parmi les jeunes, Emile Berling, le fils de Charles, était déjà un comédien confirmé avant d’interpréter le rôle de Thomas. En ce qui concerne les adultes, aucun n’a un rôle vraiment important, tout au moins en temps de présence. Le réalisateur, toutefois, a tenu à réunir des acteurs solides, capables, justement, de faire exister leur personnage dans un laps de temps très court. C’est ainsi qu’on trouve à l’affiche Marina Foïs, Ramsy, Jean-Marc Barr, Brigitte Sy, Corinne Masiero et Isabelle Sadoyan. Pour filmer les jeunes, Hélier Cisterne a choisi de venir cueillir leurs mimiques, très rarement d’une grande expressivité, en resserrant très souvent les plans sur leurs visages. Par contre, quand un événement important intervient, il ne se prive pas d’ouvrir le plan. L’activité des tagueurs se déroulant exclusivement la nuit, le film baigne le plus souvent dans une atmosphère nocturne, visuellement très bien rendue.

Résumé

Dans ce premier long métrage consacré aux problèmes de comportement de deux adolescents, Hélier Cisterne a su s’écarter des stéréotypes habituels de ce genre de films et on lui en sait gré. Comme on lui sait gré de ne pas charger la barque en matière de musique rap, comme c’est presque toujours le cas dans les films s’immisçant dans le milieu hip hop. On se sent donc particulièrement gêné de ne pas apprécier le premier film de ce réalisateur plein d’idées et de talent. En fait, la façon de recevoir Vandal dépend sans doute pour beaucoup de l’appréciation qu’on porte sur la « culture hip hop » et de l’intérêt qu’on y trouve. Il est probable que ce film recevra un excellent accueil auprès d’une partie importante du public et ce sera mérité car il est manifestement très sincère et il ne fait jamais dans l’excès. Par contre, malgré les qualités esthétiques du film, c’est malheureusement l’ennui qui risque de guetter très vite les autres spectateurs.

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