Trois mondes

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Trois Mondes

France : 2012
Titre original : Trois Mondes
Réalisateur : Catherine Corsini
Scénario : Catherine Corsini
Acteurs : Raphaël Personnaz, Clothilde Hesme, Arta Dobroshi, Reda Kateb
Distribution : Pyramide Distribution
Durée : 1h41
Genre : Policier, Drame
Date de sortie : 5 décembre 2012

Globale : [rating:4/5][five-star-rating]

A 56 ans, Catherine Corsini est une réalisatrice confirmée dont le film précédent, Partir, lui a permis de franchir une étape en terme de réputation en la faisant connaître d’un public plus large que le seul cercle des cinéphiles. Tout porte à croire que son nouveau film,  Trois Mondes, devrait élargir encore plus  la notoriété de la réalisatrice.

Synopsis:

Al, un jeune homme d’origine modeste, est sur le point d’épouser la fille de son patron et de succéder à ce dernier à la tête de sa concession automobile. Une nuit, après l’enterrement de sa vie de garçon, il renverse un inconnu mais, poussé par ses deux amis d’enfance, il abandonne le blessé et s’enfuit.
Le lendemain, rongé par la culpabilité, il décide de prendre des nouvelles de l’accidenté. Ce qu’il ignore, c’est que la nuit de l’accident, une jeune femme, Juliette, a tout vu depuis son balcon. Descendue porter secours à la victime, Juliette s’est mise en tête d’aider sa femme, Vera, une Moldave sans-papiers.
Mais lorsque Juliette reconnait dans un couloir de l’hôpital l’homme qu’elle a vu s’enfuir après l’accident, elle est incapable de le dénoncer…

La rencontre de trois univers

Il y a plusieurs façons de commencer un film. Aux deux extrêmes, il y a, d’un côté, le film dans lequel on entre de plain-pied dans le thème du film et de l’autre, le film dans lequel le réalisateur cherche à brouiller les pistes. Brouiller les pistes, c’est ce que Catherine Corsini a peut-être cherché à faire en commençant par nous faire assister à un rodéo automobile mené dans un coin de banlieue par 3 hommes manifestement avinés. On comprend vite qu’il s’agit d’un enterrement de vie de garçon, mais est-on sur le point de visionner un polar ? Un film d’action ? Une comédie sentimentale ? En fait, très vite, arrive un drame : Al, le conducteur, celui qui va se marier, percute un piéton. Après quelques secondes d’hésitation, poussé par ses amis, il décide de prendre la fuite. Mauvaise pioche pour cet homme aux origines modestes pour qui l’avenir s’annonçait radieux puisqu’il allait se marier avec la fille de son patron et succéder à ce dernier à la tête d’une importante concession automobile : Juliette, une jeune femme pleine d’idéal, était à son balcon au moment de l’accident, elle a (presque) tout vu et elle va chercher à venir en aide à la victime et à sa femme Vera, deux moldaves sans papier. Mais peut-elle apporter son aide à tout prix, sans aucun état d’âme ? Pas si simple !

Et vous, vous feriez quoi?

Tout en restant dans une atmosphère de film policier, Trois Mondes est avant tout un film qui triture  le spectateur en le mettant face à des situations et en l’interrogeant : dis moi, oh cher spectateur, que ferais tu, toi, face à ce dilemme moral que je te présente ? Toutes ces questions, dans le film, c’est à Al, Juliette et Vera qu’elles sont posées, et elles reposent sur la responsabilité, sur la culpabilité, sur le remords, sur le rapport à l’argent, sur le fait de dénoncer ou de ne pas dénoncer un coupable. Vous, oui vous, tout porte à croire que vous donneriez à la police, sans état d’âme,  le numéro d’immatriculation d’une voiture impliquée dans un grave accident, si tant est que vous ayez eu le temps de le noter, tout en ayant une assez bonne idée  de ce que risque le conducteur fautif. Mais, admettez que vous n’ayez pas pu noter ce numéro et que, le hasard vous ayant mis en relation avec ce conducteur fautif, il vous soit apparu bourré de remords, transpirant de culpabilité, en un mot tout à fait fréquentable et, en plus, physiquement charmant : vous, dans ce cas, vous faites quoi ? Vous allez aussitôt, d’un pas léger,  le dénoncer à la police ? Bonne question, ne trouvez vous pas ?

Trois mondes, trois comédien(ne)s

Comme l’indique le titre du film, ce sont trois mondes distincts qui se rencontrent par hasard dans le film de Catherine Corsini. Qui pour les incarner ? Al est le représentant du monde de l’entreprise, du monde de l’ascension sociale. Un impératif : l’acteur se devait d’être plutôt beau gosse tout en montrant une certaine fragilité, deux qualités nécessaires pour arriver à troubler Juliette sans même chercher à le faire. Raphaël Personnaz correspond tout à fait à ce cahier des charges, lui qui va incarner Marius dans les prochains films de Daniel Auteuil. Juliette, c’est le monde de l’émotion, de la conscience et de la pensée : Clotilde Hesme est parfaite dans ce rôle. A noter que Trois mondes lui a permis de retrouver Claire Mathon comme directrice de la photographie, comme dans Angèle et Tony. Quant à Vera, c’est le monde des sans-papiers, le monde de l’immigration : on retrouve toute la force de caractère dont avait déjà fait preuve la comédienne Arta Dobroshi dans Le Silence de Lorna des frères Dardenne.

Résumé

Pas besoin d’être plusieurs pour que fusent des questions, pas même besoin d’être deux : des questions difficiles telles que peuvent en fournir les relations avec la morale, avec l’éthique, chacun sait (ou devrait savoir!) qu’on peut très bien se les poser à soi-même ! C’est ce que nous rappelle Trois Mondes, un film qui ne cherche ni à fournir au spectateur des réponses toutes faites ni à s’enfermer dans un manichéisme primaire, un film qui présente des hommes et des femmes avec leurs forces et leurs faiblesses, avec leurs doutes et leurs interrogations.

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