Test Blu-ray : Fires on the plain + Tetsuo 3 / Blaq Market #05

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1998

Éditeur indépendant faisant indéniablement partie des plus intéressants en France en termes de qualité et d’audace, Blaq out a lancé il y a un peu plus d’un an une collection appelée « Blaq Market », destinée à réunir des œuvres inclassables et déroutantes, signées par des cinéastes singuliers aux thèmes et à l’identité formelle très affirmés. « Blaq Market » est donc une collection qui a su captiver non seulement un public amateur de cinéma de genre au sens très large du terme mais aussi tout cinéphile avide de découverte(s)…

La première vague de la collection « Blaq Market » (décembre 2015) réunissait L’enfant miroir (Philip Ridley,) et Der Samurai (Till Kleinert, 2014).

La deuxième vague de la collection « Blaq Market » réunissait Ruined heart (Khavn de la Cruz, 2014) et Aaaaaaaah! (Steve Oram, 2015)

La troisième vague de la collection « Blaq Market » se tourne aujourd’hui vers le Japon, avec deux Combo Blu-ray / DVD absolument uniques, composés, pour le premier, du film R100 (Hitoshi Matsumoto, 2013), et pour le second, de Tetsuo 3 : The bullet man (2009) + Fires on the plain (2014), tous deux réalisés par le cinéaste culte Shinya Tsukamoto…

 

 

Tetsuo – The bullet man


Japon : 2009
Titre original : –
Réalisateur : Shin’ya Tsukamoto
Scénario : Shin’ya Tsukamoto, Hisakatsu Kuroki
Acteurs : Eric Bossick, Yûko Nakamura, Shin’ya Tsukamoto
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h11
Genre : Fantastique
Date de sortie DVD/BR : 6 décembre 2016

 

 

Né de père américain et de mère japonaise, Anthony vit à Tokyo avec sa femme Yuriko et leur petit garçon Tom. Alors qu’ils reviennent de l’école, Anthony voit son fils se faire renverser par une voiture qui prend immédiatement la fuite. Le choc va éveiller des émotions violentes en lui et son corps se met à se transformer. Quand le chauffard réapparait, Anthony mute en une masse métallique – une arme humaine dévastatrice alimentée par une rage incontrôlable…

 

 

Fires on the plain


Japon : 2014
Titre original : Nobi
Réalisateur : Shin’ya Tsukamoto
Scénario : Shin’ya Tsukamoto
Acteurs : Tatsuya Nakamura, Yûko Nakamura, Shin’ya Tsukamoto
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h27
Genre : Guerre
Date de sortie DVD/BR : 6 décembre 2016

 

 

Durant les derniers soubresauts de la Seconde Guerre mondiale, l’occupation de l’armée japonaise aux Philippines perd du terrain, faisant face à la fois à la résistance locale et à l’offensive américaine. Les derniers survivants, ayant survécu à l’annihilation de leur régiment, errent dans la jungle et ont franchi le seuil d’un royaume au sein duquel il n’y a ni amis, ni ennemis, ni Dieu

 

 

Le nom de Shinya Tsukamoto ne vous est peut-être pas inconnu : il fut en effet l’un des cinéastes japonais à avoir vécu un « boum » de popularité au début des années 2000, avec l’avènement du format DVD. Plusieurs de ses films, auparavant considérés comme autant d’obscurs objets underground, s’étaient retrouvés sous les feux de la rampe en 2002 grâce aux efforts conjugués de StudioCanal et de Jean-Pierre Dionnet, qui en avaient fait des titres phares de leur collection « Asian Classics ». Presque quinze ans après, Tsukamoto semble retombé dans l’oubli : sur les douze films qu’il a réalisé depuis 2000, seul Nightmare detective a connu l’honneur d’une sortie en DVD. Jusqu’à aujourd’hui du moins, puisque Blaq Out vient de faire le choix éditorial aussi inattendu qu’enthousiasmant de sortir Tetsuo : The bullet man (2009), troisième volet de la trilogie la plus barge du monde, ainsi que Fires on the plain (2014), étrange remake du chef d’œuvre de Kon Ichikawa.

Tetsuo : The bullet man est donc le troisième volet d’une trilogie entamée en 1989 ; tourné en grande partie en langue anglaise, le film s’impose comme un reboot / remake, reprenant des éléments des deux premiers films et enrichissant largement le background de son récit, fournissant beaucoup (trop) d’explications afin d’expliciter les délires aussi épileptiques que complètement chtarbés se déroulant à l’écran. Néanmoins, si les nombreux passages explicatifs ralentissent un peu le rythme du film, on ne pourra que s’enthousiasmer une fois que le récit s’emballe, emmenant le spectateur dans un formidable maelstrom de formes et de sensations, dont seul Shinya Tsukamoto semble avoir le secret.

Avec Fires on the plain en revanche, on quitte le cyber-punk pur et dur pour se plonger dans les horreurs de la deuxième guerre mondiale. Néanmoins, avec Tsukamoto, le fantastique n’est jamais bien loin et cette plongée aux cotés d’un soldat affamé en perdition à travers la jungle prend vite des allures de cauchemar éveillé, où morts et vivants se croisent dans une ambiance délétère et hallucinatoire, passant brutalement de la confusion onirique à la réalité la plus frontale. En effet, la mort n’est jamais bien loin, et Tsukamoto toujours enclin à franchement remuer le spectateur à grands coups d’outrances gore et de montage choc, alliant sa caméra nerveuse à un travail sur le son tout à fait remarquable.

Bref, Tsukamoto n’est donc pas mort : le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il bande encore. Ainsi, si Tetsuo 3 et Fires on the plain ne sont peut-être pas les meilleurs films du cinéaste à ce jour, le plus épatant à la découverte tardive de ces deux films est l’énergie incroyable qu’elles dégagent, couplée à cette obsession toujours vivace du corps et de ses « mutations », qui ont souvent valu à Tsukamoto le surnom de « Cronenberg japonais ». Deux curiosités à découvrir d’urgence !

 

 

Le Blu-ray

[4/5]

Le Blu-ray consacré à Shinya Tsukamoto dans la collection « Blaq Market » saura à coup sûr séduire le cinéphile exigeant : l’image de Tetsuo 3 retranscrit parfaitement les tons très froids et désaturés de la photo du film, et le piqué est d’une belle précision. Du côté de Fires on the plain, la photo est radicalement différente, poussant les contrastes dans leurs derniers retranchements ; le piqué est précis, mais on repère une assez forte pixellisation sur les arrière-plans noirs, qui ne gênera réellement que si vous visionnez le film sur un très grand écran. Les deux films sont proposés en 1080p, l’ensemble est donc parfaitement recommandable. Côté son, la VO s’illustre en DTS-HD Master Audio 5.1, dans des mixages très immersifs, voire même carrément hystérique et tonitruant dans le cas de Tetsuo : The bullet man.

Niveau suppléments, on commencera avec un intéressante making of de Tetsuo 3, accompagné d’une passionnante présentation des films par Julien Sévéon (22 minutes environ), ex-rédacteur en chef du magazine Mad Asia et grand amateur de la filmographie de Tsukamoto.

 

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