Chronique d’un scandale

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Chronique d'un scandale

Chronique d'un scandaleChronique d’un scandale

USA : 2006
Titre original : Notes on a scandal
Réalisateur : Richard Eyre
Scénario : Patrick Marber
Acteurs : Cate Blanchett, Judi Dench, Bill Nighy
Distribution : Twentieth Century Fox
Durée : 1h32
Genre : Drame
Date de sortie : 28 février 2006

Réalisation :  [rating:3.0]
Scénario :      [rating:3.5]
Acteurs :        [rating:4.0]
Musique :      [rating:4.0]
Globale :        [rating:4.0]
[five-star-rating]

C’est Richard Eyre qui imagina que cette amitié devait être portée par ces deux actrices dont l’alchimie se trouve payante. Les critiques ont été extrêmement positives et Chronique d’un scandale a été nommé dans plusieurs catégories aux Oscars de 2007 comme meilleure actrice pour Judi Dench, meilleure actrice dans un second rôle pour Cate Blanchett, meilleur scénario adapté et meilleure musique, ce qui montre la qualité du film ! À découvrir !

Synopsis : Une nouvelle professeur d’art plastique, Sheba Hart,  arrive dans un collège situé en milieu difficile. Tout de suite cette dernière est repérée par la professeur d’histoire géographie, Barbara Covett, une femme tournée vers le passé portant un regard désabusé sur son présent. Ces deux femmes que tout oppose finissent par se lier d’amitié, une amitié qui prend de plus en plus de place suite à l’adultère de Sheba avec un jeune collégien de 15 ans, que Barbara découvre et décide de couvrir mais, contre des contreparties…

Chronique d'un scandaleLa solitude

Barbara Covett est une femme sèche qui, sans le montrer, souffre de sa solitude. Cette femme ne recherche que les amitiés féminines, elle ne semble porter aucun intérêt aux hommes qu’elle méprise. Au départ, lorsque Sheba Hart arrive dans son collège, Barbara n’arrive pas à décider si elle est une idiote ou une sorte de sphinx, néanmoins, elle pressent en elle une grande richesse. Clairement on remarque qu’elle éprouve à son égard non pas une attirance physique mais plus une obsession. Dès lors, il s’agit pour elle de gagner son amitié ce qu’elle obtient en lui venant en aide lors de débordements en cours. Pour la remercier Sheba Hart l’invite à manger chez elle avec toute sa famille. Barbara se prépare comme pour aller à un rendez-vous galant ce qui interroge le spectateur sur l’ambiguïté de son orientation sexuelle. Barbara déchante vite en découvrant la famille de cette dernière qu’elle n’estime pas à la hauteur des valeurs de Sheba ! Un mari qui pourrait avoir son âge, une fille « polly pocket » et un fils trisomique dont elle déteste la différence.

Ainsi, aux yeux de Barbara, Sheba est une sorte de princesse, prisonnière et incomprise de sa famille, qu’il faut donc sauver. Il est vrai que Sheba semble lointaine et surtout différente du milieu dans lequel elle évolue, surtout dans l’enceinte du collège. Elle n’a pas l’assurance des autres professeurs, ni la volonté de paraître adulte et accomplie. On pourrait dire qu’elle est à une sorte d’intermédiaire entre l’âge adulte et les continuums de l’enfance.  De par son attitude, sa beauté, sa manière de parler, ses vêtements, elle n’appartient à aucune case spécifique.

Une amitié ?

Ainsi, une étrange amitié se noue entre ces deux femmes alors que l’une incarne le passé, l’autoritarisme, la sévérité, et l’autre est dans le présent en étant tout de fois dans un ailleurs, très bohème, artiste et fragile. Un rapport de hiérarchie s’établit avec Barbara incarnant la mère supérieure et Sheba la pénitente. Néanmoins elles se rejoignent sur une chose : la conscience que leur vie rêvée ne correspond pas à leur vie réelle, présente. Sheba, qui connait des problèmes de couple avec son mari bien plus âgé qu’elle, qui ne s’épanouit pas dans sa vie professionnelle, qui a un problème d’ancrage dans la réalité, débute une relation adultérine avec un jeune collégien de 15 ans, ce qui lui apporte, semble-t-elle penser, de la folie. D’ailleurs, bien qu’elle ait conscience de son erreur, elle a le sentiment de mériter cette relation dans la mesure où les sacrifices qu’elle a consentis pour sa famille l’ont empêché de vivre la vie qu’elle souhaitait. C’est donc une sorte de revanche. Elle qui se sent mal dans sa peau apprécie d’être courtisée, désirée.

Chronique d'un scandaleUne obsession …

Mais très vite cette amitié tourne au cauchemar lorsque Barbara découvre le secret de Sheba concernant sa liaison. Elle exige de façon tacite une amitié plus intense pour ne pas révéler ce secret : en fait, elle utilise cette faille pour prendre possession de Sheba. On peut parler d’obsession : Barbara se comporte comme un amoureux transit, elle rêve de contact physique avec elle sans réellement se l’autoriser. Elle garde pieusement une mèche de cheveux de Sheba, l’observe en cachette : elle est captivée ! Même si pour elle il ne s’agit que d’une amitié, elle n’hésite pas à parler d’ «âme-sœur». Cette amitié doit se placer au-dessus de tout : la famille et l’amour. En gardant ce secret elle considère que leur relation est plus forte que celle qu’entretient Sheba avec son mari. Barbara est étouffante et extrêmement possessive. On a l’impression d’étouffer sous la pression qu’elle exerce sur Sheba, renforcée par la narration du film par Barbara, écrivant son journal intime. On apprend par ailleurs qu’elle n’en est pas à son premier coup d’essai puisqu’une certaine Jennifer Dodd est évoquée. Cette relation tourne au cauchemar lorsque Barbara, se sentant flouée, décide de la dénoncer à un collègue. C’est alors la déchéance d’une femme, calomniée et détruite par le système. C’est aussi la compassion pour une femme âgée, seule, aigrie et qui ne sera sans doute jamais capable de trouver son bonheur.

Judi Dench (Nine, Pirates des Caraïbes : La Fontaine de jouvence) joue impeccablement ce rôle, on oublie totalement l’actrice pour se laisser envahir par le personnage : on y croit tellement qu’en la croisant dans la rue on préférait changer de trottoir ! De même, Cate Blanchett (Robin des Bois, Hanna) confirme la puissance de son jeu, elle s’efface derrière son personnage. La musique est intense, elle prend aux tripes et nous oblige à entrer dans l’histoire. On a le cœur qui ralentit et accélère au gré des rythmes. On ne voit pas le temps passer, cela reste dynamique et la manière de filmer est très intéressante. Néanmoins, certains passages restent obscurs et mériteraient du coup d’être ré-analysés plusieurs fois.

Résumé :

Chronique d’un scandale est porté par une musique qui lui donne du corps, personnifié par deux actrices excellentes, racontant l’histoire d’une amitié basée sur la possessivité. Une amitié qui nous oblige à nous interroger sur nos propres rapports à l’autre !

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