Super
USA : 2010
Titre original : Super
Réalisateur : James Gunn
Scénario : James Gunn
Acteurs : Rainn Wilson, Ellen Page, Liv Tyler, Kevin Bacon, Michael Rooker
Distribution : 2010
Durée : 1h36
Genre : Comédie
Date de sortie : 1er décembre 2011
Globale : [rating:4][five-star-rating]
Pour peu que vous ne soyez pas encore gavé par les combinaisons en lycra et les voix caverneuses nous susurrant leur obsession de la justice, vous risquez d’être intéressé par Super, le film projeté en ouverture du 4e Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg, le 11 septembre 2011.
Synopsis : Franck (Rainn Wilson) est un cuisinier ordinaire sans avenir sur le point de perdre sa ravissante femme Sara (Liv Tyler). Celle-ci va succomber au charme d’un dealer (Kevin Bacon) et abandonne Franck le laissant avec son manque d’amour propre. Mais quand une série télé chrétienne, Le Vengeur Saint réveille en Franck un ersatz d’illumination divine, il s’affuble d’un costume moulant son ventre grassouillet pour se transformer en Crimson Bolt, un vengeur masqué maladroit. Il s’associe avec Libby (Ellen Page), qui par un enthousiasme débordant, se transforme en une hystérique super héroïne du nom de Boltie.
Wanna go fight some crime ?
Le réalisateur James Gunn, ancien collaborateur de Troma, société de production cultissime ayant fait du trash un véritable raffinement, présente son œuvre comme une histoire de super-héro « davantage consacrée à la personnalité d’un homme masqué plutôt qu’à son costume ».
L’ouverture du film nous plonge ainsi dans les pensés obsessionnelles et franchement hilarantes de Franck, anti-hero aussi spirituel que maladroit, au travers de dessins candides haut en couleurs. Le générique parachève l’immersion dans cet univers d’éternel enfant par un joyeux festival d’animations bariolées de craie grasse (imaginez les Supers Nanas qui s’encanailleraient avec Beavis et Butthead).
A mi chemin entre la comédie dramatique et le vigilante movie
D’emblée on s’étonne de voir apparaître Liv Tyler au bras de notre looser, on se réjouit de pouvoir contempler les galipettes d’Ellen Page qui parade en costume et on se félicite définitivement d’avoir payé notre ticket lorsque Kevin Bacon s’affiche en costume de mafieux tendance Tony Montana. Vous l’aurez compris, le casting du film est alléchant, et pour les afficionados de film de genre vous aurez tout loisir de dénicher les caméos de Loyd Kauffman, Rob Zombie et du réalisateur en personne. Des guest stars toutes droit issues d’une culture underground qui rejaillit dans de nombreuses séquences.
Super peine à rentrer dans des cases, à la fois vigilante movie, film de super-zero et comédie dramatique. On s’y fend la tronche dans tous les sens du terme, que ce soit au travers de dialogues à nous faire rire à grand éclat ou dans un sens plus littéral, en se faisant travailler la boite crânienne à coup de clef anglaise. A ce titre le film offre des séquences de violences brutales, souvent contrebalancées par une mise en scène grand guignolesque plutôt salvatrice. On s’esclaffe devant des séquences à la mise en scène rythmée et aux dialogues percutants, pour peu que l’on soit perméable à un humour absurde, teinté de noir.
Une vision incarnée du super zéro
Cependant le récit « entre les cases » du comic prendra progressivement un virage inattendu jalonné par les incertitudes de Franck. L’ode jubilatoire à la culture geek laisse finalement place à un questionnement introspectif qui développe certaines thématiques plus lourdes comme l’accès à une juste place au sein de la société, la quête de la paix intérieure ou la sempiternelle distinction entre le bien et du mal. Les spectateurs ravis par les saveurs acidulées du pitch initial risquent d’aborder le générique de fin avec un goût amer. Le réalisateur a semble-t-il voulu éviter l’écueil d’un film visuel à la violence burlesque, dénué de réflexion, pour lui faire prendre de la hauteur. Il nous interroge frontalement sur l’obsession de justice de Franck et sa conformité maladive à l’ordre public. Plus largement, il est aussi question de l’accomplissement de soi au travers des autres.
Malgré l’abondance de thématiques abordées par le film, parfois de façon confuse, il reste servi par une réalisation énergique, à la mise en scène enchanteresse et un casting qui n’a pour seul défaut le manque d’épaisseur accordée à l’un ou l’autre des personnages (notamment celui de Liv Tyler).
Résumé :
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