Saint
Pays Bas : 2010
Titre original : Sint
Réalisateur : Dick Maas
Scénario : Dick Maas
Acteurs : Egbert Jan Weeber, Bert Luppes, Caro Lenssen
Distribution : Aventi
Durée : 1h28
Genre : Horreur
Date de sortie : Inconnue
Globale : [rating:2.5][five-star-rating]
Pour certains le Saint Nicolas n’évoque qu’un folklore lointain de barbu à mitre essayant de piquer la vedette à Santa Claus. Pour les petits Alsaciens et Lorrains, le 5 décembre est synonyme de friandises déposées au pied du lit par le Saint patron des écoliers. Mais pour le réalisateur Dick Maas, Sinterklaas fut un évêque malfaisant, pilleur de villages, revenu d’entre les morts pour perpétuer ses massacres chaque 5 décembre de pleine lune.
Synopsis : Oubliez le gentil Saint Nicolas qui vous apporte des cadeaux avant Noël ! Il est, en réalité, un évêque déchu et sanguinaire à la tête d’une bande de voleurs et de tueurs. Au Moyen-âge, il s’en prenait à tous ceux qui avaient le malheur de croiser son chemin. Des villageois décidèrent de se débarrasser de Saint Nicolas et de ses compagnons en mettant le feu à leur bateau. Juste avant de mourir, Saint Nicolas jura que son assassinat ne resterait pas impuni. Depuis, toutes les nuits de pleine lune du 5 décembre, Saint Nicolas et ses compagnons reviennent de l’Au-delà pour assouvir leur effroyable vengeance.
« Venez, venez, Saint Nicolas, et tra la la… »
Le film fut projeté en compétition internationale du Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg (2011). Et même si personnellement je reste encore traumatisé par l’effroyable interprétation de Dorothée au Jardin des Chansons, j’abordais cette projection avec une excitation juvénile, ravi à l’idée de voir le Saint patron des écoliers avaler sa crosse. D’autant plus que le film a été réalisé par le néerlandais Dick Maas à qui l’on doit l’Ascenceur (1983) et Amsterdamned (1988). On peut donc se réjouir à double titre : le folklore du Saint Nicolas est particulièrement vivant aux Pays Bas et la griffe old school du cinéaste promet un divertissement sympathique. Le film a d’ailleurs fait un carton au box office néerlandais.
On entame l’histoire sous forme de conte horrifique en assistant au pillage d’un village médiéval par un Saint Nicolas dissident, accompagné de brigands armés jusqu’aux dents. Les sacripants ne se contentent pas des offrandes déposées sur le perron de modestes maisonnées et s’immiscent dans les foyers par les cheminés, ou plus pragmatiquement, à coup de hache à travers porte. Le village liguera ses forces contre l’affreuse bande de scélérats qui finira en débris incandescents flottant sur le rivage. On est ensuite projeté dans une période plus contemporaine, à Amsterdam, où des lycéens consacrent leur dernier cours à s’offrir des godemichets et laver leur linge sale en publique. L’ambiance est plutôt celle d’un teen-movie, à l’image du premier Halloween de Carpenter (baby sitting et ambiance festive, parasitée par des légendes anxiogènes).
Un pack slasher tout en un pour les fêtes hivernales
Heureusement Dick Maas a fait le choix de rendre son divertissement plus comique qu’effrayant. L’épouvante se résume ici à une succession peu inspirée de jump scares, destinés à vous faire arracher vos accoudoirs lors du jaillissement inattendu d’une créature au détour d’un dortoir d’orphelinat ou d’un feu de cheminée. Les moments de tension sont à l’instar de l’histoire, plutôt prévisibles. Mais le véritable intérêt de Sint réside plutôt dans le ton subversif de ce conte morbide au carnaval diabolique. On retiendra quelques scènes inspirées comme cette folle cavalcade de Sinterklaas sur les toits d’Amsterdam où tombe la neige au clair de lune. D’autres séquences, notamment lors du dénouement de l’intrigue, manquent d’originalité et ne sont pas suffisamment parodiques pour que l’on puisse y prendre plaisir.
La construction des personnages se veut très classique. On suit ainsi sans trop y croire les démêlés d’un flic ivrogne, hanté par le massacre de sa famille par les sbires de Sinterklaas et accompagné d’un jeune freluquet coureur de jupons ne déméritant pas face aux hordes de Zwarte Piet. Ces joyeux trublions, hérités du folklore néerlandais, sont censés assister le Saint Nicolas dans sa distribution de cadeaux. Inutile de vous préciser qu’avec Dick Maas, ils ressemblent davantage à une bande d’hurukais calcinés qui se jettent sur les enfants comme des ogres affamés. Sinterklaas lui même ne pipe pas un mot (il faut dire qu’on peut apercevoir ses gencives jusqu’à la fosse nasale, ce qui rend l’articulation difficile). Heureusement, comme en témoigne les visuels tirés du film, il bénéficie d’une direction artistique soignée qui le dote d’un charisme suffisant.
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