Polisse
France : 2011
Titre original : Polisse
Réalisateur : Maïwenn
Scénario : Maïwenn
Acteurs : Karin Viard, Joey Starr, Marina Foïs
Distribution : Mars Distribution
Durée : 2h07
Genre : Drame
Date de sortie : 19 octobre 2011
Globale : [rating:4.5][five-star-rating]
Après un premier film documentaire autobiographique, Pardonnez-moi (2006) et une comédie sur la face cachée du métier de comédienne, Le bal des actrices (2009), Maïwenn revient avec Polisse, face cachée documentée de la Brigade de Protection des Mineurs. Ce nouveau long-métrage, sur les écrans le 19 octobre, a remporté le prix du jury au Festival de Cannes 2011.
Synopsis : Le quotidien des policiers de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs) ce sont les gardes à vue de pédophiles, les arrestations de pickpockets mineurs mais aussi la pause déjeuner où l’on se raconte ses problèmes de couple ; ce sont les auditions de parents maltraitants, les dépositions des enfants, les dérives de la sexualité chez les adolescents, mais aussi la solidarité entre collègues et les fous rires incontrôlables dans les moments les plus impensables ; c’est savoir que le pire existe, et tenter de faire avec… Comment ces policiers parviennent-ils à trouver l’équilibre entre leurs vies privées et la réalité à laquelle ils sont confrontés, tous les jours ? Fred, l’écorché du groupe, aura du mal à supporter le regard de Melissa, mandatée par le ministère de l’intérieur pour réaliser un livre de photos sur cette brigade.
L’œil du spectateur
Après un premier film où Maïwenn s’attaque à l’univers familial, en particulier à la figure paternelle au comportement violent, la réalisatrice décide de nous dévoiler le quotidien de la BPM. Elle semble être attachée à la thématique de l’enfance, toujours en lien avec un passé difficile ou un événement destructeur. L’univers de cette brigade très spéciale est dévoilé de manière simple. La construction du film est réalisée intelligemment, donnant parfois à la fiction des allures de documentaires, tout en projetant des sentiments forts.
Maïwenn travaille toujours avec une petite équipe de tournage permettant de créer une bulle intimiste pour aller au plus près de ses personnages. Elle a la bonne idée de se mettre en scène de manière discrète, incarnant une jeune photographe timide qui réalise une série de portraits. Son personnage permet d’être l’oeil du spectateur et ainsi d’observer de manière plus intime ces policiers. Elle est le médium qui permet de passer au travers de l’écran, nous donne à voir ce métier qui la touche et nous transmet ainsi ses propres émotions.
Le ton humoristique du film pourrait choquer certains spectateurs, il est difficile de rire du sujet en général, mais la réalisatrice arrive à développer une veine comique de manière intelligente et non vulgaire. La scène où une jeune fille raconte qu’elle a fait des gâteries à ses copains pour récupérer son téléphone portable est à mourir de rire. Si le public se sent coincé dans une sorte de gêne liée aux faits, l’intonation du film et le point de vue des brigadiers permettent de relativiser les actes sans leur faire perdre leur importance ou leur gravité.
Le bal du casting
La réalisatrice s’est de nouveau entourée de ses acteurs favoris, Karin Viard, Marina Foïs et Joeystarr mais également de nouvelles têtes comme Jérémie Elkaïm et Nicolas Duvauchelle.
Le duo Karin Viard/Marina Foïs est attachant, oscillant entre une complicité brutale, parfois drôle mais le plus souvent en souffrance. On aime voir Karin Viard (La tête de maman, Ma part du gâteau) sortir de ses gonds, prête à casser la figure de sa partenaire. Marina Foïs (Le code à changé) est encore cantonnée dans un rôle cynique, rigide et parfois manquant de féminité. Le fil d’intrigue tissé autour de son personnage permet de soulever des questions en lien direct avec son travail dans la brigade (on imagine qu’elle aurait pu aussi être violée) et ainsi d’instaurer une continuation entre l’enfant et l’adulte.
La relation qui se crée entre Joey starr et Maïwenn adoucit la lecture du film, favorisant des moments de respiration dans un univers étouffant et brutal. Jérémie Elkaïm, l’acteur principal de La guerre est déclarée, s’en sort ici bien mieux, dans un personnage plus « intellectuel » tout en restant dans un jeu amateur qui sonne parfois faux.
Malgré un casting 5 étoiles, il ne faut pas oublier les enfants qui ont su être touchants et vrais. La réalisatrice évite la caricature de l’enfant intelligent ou dans le sur jeu. La scène où le jeune garçon est séparé de sa mère est bouleversante, portée à la fois par la douleur de l’enfant et l’émotion de Joey starr.
Voici le SOS, d’un terrien en détresse
Le titre du film Polisse, avec cette belle faute d’orthographe, intrigue. On pourrait l’analyser rapidement en comprenant que c’est un enfant qui l’a écrit. La réalisatrice l’explique comme un cri d’enfant appelant au secours. Et cette image est à mon avis la meilleure représentation que l’on peut se faire du film : un appel au secours, des enfants qui souffrent, des adultes qui tentent de gérer les situations au cas par cas, la souffrance d’un être humain… Polisse pose la question des comportements des hommes au travers d’histoires réelles, d’atrocité faites à ces enfants. L’univers est cruel et ne laisse pas la place aux faibles. Les différentes situations traitées par la police permettent de brosser un portrait assez large du métier sans les enfermer dans une généralité toute noire ou toute blanche. La scène finale est ressentie comme un vrai coup de poing, à la fois du côté de l’enfant victime que du côté de la brigade. Au-delà des questions sur les côtés sombres de la nature humaine, Maïwenn s’interroge sur le cocon familial, les rapports parents / enfants mais également parent / parent, la place du couple, la place de l’amour…
Résumé
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