Les Révoltés de l’île du Diable

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Les Révoltés de l'île du Diable de Marius Holst, photo du film

Les Révoltés de l'île du Diable de Marius Holst, l'affiche du filmLes Révoltés de l’île du Diable

Pologne, Suède, France, Norvège : 2011
Titre original : Kongen av Bastøy
Réalisateur : Marius Holst
Scénario : Dennis Magnusson
Acteurs : Stellan Skarsgard, Kristoffer Joner, Benjamin Helstad
Distribution : Les Films du Losange
Durée : 1h55
Genre : Drame
Date de sortie : 23 novembre 2011

Globale : [rating:4.5][five-star-rating]

La facture très classique de la mise en scène n’empêche pas ce film de toucher là où ça fait mal. Un lyrisme et même une forme de poésie emboitent le pas à la tragédie, l’humanisent pour mieux la dénoncer. Les comédiens font un sans faute dans ce décor à la froideur septentrionale qui constitue un personnage à part entière.

Synopsis : 1915, en Norvège. Un jeune criminel illettré arrive dans une maison de redressement pour mineurs sur une île où la discipline est d’une extrême rigueur et dont l’évasion est réputée impossible. Face aux exactions, notamment pédophiles, qu’il y découvre et après une tentative d’évasion qui échoue, , il fomente une mutinerie.

Les Révoltés de l'île du Diable de Marius Holst, photos du film

Dans la blancheur de l’enfer

L’enfermement forcé et son inévitable corolaire, la tentative de fuite : le cinéma regorge de sujets similaires. Moins fréquents en revanche les films où les personnages principaux sont des ados ou pré-ados. Mais lorsqu’un tel sujet est traité avec la rigueur glaciale souvent propre au cinéma scandinave, la facture a beau être d’un classicisme total, l’inédit domine aisément.

La mise en scène en effet ne déborde pas d’originalité. Mais des effets de manche sur un tel sujet n’auraient fini que par le détruire au lieu de le servir. Le récit est mené avec beaucoup de rigueur, les nœuds dramatiques savamment dosés ancrent le propos dans un réalisme effroyable (rappelons que le film est tiré d’une histoire vraie). Ces derniers sont d’ailleurs inéluctables, totalement attendus (sans être téléphonés), ce qui permet souvent de positionner le spectateur ailleurs.

Car en désamorçant tout suspens quant à ces péripéties (la pédophile, le suicide, la fuite…), en les présentant comme inévitables, le cinéaste aurait pu sombrer dans le déjà vu. Or, s’il captive autant, c’est parce que ces péripéties passées, le récit explore leurs conséquences, scrutant ainsi avec un sens du détail ce qui constitue l’âme du film : les rapports de force des matons et des bagnards mais aussi des bagnards entre eux. L’emprise du décor sur le récit va également fortement contribuer à asseoir le film dans sa terrible concrétude.

Les Révoltés de l'île du Diable de Marius Holst, photo du film

La nature comme un personnage à part entière

Il est rare en effet de voir la nature aussi bien utilisée. A la fois fascinante et menaçante, véritable personnage, elle accentue la froideur sépulcrale et austère qui baigne tout le film. Martyrisant les âmes autant que les chairs, les tuant même parfois, le décor de cette île fouettée par les blizzards, noyée de pluie, alourdie de neige et séquestrée par les glaces est filmé sans concession, sans « effet carte postale ». Le formidable travail du chef opérateur mérite d’ailleurs fortement d’être souligné. Et pourtant, de cette atmosphère pesante, glauque et sans pitié émerge une certaine forme de poésie aussi inattendue que salvatrice.

De fort belles scènes dont l’interprétation appelle l’imagination (onirisme ou réalité ?) vont en effet élever le propos, laissant ainsi une porte ouverte (ou seulement entrouverte) à l’espoir, à la lumière. La blancheur mortelle de tout le film devient virginale dans le tout dernier plan d’une étourdissante beauté. Enfin, l’écriture comme valeur fondamentale, la littérature comme vecteur indispensable entre les hommes vont lui emboiter le pas pour mener le jeune héros vers la vie retrouvée dont on salue alors le triomphe.

Résumé

En dépit d’une facture classique, ce film venu de Norvège saisit son spectateur dés les premiers instants et ne le lâche plus deux heures durant. Les comédiens, parfaits de vérité, servent un scénario d’une redoutable efficacité. Un film très dur mais indispensable.

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