Les invisibles

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afficheLes invisibles

France : 2012
Titre original : –
Réalisateur : Sébastien Lifshitz
Scénario : –
Acteurs : –
Distribution : Ad Vitam
Durée : 1h55
Genre : Documentaire
Date de sortie : 28 novembre 2012

Globale : [rating:4][five-star-rating]

Depuis 1994, date de son premier court-métrage, Sébastien Lifshitz se partage entre films de fiction et documentaires. Les invisibles, son dernier film, présenté en séance spéciale lors du dernier Festival de Cannes, appartient à la seconde catégorie tout en utilisant certains moyens du cinéma de fiction.

Synopsis : Des hommes et des femmes, nés dans l’entre-deux-guerres. Ils n’ont aucun point commun sinon d’être homosexuels et d’avoir choisi de le vivre au grand jour, à une époque où la société les rejetait. Ils ont aimé, lutté, désiré, fait l’amour. Aujourd’hui, ils racontent ce que fut cette vie insoumise, partagée entre la volonté de rester des gens comme les autres et l’obligation de s’inventer une liberté pour s’épanouir. Ils n’ont eu peur de rien…

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11 personnages en quête d’auteur

Le hasard est souvent à la source de belles réussites : c’est en tombant par hasard sur un album-photo de deux vieilles dames, très bourgeoises d’allure, mais dont tout donnait à penser qu’il s’agissait d’un couple lesbien, qu’a commencé à germer chez Sébastien Lifshitz l’idée de réaliser un film sur des homosexuels âgés. Pourquoi « âgés » ? Tout d’abord parce que si, d’une manière générale, le cinéma et les médias s’intéressent davantage aux jeunes qu’aux vieux, c’est encore plus vrai lorsqu’il s’agit de parler des homosexuels. D’où, finalement, le titre, Les invisibles. En plus, faire raconter leur existence par des homosexuels nés avant la 2ème guerre mondiale présentait l’avantage de pouvoir raconter, en filigrane, l’évolution de la société française de ces 65 dernières années. Pendant deux ans, Lifshitz a donc recherché des hommes et des femmes de plus de 70 ans qui accepteraient de mettre leur vie à nu face à une caméra, des hommes et des femmes qui viennent de milieux sociaux différents, de régions différentes. Alors qu’il avait la matière pour tourner un film de 6 heures, il a concentré son film sur 11 des personnes rencontrées : Yann, Pierre, Bernard, Jacques, Pierrot, Thérèse, Christian, Catherine, Elisabeth, Monique et Jacques.

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Se rapprocher de la fiction

Tout au long de la préparation du film, Sébastien Lifshitz entendait beaucoup de romanesque dans les histoires qu’on allait lui (et nous) faire partager. Ce romanesque, il était évident qu’on ne manquerait pas de l’entendre dans la captation qu’il allait faire mais, pour Lifshitz, il fallait aussi qu’on le voit. D’où l’utilisation du format cinémascope pour rapprocher ce documentaire le plus possible du cinéma de fiction. Ce format permettait aussi de mieux mettre en valeur les paysages entourant les personnages. Des paysages, oui, car, contrairement à ce qu’on nous montre le plus souvent, l’homosexualité peut se vivre dans un cadre autre qu’urbain. Certes, il est plus facile d’avoir une vie cachée en ville qu’à la campagne, mais l’un des buts du film est justement de prouver que, grâce au combat mené sans relâche pour que soit accepté le droit à la différence, la dissimulation n’est plus forcément une nécessité. Cela dit, dans le contexte actuel qui voit le retour sur la place publique d’un discours haineux et discriminatoire de la part d’une minorité, le film de Lifshitz est profondément salutaire. D’autant plus qu’il montre que chez les femmes homosexuelles, le combat pour défendre leur cause ne les empêchait pas, bien au contraire, de s’impliquer dans les combats féministes tels le droit à l’avortement.  Au sujet de toutes ses luttes, on n’aura pas manqué de noter que 1968 et ses événements font partie de la période embrassée par le film de Sébastien Lifshitz. Période charnière s’il en fut, tant en ce qui concerne le regard porté sur les homosexuels que sur l’évolution de la cause féminine : alors qu’il est devenu « tendance » chez certains de stigmatiser cette période, le film montre de façon très claire l’importance capitale qu’elle a eue dans ces deux domaines, même si, aujourd’hui encore, de gros progrès restent encore à faire.

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Un film juste et souvent drôle

Si Les Invisibles évoque beaucoup les luttes du passé, s’il parle du FHAR (Front Homosexuel d’Action révolutionnaire) et des GLH (Groupes de Libération Homosexuelles), c’est au moins autant un film sur l’amour, sur la tendresse. C’est aussi un film souvent très drôle. En fait, on ne raconte pas un tel film, on le voit ! Tout juste peut on évoquer quelques moments particulièrement forts, comme  la confession d’un ancien étudiant de Sciences Po que les heures de sport mettaient mal à l’aise au moment de passer sous la douche avec ses condisciples ; comme cette femme, très militante, qui avoue en souriant qu’une amie hétéro lui avait lâché : « avec toi, j’ai l’impression que c’est moi qui ne suis pas normale ! » ; comme cet homme qui n’a pris conscience de son homosexualité que très tard, après un mariage et 4 enfants.

Résumé

Au moment où le combat pour l’égalité des droits des homosexuels devant le mariage et l’adoption est enfin sur le point de déboucher sur du concret, au moment où, en face, le dernier bastion des opposants se manifeste avec plus ou moins de haine et d’intolérance, on ne peut qu’être conquis par un film qui réussit à marier de façon intelligente le récit des luttes passées et le portrait d’hommes et de femmes vivant ou ayant vécu leur amour avec passion et avec tendresse.

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