Les Géants
France, Belgique, Luxembourg : 2011
Titre original : Les Géants
Réalisateur : Bouli Lanners
Scénario : Bouli Lanners
Acteurs : Zacharie Chasseriaud, Martin Nissen, Paul Bartel
Distribution : Haut et Court
Durée : 1h25
Genre : Comédie, Drame
Date de sortie : Date de sortie
Globale : [rating:3.5][five-star-rating]
Pour son troisième long métrage, Bouli Lanners, également comédien comme dans le récent Rien à déclarer et fier d’être Belge, a décidé de baser son histoire sur trois adolescents passant leur été seuls et coincés au milieu de nul part. Alors, ce film ayant remporté 2 prix lors de la quinzaine des réalisateurs à cannes cette année, il est Géant ou pas ?
Synopsis : C’est l’été, Zak et Seth se retrouvent seuls et sans argent dans leur maison de campagne. Les deux frères s’attendent encore une fois à passer des vacances de merde. Mais cette année-là, ils rencontrent Danny, un autre ado du coin. Ensemble, à un âge où tout est possible, ils vont commencer la grande et périlleuse aventure de leur vie.
Un hommage à l’adolescence
Aaaah l’adolescence. Période un peu bâtarde, souvent décriée et représentée dans les films d’aujourd’hui de façon exagérée pour parler soit de la découverte du sexe façon American Pie, soit pour dire que les ados de maintenant sont tous des drogués psychopathes sans aucun respect pour les parents, façon We need to talk about kevin.
Pas très glam’ donc l’image du boutonneux. À mille lieux de tout ça, Bouli Lanners signe avec Les Géants un film attendrissant et drôle, doublé d’un excellent casting (on a presque envie d’en prendre un à la maison). Pendant ce film assez court au final, on retombe en enfance, et on est obligé de rire devant les bêtises que ces ados font et qui rappellent les nôtres. Le passage façon Very Bad Trip belge et ado est d’ailleurs exceptionnel, et le langage utilisé la plupart du temps est certes grossier mais avéré, et vient renforcer le comique de situation du film, amplifié par une panoplie de personnages improbables et hautement ridicules.
Certes, ces ados, ils boivent, fument et tentent des trucs bizarres ce qui n’est pas le cas de nous tous, mais on a tous crié sur tous les toits un jour qu’on allait se barrer de chez nous en se prenant pour les rois du monde quand on était à plus de 2 km de chez nous dans la cabane qu’on s’était construite avec nos amis en tentant de faire un feu pour y brûler nos chamallows.
Et bien Les Géants c’est ça. Trois ados si petits et si seuls dans ce monde immense, perdus entre l’enfance qu’ils sont en train de quitter et l’âge adulte qu’ils n’ont pas encore atteint. En quête de repères entre ce qui est bien ou mal, ils s’engagent dans un périple durant lequel ils doivent prendre des décisions par eux-mêmes…
Car ils sont perdus, comme tous les ados, physiquement et mentalement parlant. Lanners évoque dans les Géants le thème de la détresse des jeunes et de l’abandon des parents. Après tout, si les ados font ce qu’ils font, c’est aussi peut être parce que les parents, eux, ne font pas ce qu’il faut, non ?
Petit film deviendra grand
Le seul vrai défaut en effet de ce film, c’est quand même de se demander si tout cela méritait de faire un long métrage. On a parfois l’impression que Bouli Lanners à laissé venir l’histoire et les scènes sans trop savoir ce que ça allait donner et où il voulait en venir. Du coup on a un film à l’apparence légère, qui n’explore pas toutes ses pistes qu’il aborde (la mère absente, le trafic de drogue, l’ennui…).
Mais au final, on se rend compte que tous les personnages sont plus profonds qu’on le pense, et que le choix de tourner le film comme un conte un peu effrayant pour enfant est parfait. En effet, comme dans un compte, les parents sont absents, laissant les enfants en dangers, et tous les adultes du film sont mauvais, à la perversion exacerbée de n’importe quelle genre (argent, drogue, sexe…). En tout cas c’est ce qu’on ressent puisque le film est tournée à travers l’œil des jeunes. Bien sur il y a toujours une bonne fée qui relie tout cela pour éviter aux enfants de se perdre encore, et ils comprennent par eux-mêmes les erreurs à ne pas refaire.
Le titre quant à lui, prend tout son sens durant la scène finale, lorsque ces ados deviennent enfin des géants. Le choix de cette fin ouverte créé d’ailleurs cette prise de conscience que les jeunes évoluant dans une structure familiale explosée, décident de privilégier l’amitié à tout le reste, même si pour cela ils doivent se retrouver seuls et en danger. Portée par une bande-son absolument magique qui nous transporterait presque sur les rives du Mississipi dans les séquences sur la rivière (sublime), Bouli Lanners nous expose un très beau film sur des ados qu’on ne cesse d’accabler, et qui trouvent refuge dans l’amitié et la fraternité. Un vrai beau moment de cinéma !
Résumé
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