Entre Les Bras – La cuisine en héritage

Entre Les Bras – La cuisine en héritage

France : 2011
Titre original : Entre Les Bras – La cuisine en héritage
Réalisateur : Paul Lacoste
Scénario : Paul Lacoste
Acteurs : acteurs inconnus
Distribution : Jour2fête
Durée : 1h 30min
Genre : Documentaire
Date de sortie : 14 mars 2012

Paul Lacoste propose un passionnant documentaire sur Michel Bras, le ténor de l’art culinaire au moment où il s’apprête à passer le témoin à son fils Sébastien. Un portrait palpitant entre amour filial et passion du métier qui dépasse largement le cadre circonscrit d’une cuisine. Le menu de ce film est juste succulent !

Synopsis : En 2009, Michel Bras, à la tête d’un restaurant trois étoiles au Michelin, au cœur de l’Aubrac, célèbre plateau de l’Aveyron, décide de passer la main à son fils Sébastien. Paul Lacoste suit les deux hommes et leur famille dans cette expérience aussi cruciale pour l’un que pour l’autre. Trois générations autour d’une cause unique : la cuisine élevée en art absolu.

Succulent !

Le tout premier plan annonce la couleur. Ou plutôt les couleurs. Un plat végétarien, kaléidoscope de graminées où sont savamment disposées plusieurs dizaines de plantes dont certaines peuvent sembler incongrues à la simple idée de les porter en bouche. Un vrai concentré de botanique en quelques secondes… Ce n’est plus de la cuisine, c’est de la chimie.

L’art culinaire à ce stade est largement rattrapé par les mystères de la chimie. Il en est tout au moins la suite logique. Une logique qui peut sembler frappée d’incongruité pour qui ne saisit pas cette dimension philosophique que prend la fusion de la passion et du métier, définition stendhalienne de la vocation.

Un film pour tous publics

Tout l’art de Paul Lacoste a consisté à ne pas assourdir son propos de cette dimension ni de nous livrer un cours magistral d’art culinaire. Et si son film détient un tel potentiel à fédérer tous les publics, on le doit à ce parfait équilibre. Les acharnés des casseroles  capables de passer des heures à mitonner un repas auront de quoi piquer quelques idées vraiment pas bêtes qui au détour d’un plan illustrent le savoir-faire inébranlable des maestros. Mais ceux que l’art culinaire déroute ne seront pourtant pas en reste.

C’est en effet une des grandes qualités de ce documentaire. Le propos dépasse très largement celui de la bouffe. Le sens du sacrifice, la transmission d’un témoin, la dure réalité de cette transmission sont autant de thématiques que soulève Paul Lacoste avec ces deux hommes, le père et le fils, tous deux d’une pudeur quasiment maladive. Et c’est un bonheur que de suivre leurs délires où l’opiniâtreté est aussi inaltérable que leur passion, leurs pérégrinations aussi (ils passent plusieurs mois de l’année au Japon où ils ont un restaurant).

Finalement, même si les plateaux de l’Aubrac, cette région superbe de l’Aveyron qui donne un ail homologué AOC (et un des meilleurs du monde), sont le plus beaux des écrins pour abriter ce film, si les couchers de soleil ont de quoi charmer les romantiques les plus lamartinophiles, c’est surtout cette histoire d’hommes à un moment charnière de leur existence qui nous fascine. Car Paul Lacoste, qui les connaît très bien, a su leur faire dire l’indicible, ce que leur pudeur n’ose pas montrer et dresser un admirable portrait, terriblement humaniste, parfois drôle, souvent émouvant. Un menu de choix que ce documentaire qui met en éveil tous les sens et pénètre au cœur d’un véritable sacerdoce. Tout simplement succulent !

Résumé

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