Etats-Unis, Canada – 2016
Titre original : The Witch
Réalisateur : Robert Eggers
Scénario : Robert Eggers
Acteurs : Anya Taylor Joy, Ralph Ineson, Kate Dickie
Distribution : inconnu
Durée : 1h 30
Genre : Epouvante-horreur
Date de sortie : Prochainement
Note : 4,5/5
Depuis sa présentation au Festival de Sundance en janvier 2015, The Witch a fait couler beaucoup d’encre. Présenté comme un film de sorcière à l’ancienne brillant révélant Robert Eggers, un jeune réalisateur, comme étant un génie de la mise en scène. Nous attendions la découverte de cette oeuvre avec impatience lors de sa première diffusion en France au Festival Fantastique de Gérardmer. Et nous n’avons pas été déçu !
Synopsis : 1630, en Nouvelle-Angleterre. William et Katherine, un couple dévot, s’établit à la limite de la civilisation,menant une vie pieuse avec leurs cinq enfants et cultivant leur lopin de terre au milieu d’une étendue encore sauvage. La mystérieuse disparition de leur nouveau-né et la perte soudaine de leurs récoltes vont rapidement les amener à se dresser les uns contre les autres…
Un cinéaste est né
Dès l’introduction, le spectateur est plongé dans le procès religieux d’une famille vivant dans un petit village de Nouvelle-Angleterre au 17ème siècle. La famille que l’on découvre est jugée, mais le père de cette fratrie ne se laisse pas faire, il décide de quitter cette ville de « pécheurs » pour construire une petite maison isolée à la lisière d’une forêt et y vivre paisiblement. Le premier élément qui impressionne dans The Witch est la maîtrise dont fait preuve Robert Eggers. Les plans sont léchés, comme par exemple cette scène dans laquelle la famille s’enfonce dans la forêt, l’enlèvement du nouveau-né et j’en passe.
L’horreur n’est ici quasiment jamais montrée, elle est suggéré, psychologique. Le rythme est lent sans jamais être ennuyeux, une atmosphère étouffante est constamment présente, on suffoque, on sent la tragédie qui plane autour de ces personnages mais sans jamais deviner ce qui ce trame vraiment.
La musique est un élément important du film avec ses sonorités dissonantes et ses chœurs féminins possédés, l’association de ces sons naturels et des images de peur primale (arbres déracinés, forêt obscure, ombres etc…) sont des éléments cruciaux de ce sentiment de malaise qui ne nous abandonne jamais.
Religion, manipulation et émancipation
Au delà de son aspect conte horrifique sur les sorcières complètement assumé, The Witch pointe du doigt le fondamentalisme religieux de l’époque (et actuel). Les jeunes enfants sont plus nombreux à l’écran que les adultes. Ils jouent encore et sont déjà endoctriner dans la religion et l’idée du péché expier, prêt à trahir ce qu’ils ont de plus cher (famille) pour rester pur. Autre thème abordé avec talent, la manipulation mentale, qui croire ? Quel point de vue adopter ? Enfin le thème de l’adolescence, du début de la sexualité et de l’émancipation des femmes est clairement au centre du récit. Là encore, Robert Eggers prouve le talent qu’il possède aussi bien à l’écriture du scénario avec ses doubles, voir triples sens de lecture qu’à la mise en scène de son film.
Autre talent certain du cinéaste, la direction des acteurs. Ralph Ineson (Game of Thrones, Les Gardiens de la Galaxie) est un monstre de charisme dans ce premier vrai rôle au cinéma. Son interprétation est à mettre au même niveau que celle de la véritable héroïne, Anya Taylor Joy, habité par son personnage d’adolescente.
Conclusion
Une peur primale, une ambiance oppressante, le cinéma d’horreur existe encore, The Witch en est le parfait exemple. La preuve qu’un thème récurent du cinéma de genre peut continuellement se renouveler et qu’un jeune cinéaste est capable, sans énorme moyens, de montrer toute l’étendue de son talent.
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Critique : The Witch | Festival de Gérardmer 2016: The Witch Etats-Unis, Canada – 2016 Titre original : The Wi… https://t.co/h5JMOzYU7M