Critique : The Devil’s Candy | Festival de Gérardmer 2016

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The Devil's Candy Festival de Gérardmer 2016The Devil’s Candy

Etats-Unis – 2015
Titre original : The Devil’s Candy
Réalisateur : Sean Byrne
Scénario : Sean Byrne
Acteurs : Ethan Embry, Shiri Appleby, Pruitt Taylor Vince, Kiara Glasco
Distribution : Snoot Entertainment
Durée : 1h 19
Genre : Epouvante-horreur
Date de sortie : 13 septembre 2015 (Canada)

Note : 4/5

Que devions-nous attendre d’un film comme celui-là ? A la base, pas grand-chose. Nous savions simplement qu’il était dans la Sélection Officielle du 23ème Festival International du Film Fantastique de Gérardmer, qu’il était réalisé par le très bon et le très australien Sean Byrne (The Loved Ones) et que sa présentation pouvait trébucher sur du déjà-vu. Bien, vous voyez votre index !? N’importe lequel… le gauche ou le droit… Vous le voyez toujours ? Fourrez-vous le dans l’œil, jusqu’à vous en exploser l’orbite ! C’est le moment ! Parce que ce film a été une très bonne surprise de ce Festival Géraumois, cet hiver 2016. Et il n’a pas eu de très grandes difficultés à s’imposer comme étant un incontournable. C’est le moment de vous expliquer pourquoi, et ce, sur un long riff de guitare électrique !

Synopsis : Un artiste peintre et sa famille se décident à acheter la maison de leurs rêves, théâtre, quelques temps avant, de la mort d’un couple. Des forces démoniaques envahissent peu à peu la chaleureuse maison, et portent  atteinte à ses différents occupants.

The Devil's Candy Festival de Gérardmer 2016 horreur

Un bon gros contre pied

Quand on rentre dans la salle, qu’on s’assoit bien sagement à notre place, et qu’on échafaude des pronostics de comptoir sur l’issue du film, il n’est pas réellement surprenant de s’embarquer sur du sempiternel déjà-vu nous obstruant ce sentiment fort valeureux qui s’appelle objectivité. Certes, le pitch fait penser à, au moins quinze mille cinq cent quarante-deux films qui ont déjà été visionnés dans le monde et dans les salles. Certes, ce côté réchauffé peut plaire comme il peut déplaire chichement. Mais, une chose est sûre, c’est que Sean Byrne, notre réalisateur/scénariste, auteur aussi du très bon The Loved One en 2009 pose des fondations instables sur un film qui sent la surévaluation, atrophiant presque tous les espoirs qu’on lui a enfoncé en lui. Et, quand on voit le paysage de ce bourg à la sauce américaine, avec en toile de fond cette maison en bois, écrasée par cette chape de plomb météorologique semblant tomber sur ce petit village, on se dit qu’on ne rentre pas réellement dans le vif du sujet, ou presque, puisqu’on voit l’excellentissime Pruitt Taylor Vince (Monster, Constantine, Sailor et Lula, Identity, Captivity…).

A genoux sur son lit, il joue de la guitare électrique à fond les ballons, dans sa chambre obscure, comme s’il était possédé, comme si une voix lui dictait de sombres desseins. Vous vous doutez bien que c’est bien le cas. Un murmure endiablé semble perturber ce personnage rondouillet, inquiétant, au regard fuyant et instable. La simplicité et la mort l’habitent, le hantent. Et son entourage ne met pas un temps trop long à en faire les frais… Voilà qu’une petite famille moderne bien trempée, bien roots, presque grunge, correctement atypiques, se pointe quelques semaines plus tard, et se décide d’acheter cette belle demeure emprunte de secrets qui ne tarderont pas à faire péter cette boîte de Pandore qu’on s’impatienterait presque de découvrir. Sur des mélodies métalliques, on secoue la tête de bas en haut en hurlant intérieurement, avec les cheveux longs et sales (qu’on a ou qu’on n’a pas) que Kurt Cobain nous envierait presque de posséder. Qu’on se le dise fièrement, cette œuvre (car c’est devenue une œuvre au fil des minutes) nous joue un véritable concerto barytonique de scènes « coup de boule dans ta tronche ». On froisse donc notre papier où on avait noté nos pronostics… et on jubile de continuer à visionner.

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L’art au cœur de cette sucrerie endiablée

Il faut partir du principe qu’on s’autorise à voir un film noir, fantastico-horrifique, perturbant par moment, perturbé à quelques reprises. Ethan Embry joue Jesse Hellman, un artiste peintre vraiment positif, proche de sa famille, magnifiquement tatoué, le corps sculpté esthétiquement de muscles, et d’une sympathie… Mais d’une sympathie ! On ne met pas longtemps à l’adopter tant il nous rappelle cette bonne vieille époque, où, sur un air d’Aerosmith, on poussait la chansonnette entre potes, à la Boum à laquelle nous étions invités, discrètement dissimulés de nos parents, clope à la bouche.  La bonne vieille époque !

Pour subvenir aux différents besoins de la famille, il peint (Eric Cantona dirait : « il peing’ ». The Devil’s Candy nous sert un quatuor d’acteurs vraiment bons pour la peine. La maman, c’est Astrid (jouée par Shiri Appleby). Elle est mimi comme tout, et représente la côté un peu moins foufou de la famille, en campant cette mère pleine de bon sens, raisonnable et touchante à la fois. La fille, c’est Zooey Hellman (Kiara Glasco). Dans quelques années, cette petite au regard si transperçant va en briser des cœurs tant son interprétation est vraiment convaincante. Elle joue formidablement cette petite ado paumée dans son nouveau collège, chemise à carreau nouée autour de la taille, ongles vernis de noir, et l’envie incommensurable de devenir une star du rock. N’empêche, je viens de tilter : « Hellman » signifie l’homme de l’enfer… Non ? Clin d’œil au titre ? Pur et simple hasard ? Bref, je viens de tilter. Le dernier gai luron du quatuor, c’est comme je vous l’ai présenté précédemment le fameux Pruitt Taylor Vince, en « cinglissime » prédateur « satanisé ».

Les personnages sont en place. Ils chantent leur partition par cœur, rendant leur papa, Sean Byrne le réal, larmichette à l’œil et caméscope à la main, réellement fier de ses petits rejetons du diable. Ce film souligne le côté artistique à de nombreuses reprises… peinture, musique, musique, peinture, au service de ce 7ème art, qu’est le cinéma. C’est tellement évident. C’est tellement bien écrit qu’on se dresse comme un seul homme dans cette salle obscure, prêts à faire un pogo sur l’assistance en délire ! Le public nous ovationne, nous piétine sauvagement sur cet air symphonique qu’est le Death Metal, baby ! Bon, on se rassoit tout de même pour la fin du film histoire de vérifier si elle nous offrira une issue heureuse ou non. C’est rapide, c’est efficace. Cela fait du bien à voir, c’est divertissant, et même stressant comme il le faut.

Conclusion

Le film se termine. Les spectateurs regagnent leurs voitures avec en toile de fond, l’avis que tout à chacun peut se faire sur ce qu’il vient de voir. Ils ne pensaient pas visionner un film d’une bien réelle intensité. On ne met pas longtemps non plus, à se rendre compte que ce film imprégné de bonnes intentions, pétri d’un rythme énergique, a convaincu. C’est Hard Rock’n’Roll ! C’est métal ! C’est bien pensé tout simplement. LA bonne surprise certainement de ce 23ème Festival International du Film Fantastique de Gerardmer. Et à la fin de la représentation, on a bien le droit de prendre notre guitare, et de l’exploser contre le sol à de nombreuses reprises, sentiment ultime et final qu’un concert de rock s’est parfaitement déroulé !

 

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